Le cannabis est déjà légalisé dans de nombreux pays, mais pas dans d’autres. Cela pose un problème dans un monde en particulier, celui du sport de haut niveau, où les standards internationaux sont souvent en conflit avec les règles nationales. La question du cannabis est justement cause de tensions en termes d’interprétation des règles. Retour sur la réaction des organismes sportifs face au défi de la légalisation du cannabis. Dossier.
Une demande grandissante dans le monde du sport
Si la légalisation du cannabis représente un immense défi pour les organismes sportifs, qu’il s’agisse de la FIFA pour le football, ou la NBA pour le basket américain, c’est avant tout parce que la demande et l’intérêt du cannabis de la part des joueurs est grandissante. Il y a d’abord la consommation du cannabis considérée comme illégale: c’est le cannabis récréatif, qui est sanctionné dans le cadre du sport à haut niveau par l’Agence Mondiale Anti-Dopage (AMA), qui est chargée de réaliser des contrôles réguliers.
En parallèle, il existe un intérêt grandissant depuis quelques années pour le CBD, ou cannabidiol, qui est l’une des molécules du cannabis, aux vertus non psychotropes. Si, sur le papier, il s’agit d’une molécule inoffensive, en pratique, certains produits à base de CBD pour les sportifs contiennent encore du THC, à savoir la substance psychoactive du cannabis. Le défi de la légalisation repose donc dans le subtil équilibre entre offre et demande, et les répercussions légales, puis économiques, pour le sport concerné.
Des lois nationales en conflit avec celles internationales
Le CBD fait partie de ces substances qui ne sont désormais plus considérées comme dopantes: en 2018, la FIFA a par exemple retiré le CBD de la liste des stupéfiants interdits en compétition et en dehors, à l’occasion de la Coupe du monde de football. Plus récemment, en 2020, les discussions sur la marijuana ont été tenues à l’échelle internationale, avec une recommandation de l’Organisation Mondiale de la Santé de retirer le cannabis de la pire catégorie de stupéfiants, où se trouve encore l’héroïne. Une chose est sûre: les mentalités évoluent, et les organismes sportifs suivent.
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Pourtant, c’est plus difficile en pratique. Pour un sportif, cela veut dire qu’il est possible de consommer du cannabis avec un vaporisateur pour son usage personnel, notamment s’il s’agit de concentré à base de CBD, pour arrêter de fumer. En revanche, il lui est interdit de consommer du cannabis pour booster ses performances sportives dans le cadre d’un match officiel. Cette limite entre vie personnelle et professionnelle, ainsi que lois nationales et internationales, rend difficile la légalisation du cannabis pour le monde du sport.
Un contentieux qui va durer des années
Il existe une autre sphère où la délimitation est fine pour les organismes sportifs: il s’agit du cannabis thérapeutique. Au-delà du sujet de la légalisation du cannabis, certains grands sportifs s’administrent déjà, de manière autonome ou grâce à un suivi médical, du cannabis thérapeutique. Le but ? Réduire les douleurs chroniques liées à une pratique sportive intensive, rendre les entraînements plus supportables et améliorer l’humeur générale. Le cannabis thérapeutique comprend généralement des doses très faibles de THC (voire pas du tout), mais des doses importantes de CBD.
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La légalisation du cannabis dans la plupart des pays du monde pourrait permettre une forme d’uniformisation des règles sportives, qui ne déséquilibreraient pas les joueurs. En effet, si un joueur américain peut profiter des bienfaits du cannabis thérapeutique dans son État d’origine, ce n’est pas le cas d’un joueur français. Mais les deux peuvent jouer au sein de la même équipe à l’échelle internationale… Affaire à suivre pour les organismes sportifs, qui n’auront pas d’autre choix que de suivre la tendance.