Alors que s’ouvre l’Open d’Australie à Melbourne, la rédaction d’Au Stade vous livre ses pronostiques pour l’édition masculine 2019. Qui remportera le trophée ? Quels sont les principaux outsiders ? Qui créera la surprise ? Quelles perspectives pour les français ? Quatre rédacteurs vous livrent leurs convictions pour cette première levée de Grand Chelem de la saison.
Qui soulèvera la coupe Norman Brookes le 27 Janvier ?
Antoine Navarro : Un favori clair se dégage pour moi, et il est serbe. En effet, Novak Djokovic est de retour au pouvoir après un deuxième semestre 2018 qui l’a vu triompher à Wimbledon et à Fushing Meadows. Malgré sa semaine difficile à Doha, il n’y a pas de raison de ne pas le voir en vainqueur ici pour la septième fois, ce qui serait un record chez les hommes. Avec sa confiance retrouvée, il sera très difficile de le battre au meilleur des cinq manches, et une défaite de sa part serait un véritable choc. Une seule personne semble pouvoir contrarier ses plans. En effet Roger Federer a affiché un niveau de jeu impressionnant à la Hopman Cup. Mais celle-ci reste une exhibition, et mise à part son titre à Melbourne, le Suisse a connu une saison décevante, surtout en Grand Chelem. Je suis en tout cas convaincu qu’il aura du mal à battre Nole en cas d’affrontement direct. Pour ce qui est de Rafeal Nadal, les doutes subsistent sur sa capacité à tenir le coup sur les deux semaines, alors qu’il a dû abandonner lors des deux Majeurs sur dur l’année dernière. Enfin le reste de la meute me paraît un cran en dessous de ces trois là.
Geoffrey Devanlay : Difficile de déterminer un seul favori, tant les prétendants au titre sont nombreux. S’il fallait tirer une personne au dessus du lot, je dirais que Djokovic se présente à Melbourne avec cette casquette. De par son statut de numéro un mondial, bien sûr. Mais aussi parce que le serbe a retrouvé un niveau de jeu qui lui permet de retrouver cette notoriété qui a fait de lui un membre du « Big Four » avant la montée de la nouvelle génération et ses blessures à répétition qui lui avaient fait beaucoup de mal mentalement.
Edgar Perronnet : Pour moi, Novak Djokovic reste le grandissime favori du tournoi. Dans la continuité de sa fin de saison 2018 canon, le Serbe a retrouvé un niveau de jeu stratosphérique. Battu en demi-finale à Doha, Nole avait malgré tout le match en main avant de céder sur la fin face à Bautista-Agut. La machine pourrait très rapidement se remettre en route et le numéro un mondial redevenir un rouleau-compresseur implacable. Néanmoins, Djokovic devra se méfier d’un potentiel deuxième tour face à Jo-Wilfried Tsonga et d’une très probable demi-finale face à l’étoile montante du circuit qui l’a battu en finale du Masters de Londres : Alexander Zverev.
Arthur Geillon : Pour la beauté du geste et un dernier hommage pour lui, j’aurais bien dit Andy Murray. Mais pour rester réaliste, je pense qu’un spécialiste du terrain dur ira au bout du tournoi. Roger Federer ou encore Novak Djokovic devraient se battre pour le Graal, cette année.
Qui sera la belle surprise de la quinzaine ?
Antoine Navarro : L’ordre mondial du tennis n’est plus établi aussi solidement qu’il l’était au temps du Big Four. Il est donc fortement possible qu’une belle surprise se hisse en deuxième semaine, en quart voire même dans le dernier carré. Mon souhait est que la belle histoire de la quinzaine soit celle d’Andy Murray, pour son dernier Open d’Australie. Mais cela s’annonce compliqué vu l’exigence physique du tournoi. Alors qu’Alexander Zverev est diminué par sa cheville, Kevin Anderson semble être celui qui arrive le plus en forme mais cela serait-il une vrai surprise s’il atteignait les demi-finales ou plus ? Parmi la Next Gen, Daniil Medvedev sort d’une finale à Brisbane mais le tirage lui a désigné Novak Djokovic comme adversaire en huitième. Je mettrais personnellement une petite pièce sur deux Australiens qui joueront donc à domicile. D’abord Alex de Minaur incarne aussi l’avenir et il vient de remporter son premier titre à Sydney. Le tirage lui a mis Rafael Nadal dans les pattes, mais pourquoi ne pas l’imaginer sortir dans une ambiance de feu le Majorquin au physique fragile, qui l’a beaucoup pénalisé sur dur l’année dernière. Enfin attention à Nick Kyrgios qui, s’il se sort d’un tirage compliqué, est capable de battre n’importe qui dans un bon jour.
Geoffrey Devanlay : J’imagine bien un joueur de la Next Gen réaliser un coup lors de cet Open d’Australie. Malgré un tableau compliqué et un potentiel 1/8e de finale face à Wawrinka, Alexander Zverev a toutes les qualités pour réaliser un beau parcours en tournoi du Grand Chelem. Il a récemment remporté le Masters à Londres, signe que l’Allemand a mûri et est capable de surmonter la pression d’un tel tournoi. Reste désormais à mettre ces ingrédients en Grand Chelem, où tout est décuplé.
Edgar Perronnet : Il y a beaucoup de joueurs qui sont susceptibles de réaliser un très bon parcours à Melbourne. Alexander Zverev, sur la lancée de sa fin de saison 2018 marquée par un titre au Masters de Londres, devrait briller. La relève du tennis mondial (Next Gen) pourrait également réaliser des parcours intéressants, en pensant par exemple au jeune Australien Alex de Minaur (19 ans), fraîchement vainqueur du tournoi de Sydney, et qui pourrait poser bien des problèmes à Rafael Nadal dans l’optique du troisième tour. Mais, l’outsider le plus sérieux reste pour moi le Sud-Africain Kevin Anderson (6e rang mondial), qui a commencé 2019 par un titre à Pune. Potentiel adversaire de Nadal en quart de finale et de Federer en demi-finale, Anderson devrait avoir son mot à dire Down Under.
Arthur Geillon : Tous les ans, c’est un joueur inconnu classé proche des 100 qui s’attire les faveurs du public et déjoue les pronostics, donc je pense que nous aurons au minimum un joueur classé proche des 100 en quarts et un membre entre 100 et 50 en demies.

L’Allemand Alexander Zverev, considéré comme la relève du tennis mondial, est très souvent cité comme un outsider majeur pour soulever le trophée dans deux semaines – Crédits photo: Keith Allison
Quel bilan pour les français ?
Antoine Navarro : Difficile d’imaginer un bilan positif pour les français dans deux semaines. Déjà ceux ci ont connu un fort recul en 2018. De plus le tirage ne les a pas gâtés, loin de là. Djokovic au deuxième tour pour Tsonga, Roger Federer au troisième pour Monfils et Dominic Thiem pour Lucas Pouille, là aussi au troisième tour. A cela il faut ajouter un panel de tirages très (trop) difficiles pour les autres. Autant dire que la probabilité de voir un Bleu en deuxième semaine est très faible. Et leur état de forme n’incite pas à l’optimisme. Le pire est que cela suit une forme de logique, et que l’on pourrait voir la dernière tête tricolore s’arrêter avant les huitièmes sans que cela soit pourtant une grosse déception. Leurs meilleures chances d’empêcher quelque peu le marasme qui s’annonce reposent sur Gilles Simon. Le numéro 1 français arrive en forme après une bonne fin de saison 2018 et une demi-finale à Sydney. Il aura sur sa route Alexander Zverev au troisième tour, mais la forme physique incertaine de l’Allemand permet d’envisager soit une défaillance plus tôt dans le tournoi pour le numéro 4 mondial (ce qu’on ne lui souhaite pas), soit un exploit de Simon.
Geoffrey Devanlay : Le tennis français n’est pas en bonne santé. Il suffit de regarder le classement ATP pour s’en rendre compte. Richard Gasquet, numéro un français, pointe à la 26e place mondiale. Néanmoins, il est tout à fait possible de voir Gilles Simon, en forme actuellement, performer et jouer la deuxième semaine. Peut-être même que Jo Wilfried Tsonga, finaliste du tournoi en 2008, absent de longs mois pour blessures, signera un retour flamboyant sur les courts. Mais n’oublions pas : le tennis français est imprévisible.
Edgar Perronnet : Difficile de voir un tricolore s’imposer à Melbourne Park. Le tirage n’a pas gâté les joueurs français. Si Monfils pourrait rencontrer Federer dès le troisième tour, Paire et Mannarino devront se coltiner respectivement Dominic Thiem (7) et Kevin Anderson (5) d’entrée. Lucas Pouille n’est pas dans la forme de sa vie et il semble difficile de le voir s’éterniser en deuxième semaine à Melbourne Park. Auteur d’un début de saison prometteur avec deux demies-finale à Pune et Sydney, Gilles Simon pourrait avoir à sortir le match de sa vie face à Zverev (4) dès le troisième tour pour espérer tracer sa route en deuxième semaine. Enfin, Tsonga a été placé dans l’orbite direct de Novak Djokovic, qu’il pourrait rencontrer dès le deuxième tour.
Arthur Geillon : Avec la forme actuelle de nos français dans la compétition, je ne les vois pas réaliser un grand Open encore cette année. Espérons qu’un tricolore se hissera en deuxième semaine, c’est-à-dire atteigne le stade des huitième de finale.
Crédits photo à la Une: Christian Mesiano