Alors que la fin de saison se rapproche, la bataille fait rage entre Novak Djokovic, l’actuel numéro 1 mondial, et son dauphin Rafael Nadal, leader du classement Race, pour savoir lequel des deux finira l’année sur le trône. Même si Nadal part avec de l’avance, du fait de son matelas de plus de 1300 points sur le Serbe à la Race, et alors qu’il ne reste plus que deux tournois majeurs avant la fin de l’année (les Master 1000 de Paris-Bercy, et le Masters à Londres), le Djoker semble être le plus à même d’achever cette saison avec la couronne sur la tête. Explications.
Une fin de saison en boulet de canon ?
Au vu de son débours sur l’Espagnol, Djokovic ferait bien de terminer la saison en boulet de canon. Cela tombe bien, il adore ça. La surface indoor lui réussit généralement particulièrement bien, il est d’ailleurs le recordman du nombre de titres gagnés à Shanghai et à Bercy (quatre à chaque fois). Même si la majeure partie de sa domination s’est étendue sur les années 2012-2015, au plus fort de sa suprématie, il reste sur un titre à Shanghai et une finale à Bercy, perdue face à Karen Kachanov l’année dernière. Et que dire du Masters, où il est d’une régularité remarquable. Sur ses sept dernières participations (il faut pour cela exclure l’année 2017 où il avait stoppé sa saison après Wimbledon sur blessure), il compte 5 titres et deux finales (les deux dernières qu’ils aient joué). Cela vous laisse imaginer ce qu’il est capable de faire au meilleur de sa forme.
On a beaucoup parlé de l’impact de sa motivation et de son implication sur ses performances, qui expliquerait une année quelque peu moyenne (pour ses standards) en dehors des tournois du Grand Chelem (avec au palmarès seulement un Master 1000 gagné à Madrid une finale à Rome). Pas besoin d’être devin pour savoir qu’il est concentré à 100% sur cette place de numéro 1 mondial en fin de saison, loin d’être anecdotique dans la course aux records qu’il fait avec Nadal et Federer. En effet, il rejoindrait Pete Sampras tout en haut du classement du nombre d’années terminées sur le trône (6 années, quand le Suisse et l’Espagnol sont respectivement bloqués à 5 et 4). Vu le niveau de jeu qu’il a affiché la semaine dernière à Tokyo (Lucas Pouille s’en souvient encore), et les motivations qui sont les siennes, toutes les planètes semblent alignées pour retrouver le Novak injouable sur indoor. La seule interrogation qui subsiste concerne son physique, notamment après son abandon à l’US Open à cause de son épaule. S’il a assuré que tout allait bien (et l’a plutôt prouvé sur le terrain), personne ne peut savoir comment celle-ci se comportera sur les prochains tournois avec l’enchaînement intense des matchs, après une saison déjà très longue. Si la douleur revient, prendra-t-il le risque de compromettre son début de saison 2020 ?
Un Nadal à bout de souffle ?
On a quitté Rafael Nadal sur un quatrième titre à l’US Open, obtenu après un combat incroyable en cinq sets contre Daniil Medvedev. Avec près de 2000 points d’avance à la Race sur Djokovic, dont le physique rendait incertaine sa participation à la fin de saison, tout semblait en place pour le voir retrouver la place de numéro un mondial et terminer l’année avec ce statut pour la cinquième fois de sa carrière. Mais depuis, le Serbe est revenu à un extrêmement bon niveau, et le physique de l’Espagnol a encore fait des siennes à la Laver Cup (il a dû déclarer forfait avant son attendu double avec Federer à cause d’une inflammation du poignet gauche), obscurcissant sa fin de saison. On connait son rapport aux blessures et nul doute qu’il ne prendra aucun risque vis-à-vis de son corps pour ne pas compromettre son début de saison prochaine. D’autant plus que son mariage avec sa fiancée est prévu le 19 Octobre, une semaine avant le début de Bercy. Autant dire qu’il ne sera pas physiquement et mentalement à 100%, de plus sur une surface exigeante qui ne lui convient généralement pas. En effet, son passif avec les tournois indoor n’incite pas forcément à l’optimisme. Il n’a jamais remporté ni Bercy, ni le Masters (ce sont d’ailleurs les deux plus gros trous de son palmarès). Sa dernière victoire dans l’avant-dernier Master 1000 de la saison date de 2005, lorsque celui-ci était alors situé à Madrid. Cela tient en partie à l’incompatibilité relative de son jeu avec la surface, mais il a déjà montré qu’il était capable de briller dessus en atteignant la finale des deux derniers tournois de la saison. Cela tient aussi, en réalité, au fait qu’il a pris l’habitude de terminer la saison sur les rotules. Si son corps l’a relativement laissé tranquille cette année, il vient de réaliser une des saisons les plus pleines en Grand-Chelem de sa carrière, puisqu’il a atteint à chaque fois au moins les demi-finales, une performance qu’il n’avait plus réalisée depuis…2008. Avec deux titres et une finale à la clef, il y a débauché énormément d’énergie et pourrait le payer.
Pour résumer, alors qu’il ne sera à 100% ni physiquement ni mentalement, difficile d’imaginer Nadal superformer dans des tournois qui lui réussissent historiquement peu. Son avantage tient à son avance de 1300 points à la Race qui est pour le moment assez large, mais qui pourrait fondre très rapidement, surtout au vu du niveau affiché par Djokovic. C’est ce qui fait de ce dernier notre favori légitime pour aller chercher une sixième place sur le trône en fin de saison.
Crédits photo à la Une: Carine06