Alors que la saison 2019 vient de commencer, se pose désormais la question de savoir quels joueront un rôle majeur cette saison. Alors que de nouvelles têtes sont apparues en 2018, il est temps pour elles de confirmer leurs bons résultats. Pour autant, il leur sera très difficile de bousculer un ordre mondial tennistique déjà établi depuis un moment.
Après une semaine de reprise en douceur à Brisbane et à Doha, le circuit ATP pose ses valises au Melbourne Park, pour la première grosse étape de la saison. Le Grand Chelem australien est la première occasion pour les joueurs de briller et, cette année plus que les autres, de nombreux jeunes joueurs sont attendus. En effet, la saison 2018 a vu des nouvelles têtes émerger et/ou s’affirmer sur le circuit. Ils s’appellent Stéfanos Tsitsipas, Daniil Medvedev, Karen Kachanov ou Borna Coric et ont tous deux points communs : ils ont moins de 23 ans et ont gagné plus de 30 places au classement ATP l’année dernière pour rentrer dans le top 20 en fin de saison. Le tout en ajoutant au moins un titre à leur palmarès. Ces quatre joueurs ont rejoint Alexander Zverev, déjà solidement installé dans le top 10 depuis presque deux ans, pour symboliser la fameuse « relève » dont on entend parler depuis un moment. Ils incarnent donc l’avenir du tennis mondial. Un avenir que certains voient déjà très proche. Il y a pourtant de très bonnes raisons de croire que leur heure n’est pas (encore) venue.
Une relève encore un peu tendre qui doit confirmer
Cette relève s’est affirmée en 2018 (le cas d’Alexander Zverev est ici à mettre à part). Elle a réussi à gagner des titres et s’est offerte des victoires marquantes (Coric a battu deux fois Federer, Kachanov une fois Djokovic, etc). Il y a néanmoins un gros bémol : aucun d’entre eux n’a passé les huitièmes de finale en Grand Chelem. Tous ces beaux résultats ont été obtenus dans des matchs en deux sets gagnants, pour la grande majorité dans des ATP 250 ou 500. Le but n’est pas de leur enlever leur mérite, mais leur progression est à nuancer. Ils ont certes connu des bons résultats, mais ils restent un peu (trop) tendre au meilleur des cinq manches. Et c’est pourtant dans ces matchs que sont jugés les meilleurs, les grands. Il sera dur de les considérer comme représentant le présent tant que ces derniers ne se seront pas affirmés sur cette scène-là. Une carrière se construit par palier et celui-ci est peut-être le plus important.
D’autant plus qu’ils doivent désormais confirmer leurs résultats de 2018 en 2019, ce qui est loin d’être gagné. A eux de supporter la pression supplémentaire qu’ils auront sur les épaules et de montrer qu’ils sont capables de maintenir leur niveau de jeu aussi élevé dans un match de Grand-Chelem. Cela concerne aussi Alexander Zverev mais avec des perspectives différentes. Celui-ci est ainsi solidement ancré dans le top 5 mondial. Il a déjà confirmé l’année dernière qu’il représentait autant l’avenir que le présent et a désormais sa référence dans un tournoi majeur, le Masters. Il sera donc attendu au tournant dans les Grands-Chelems où il doit faire mieux que son unique quart, à Roland Garros en 2018. Cela est impératif s’il veut poursuivre sa progression. Cette année pourrait être celle du déclic. Il a en tout cas toutes les cartes en main et est celui qui a le plus de chance d’être un acteur majeur cette saison. Plus que quiconque il incarne à la fois le présent et le futur. Ces jeunes joueurs auront en tout cas fort à faire contre ceux qui connaissent déjà bien les hauteurs du classement ATP.
Le retour du Big Four
Andy Murray revenu de blessure, le Big Four est donc réuni sur le circuit en ce début d’année. Cependant, ses récentes déclarations quant à une très probable retraite (à l’issue de Wimbledon notamment) force à nuancer ce constat pour ce joueur précis. Cependant, un autre retour fait peu ou prou l’unanimité; celui de Novak Djokovic au sommet. Ce dernier a retrouvé la confiance qui lui manquait grâce à son extraordinaire deuxième semestre 2018. Malgré sa semaine laborieuse à Doha, achevée par une défaite en demi-finale, il n’y a pas de raison d’envisager un déclin du Serbe cette saison. Au vu de sa régularité lorsqu’il est en forme, il faudra certainement compter sur lui dans les grands rendez-vous. De même que sur son dauphin au classement ATP Rafael Nadal, si son physique le laisse tranquille. Cela demeure la principale inconnue concernant l’espagnol, qui a dû déclarer forfait à Brisbane. S’il n’est pas blessé, nul doute qu’il sera un acteur majeur de la saison, surtout sur terre battue où il n’a toujours pas d’équivalent.
Enfin, Roger Federer semble frais, du haut de ses 37 ans, et ne paraît pas encore prêt à ranger les raquettes. A lui de gérer au mieux sa forme physique grâce à son calendrier pour effacer une deuxième partie de saison quelque peu décevante. Rien ne dit que ces quatre là domineront le tennis en 2019. Il serait d’ailleurs extrêmement surprenant de les retrouver aux quatre premières places mondiales à la fin de la saison. On devrait même plutôt les appeler le Big Three, étant donné la proche retraite de l’Écossais. Au vu de leur vécu et de leur expérience dans les Majeurs, il y sera en tout cas très difficile d’aller les chercher, et il est possible que comme l’année dernière ces quatre titres tombent tous entre leurs mains.
Un ordre mondial pas encore totalement prêt à être bousculé
Il ne faut aussi pas oublier les « autres ». Ceux qui sont présents dans le top 10 depuis quelques années, qu’ils comptent des victoires en Grand-Chelem ou pas. Et qui n’ont certainement pas envie de laisser leur place de sitôt. Certains sont vieillissants, comme Cilic ou Isner. D’autres dans la force de l’âge (Nishikori) ou encore jeune (Thiem). Certains sortent de la meilleure saison de leur carrière (Anderson), d’autres sont à la recherche de leur meilleure forme après une saison 2018 décevante (Dimitrov, Raonic). Il reste encore aussi Juan Martin Del Potro, auteur d’une très bonne saison mais une nouvelle fois ralenti par les blessures. Bref autant de noms et de concurrents pour les jeunes pousses aux places dans le top 10, dans le dernier carré en Grand Chelem et pour ramasser les miettes laissées par les trois ogres du tennis. Il faudra compter sur ces outsiders cette année, et ils sont aussi une raison de croire que l’heure n’est pas encore venue pour la relève de totalement bousculer l’ordre établie depuis plusieurs années. Les places sont chères, et il faudra aller les chercher. On suivra en tout cas de très près la progression de ces jeunes pousse en 2019. L’avenir leur appartient, le présent pas encore.
Crédits photo à la Une: FFT.FR