Novak Djokovic demeure un joueur controversé qui, malgré son palmarès, ne fait pas l’unanimité. Une fois retiré des courts, quelle image gardera-t-on de sa carrière ? Dossier.
Numéro 1 mondial peu inquiété depuis de nombreuses années, le Serbe se rapproche peu à peu des records détenus par Rafael Nadal et Roger Federer, même s’il évolue le plus souvent dans l’ombre de ces derniers aux yeux des fans de la petite balle jaune. À 34 ans, alors que la dernière ligne droite de sa carrière s’enclenche, il est temps de s’intéresser à l’héritage que le numéro 1 mondial a déjà assuré sur le circuit, ainsi que sur celui qu’il peut encore se forger. Joueur hors pair ? Rouleau compresseur froid et machinal ? Tête à claques ? Novak Djokovic est sûrement un peu de ces trois choses à la fois.
Un joueur fantasque, philanthrope et agaçant
Novak Djokovic est un phénomène unique sur le circuit. Alors qu’il domine ce dernier presque sans partage depuis une décennie, il est à la fois possible d’associer Novak Djokovic aux meilleurs comme aux pires travers possibles du tennisman. Esprit badin, le Serbe est un invité régulier des exhibitions organisées par les plus grands tournois, où il fait le show afin de servir diverses causes. Lui-même est d’ailleurs pleinement impliqué dans sa fondation, créée en 2007, et qui cherche à favoriser l’éducation préscolaire des enfants, afin que ces derniers puissent pouvoir tirer le meilleur d’eux-mêmes, quel que soit leur milieu d’origine.
Néanmoins, malgré son côté agréable, parfois hilarant et donc philanthrope, Novak Djokovic reste régulièrement associé aux « affaires » qui frappent ci et là le circuit professionnel, alors que son attitude laisse parfois à désirer, à l’image des nombreux épisodes de « vraies-fausses » blessures qu’il a pu entretenir, et qui ont agacé ses adversaires. Il est ainsi coutumier de craquages réguliers qui lui ont parfois coûté très cher lors de sa carrière, le dernier en date étant sa disqualification en huitièmes de finale de l’US Open 2020, après qu’il ait touché une juge de ligne en frappant de colère une balle dans la bâche du court.
Un joueur hors-pair… au style de jeu controversé
Vainqueur de son premier titre du Grand Chelem en 2008 à Melbourne, Novak Djokovic écrase véritablement le circuit depuis 2011, année de son premier « triplé » (il avait cette année tout gagné, sauf Roland-Garros). Vainqueur de 82 titres sur le circuit, dont 36 Masters 1000 et 18 Grands Chelems, Novak Djokovic est également détenteur du plus grand nombre de semaines passées à la première place mondiale (322, devant Roger Federer, qui pointe à 311 unités).
Le Serbe est un immense talent, ce que personne ne pourrait contredire. Il s’est ainsi régulièrement bonifié depuis 2011, notamment sous les conseils de Boris Becker, qui a été son entraîneur entre 2014 et 2016. Mais là encore, nombre de fans de tennis peinent à s’enflammer devant le style de jeu proposé par le « Djoker ». Si celui-ci est particulièrement efficace, comme le montrent bien les statistiques du joueur, de nombreux observateurs regrettent le côté « machinal » de ce dernier. Malgré un travail régulier, au service notamment, pour rendre son jeu plus offensif et porté vers l’avant, Novak Djokovic n’en reste pas moins un incroyable métronome qui peut rapidement virer à l’agaçant. À l’instar d’une machine froide, implacable, d’un rouleau compresseur qui écrase tout sur son chemin.
Djokovic, l’éternel « troisième homme » ?
S’il s’exprime publiquement assez peu sur la question, le statut d’éternel « troisième homme », derrière Roger Federer et Rafael Nadal, doit forcément agacer Novak Djokovic. Alors qu’il écrase le circuit depuis une décennie, et se rapproche peu à peu des records détenus par les deux « ovnis » en Grand Chelem, le Serbe peine à faire bouger les lignes de l’estime des fans de la petite balle jaune. Pourtant, vainqueur de 17 des 40 derniers Grands Chelems disputés – loin devant Nadal (11) et surtout Federer (4) -, le « Djoker » devrait probablement bientôt atteindre voire dépasser le nombre symbolique de 20 titres majeurs, où trônent pour le moment ses éternels rivaux.
Si Novak Djokovic affirme se concentrer uniquement sur le court, le sujet ne laisse personne insensible dans son clan, à l’image de son père, qui déclarait en mars dernier: « Dans un an et demi, Novak aura dépassé Federer et Nadal, dans toutes les statistiques. Entre eux trois, c’est toujours Novak contre les autres. Et pourtant, Novak se bat pour lui mais aussi pour d’autres joueurs qui peuvent à peine joindre les deux bouts. Il a de belles valeurs. Sa manière de saluer ses adversaires, de se comporter sur un terrain… Quel athlète fait cela ? Il a rarement reçu un prix du fair-play. Et savez-vous combien Federer en a reçu ? Quinze !”
Au bout de sa carrière, dans trois ou quatre ans, Novak Djokovic pourra se retourner et contempler l’ensemble de son œuvre accomplie avec satisfaction, d’autant plus s’il efface des tablettes de nouveaux records détenus par ses rivaux. Reste que Novak Djokovic semble parfois condamné à jouer le rôle de l’éternel incompris du circuit. Un rôle qui doit forcément l’agacer, lui, l’éternel troisième, alors que depuis une décennie, il fait figure d’éternel numéro 1 mondial.