En dépit d’une semaine loin d’être mémorable, le Serbe Novak Djokovic a ajouté un nouveau chapitre à son livre de records. Kei Nishikori a bien essayé de bousculer le numéro un mondial dans le deuxième set, mais la réaction du Japonais restera sans suite. Il doit s’incliner face au patron du circuit, battu pour la quatrième fois en 2016 par l’indétrônable Nole.
L’élimination dès le deuxième tour à Wimbledon n’est plus qu’un lointain souvenir. Ceux qui espéraient que ce revers puisse entraîner un contrecoup psychologique dans la tête du Serbe se sont rapidement rendus à l’évidence. Novak Djokovic peut «se rater» sur un tournoi, mais jamais deux fois de suite. Sa saison 2016 frise la perfection. Un seul mot, à savoir record revient en boucle lorsqu’on évoque les performances de l’actuel numéro 1 au classement ATP; de plus en plus inaccessible pour ses adversaires. Un constant d’autant plus frustrant pour ses concurrents d’autant que Novak Djokovic n’a pas franchement brillé sur cette semaine Canadienne. Il faut dire qu’il n’en avait pas forcément besoin étant le seul joueur de l’historique Faboulous Four à être présent du côté de Toronto. Roger Federer étant forfait jusqu’à la fin de saison, Rafael Nadal continue de soigner sa blessure au poignet et Andy Murray a préféré faire l’impasse sur ce Master 1000 afin de se préserver physiquement en vue du tournoi Olympique. Mais, soyons honnêtes, à l’exception peut-être d’un Écossais extrêmement inspiré, personne ne semble aujourd’hui en mesure de faire redescendre Nole de son nuage, à moins d’un jour sans évidemment. Ce dimanche, nonobstant un passif entre points gagnants et fautes directes, 13- 18, Le Serb n’a jamais donné l’impression d’être en danger sur cette finale. Kei Nishikori pour lequel les Masters 1000 restent un tabou l’a une nouvelle fois appris à ses dépends au moment ou son adversaire consolide lui sa suprématie dans cette catégorie de tournois en s’offrant une trentième couronne. Pour le Japonais, il s’agit là de la troisième déconvenue de sa carrière en finale d’un Masters 1000. Si lors de sa première tentative à Madrid, il y a une bonne dose de malchance (Une blessure au dos avait stoppé son élan au moment ou il menait largement face à Nadal 6-3 4-2), sur les deux autres finales, pas de place aux regrets tant Novak Djokovic lui en a fait voir de toutes les couleurs. Tout comme à Miami en Mars dernier, c’est le cannibale du tour qui lève les bras vers le ciel triomphant. Le Japonais s’incline face au Serbe pour la neuvième fois consécutive, déjà la quatrième cette saison.
Nishikori n’a rien pu faire !
Certes, ce n’était pas le Nishikori qu’on a pu admirer il y a quelques mois au Foro Italico, malgré quelques pannes de premières lors de ses deux premiers tours. Le Japonais a sur cette finale connu quelques problèmes avec la tension des cordes. Il décide alors de changer sa raquette dans le sixième jeu alors qu’il est mené 15-30 sur sa mise en jeu. Il finit tout de même par concéder le break: Djokovic reste de son côté concentré et lucide, il domine à l’échange et joue long repoussant le sixième joueur mondial dans ses derniers retranchements. En grande difficulté, le Nippon lutte pour trouver la solution et reste fidele à son ADN en se montrant très patient malgré la dureté du moment. Kei semble pourtant lâcher prise jusqu’ à 5-2, quand il concède une balle de set sur son service. Grâce à un coup défensif assez miraculeux, il réussit à surprendre (pour une fois) Nole pour se donner une dernière chance de revenir dans cette première manche à 5-3. Le Serbe, cependant, ne l’entend bien évidement pas de cette oreille: Nishikori mené 40-15 sauve deux nouvelles balles de set mais un fantastique coup en défense de Djokovic prive le Japonais de s’offrir pour la première fois de cette partie une balle de break. Kei a laissé passer sa chance et le premier set s’achève sur la marque de 6-3 en faveur de Djokovic. Nishikori a tenu le rythme jusqu’à 2-2 avant de subir la cadence imposée par un Djokovic très performant au service mais aussi solide sur sa ligne comme en atteste le dernier point avec ce lob de défense impeccable. Sous les applaudissements du public de Toronto, le numéro 1 mondial regagne sa chaise hurlant sa joie.

Kei Nishikori à la renverse face à l’intouchable Novak Djokovic. (Photo: Getty Images/Steve Russell)
Comme un signal que la plaisanterie n’avait que trop duré. Djokovic démarre la seconde manche tambours battants en réalisant le break dès le deuxième jeu avant de confirmer ce dernier pour mener rapidement 3-1. Alors que l’on pouvait penser que la messe était dite, Nishikori se sublime et remporte 12 des 14 derniers points soit une série de trois jeux consécutifs pour prendre la tête et mener 4-3 dans cette deuxième manche en profitant notamment d’un jeu de service moyen du Serbe (dont le pourcentage de premières s’élevait dans cette finale à 76%, un score extrêmement élevé après les difficultés vécus lors des tours précédents). La position inhabituelle sur le terrain de Djokovic, contraint de reculer deux mètres derrière sa ligne de fond, donne le sentiment qu’on allait peut-être vivre un nouveau match. Une impression qui ne dure que quelques minutes malheureusement. Le Serbe mené 5-4, ne montre aucun signe de relâchement en remportant sa mise en jeu sur un jeu blanc avec beaucoup d’aces sur sa deuxième comme cerise sur le gâteau d’un succès qui se dessine. Cette série de quatre points consécutifs va saper le moral et les ultimes certitudes de Kei retrouvées sur les jeux précédents. En effet, c’était presque écrit, le Japonais finit par s’effondrer et définitivement craquer à 5-5: la tension domine les bras des deux joueurs, mais c’est bien le natif de Matsue (Préfecture de Shimane, Japon. Ndlr) qui commet l’irréparable en faisant trois grossières fautes offrant le break sur un plateau au Serbe 6-5. Nole sert pour le titre et se procure rapidement deux balles de matchs en menant 40-15. La première est ratée, le revers de Djokovic est confirmé « Out » par le hawk-eye. Sur la seconde, la bonne relance de Nishikori force Djokovic à commettre la faute en premier. Sur l’égalité, la défense du ‘’Djoker’’ est miraculeuse, son coup droit en shop fait disjoncter le pauvre Nishikori. La troisième possibilité est donc la bonne. Victoire 6-3, 7-5 de Novak Djokovic qui s’impose pour la quatrième fois au Canada après 2007, 2011 et 2012. C’est son 66e titre en simple sur le grand circuit. Le meilleur joueur du monde peut à nouveau lever les bras vers le ciel, pour la quatrième fois de sa carrière, il s’adjuge la Coupe Rogers et menace dorénavant les 69 titres en simple de Nadal. Jamais satisfait, jamais rassasié: l’esprit du natif de Belgrade est déjà tourné vers les Jeux olympiques et Cincinnati, deux titres qui manquent encore à sa fabuleuse armoire à trophées.
Crédits photo à la une: RodgersCup.com