Pour la première fois depuis l’US Open 2016, un joueur non membre du « Big 3 » a inscrit son nom au palmarès d’un tournoi du Grand Chelem: Dominic Thiem. A ses côtés, Daniil Medvedev, intouchable en fin de saison, est devenu le premier joueur depuis David Nalbandian en 2007 à battre le Top 3 mondial dans un même tournoi. Et si le duo Medvedev-Thiem prenait définitivement le pouvoir en 2021 ?
La question est volontairement excessive. Dans les mots en tout cas. Car au moment de faire les comptes de l’année 2020, les deux premiers joueurs mondiaux restent les mêmes: Novak Djokovic et Rafael Nadal. Et bien que le classement ait été réformé pour garder une certaine justice en réponse à la pandémie de Covid-19 et des cinq mois d’arrêt total de la saison, les deux légendes méritent d’être à leur place au regard de leur année 2020.
Novak Djokovic, invaincu à la régulière jusqu’en octobre, a remporté l’Open d’Australie pour la huitième fois de sa carrière. Il a aussi été titré dans deux des trois Masters 1000 qui ont été joués cette année. Nadal a pour sa part triomphé une treizième fois à Roland-Garros. Mais malgré ces performances hors du commun, la fin de saison nous laisse penser que le passage de flambeau pourrait bien avoir lieu en 2021.
Thiem, la carrure d’un N.1 mondial en puissance
Bien sûr, Djokovic sera favori à sa propre succession à Melbourne en janvier (ou février s’il est finalement décalé). Bien sûr, Nadal sera l’homme à battre à Roland-Garros au printemps prochain. Mais Dominic Thiem s’est invité en 2020 dans la cour des grands. En remportant son premier Majeur à l’US Open, l’Autrichien a cassé le plafond de verre qui le bloquait jusqu’ici lors de ses premières finales en Grand Chelem (à Roland-Garros en 2018 et 2019, à Melbourne en 2020). Thiem sait désormais qu’il peut le faire. Et ça change tout. Mais ce qui impressionne plus encore chez le N.3 mondial, c’est la manière avec laquelle il a inversé le rapport de force face aux membres du « Big 3 ».
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En effet, depuis deux ans, Thiem a remporté 75% de ses matchs face aux trois monstres que sont Djokovic, Nadal et Federer. Dans les face-à-face, sur cette période, il domine les trois, parfois largement. En effet, il mène 3-2 contre Djokovic, 3-1 contre Nadal, et 3-0 contre Federer. 9 victoires en 12 rencontres !
Lorsqu’il les affronte, Thiem n’a désormais plus rien à envier à ces trois-là. Il les a battu partout, et chacun sur sa surface favorite (Djokovic en indoor, Nadal sur terre et Federer sur gazon). Par sa régularité, par son intensité, par son mental exceptionnel, le protégé de Nicolas Massú a encore démontré à Londres la semaine dernière son emprise sur les meilleurs. D’abord face à un très très bon Nadal en poules. Puis en demie finale contre Djokovic. Alors, au moment de tirer le rideau sur 2020 pour ouvrir les portes de 2021, le joueur de 27 ans peut désormais légitimement prétendre à devenir le nouveau patron du tennis mondial.
Medvedev, l’âge de la sagesse
Dans sa lutte face aux meilleurs joueurs du monde, Dominic Thiem a pendant longtemps incarné seul la future passation de pouvoir au sommet du tennis mondial. Trop âgé pour entrer dans ce qu’on a vite appelé la « Next Gen », l’Autrichien pourtant souvent été associé aux Tsitsipas, Zverev, ou encore Shapovalov. Pourtant, le N.4 mondial en 2020, c’est bien Daniil Medvedev. Le Russe, finaliste de l’US Open en 2019, tout proche de glaner un premier Majeur, avait pris une nouvelle dimension lui aussi l’an passé. Mais pour son premier Masters, il avait littéralement explosé, exténué physiquement et mentalement après un été 2019 ahurissant.
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En 2020, le Russe est reparti de l’avant. Moins dispersé, plus sage, le joueur de 24 ans a illuminé la fin de saison de son talent, de son ambition. Demi-finaliste à Flushing Meadows, puis vainqueur à Bercy, il a ensuite été imprenable au tournoi des Maîtres. 5 victoires en 5 matchs, et surtout 3 victoires contre Djokovic, Nadal puis Thiem en finale. Lui aussi, comme son compère autrichien, a des allures de patron. Atypique à plus d’un égard, comme sa célébration quasi inexistante après la balle de titre à Londres, le Russe détonne par sa personnalité, par son style de jeu. En 2021, le N.4 mondial devra désormais réussir à prendre le pas les trois de devant là où ça compte le plus : les tournois du Grand Chelem.
Zverev et Tsitsipas, moins en lumière mais pas moins ambitieux
Si la fin de saison a permis à Thiem et Medvedev de s’affirmer comme les principaux rivaux de Nadal et Djokovic, il serait réducteur de ne pas considérer Alexander Zverev et Stefanos Tsitsipas dans cette grappe de joueurs amenés à devenir les têtes d’affiche du tennis mondial. D’abord, parce qu’ils le sont déjà. Respectivement 7e et 6e à l’ATP, les deux joueurs ont tous les deux inscrit leur nom au palmarès du Masters en 2018 et 2019. Ils seront également les principaux outsiders dans les prochains mois. Le statut d’Alexander Zverev aurait pu être plus important s’il avait remporté la finale de l’US Open. Mais la défaite, aussi terrible soit-elle, a fait franchir un nouveau pallier au joueur allemand. Néanmoins, ses problèmes extra-sportifs et son incapacité à briller dans les moments très clés sur le terrain, peuvent nous faire encore douter.
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Pour Stefanos Tsitsipas, l’année 2020 a été faite de hauts et de bas. Après un finish 2019 étincelant et une victoire magnifique au Masters, on pensait le Grec lancé vers le sommet. Mais il n’a pas su capitaliser sur cette victoire en Grand Chelem. A l’exception de sa demi-finale à Roland-Garros, ses défaites au 3e tour à l’Open d’Australie et à l’US Open ont déçu. Le Grec sera attendu au tournant en 2021. Pour lui comme pour Zverev, il faudra trouver plus de constance dans leurs performances, notamment en Grand Chelem.