Longtemps handicapé par une hanche capricieuse, le tennisman britannique, vainqueur du tournoi ATP 250 d’Anvers le 19 octobre dernier, tente de revenir à son meilleur niveau. Quoiqu’exaltant, ce défi semble pourtant des plus difficiles à relever.
C’est l’histoire d’un joueur pour qui le tennis au très haut niveau n’était plus qu’un souvenir lointain il y a encore 10 mois; une nostalgie d’un passé glorieux devenu enfer sur terre. Le 11 janvier dernier, à l’aube d’un Open d’Australie excitant, Andy Murray, ancien N.1 mondial, annonçait sa retraite à 31 ans. La faute à une hanche très douloureuse qui l’handicape depuis près d’un an et demi. A Melbourne, il ne s’attend plus à rien, son niveau n’est plus celui qui lui permettait de remporter trois titres du Grand Chelem, plus celui qui lui permettait d’être performant tout simplement. La douleur est trop forte, trop présente et surtout trop handicapante pour un joueur de tennis de haut niveau. Il y a quelques jours, ce même Andy Murray triomphait au tournoi ATP 250 d’Anvers contre Stan Wawrinka, après 2h27 d’un combat acharné. Ce titre, le premier depuis Dubaï en mars 2017, symbolise le renouveau du Britannique, redevenu tennisman au Queens au mois de juin, redevenu champion dimanche dernier. A nouveau titré, l’Ecossais, remonté au 127e rang mondial, ne compte sûrement pas s’arrêter là. Son problème à la hanche enfin traité (et non soigné puisque son opération de resurfaçage consistait en la pose d’une plaque de métal au niveau de la hanche), Murray peut-il à nouveau viser les sommets et redevenir un acteur majeur du tennis mondial ? On est tenté d’y croire, à moyen terme en tout cas.
Chronologie d’un retour en grâce
La renaissance de Murray a suivi plusieurs étapes. Elle a d’abord commencé au Queens au mois de juin. De retour sur un court de tennis, le Britannique avait repris la compétition en double aux côtés de Feliciano Lopez. Un retour victorieux puisque la paire Murray-Lopez avait soulevé le trophée une semaine plus tard. Mais une question persistait: oui Murray rejoue au tennis, mais peut-il retrouver le très haut niveau en simple ? Le Britannique est ambitieux, il l’a toujours été. C’est la raison pour laquelle, peu de temps après, il annonçait ne pas vouloir s’aligner en double à l’US Open, pour préparer son retour en simple. Ce ne fut pas tout de suite brillant, puisque pour son premier match en simple, Murray avait subi la loi de Richard Gasquet à Cincinnati en deux sets.
« Ce n’est pas le Murray d’avant », soulignait le Français. Oui Murray n’a pas encore retrouvé tous ses réflexes, mais sa détermination est intacte. Puis, pendant que Nadal triomphait à Flushing Meadows, le double champion olympique cédait lui au troisième tour du challenger de Majorque, face au 240e mondial. Le retour n’est vraiment pas simple mais le Britannique positive: il est sur la bonne voie. A la fin du mois de septembre, en lice dans trois tournois sur le continent asiatique, Murray poursuit son opération reconquête. Des victoires au forceps, des défaites encourageantes contre Thiem à Pékin et Fognini à Shanghai, l’Ecossais n’a déjà plus rien à voir avec celui qui était sorti d’entrée à Cincinnati au mois d’août. On le sent, lentement mais sûrement, Andy redevient Murray. La semaine qui suit à Anvers, l’ancien N.1 mondial monte en puissance et triomphe de Stan Wawrinka en finale. 960 jours plus tard, Murray est de nouveau un champion.
Vivement 2020
Sur le plan physique, le Britannique a tenu la cadence puisqu’il passe en moyenne 1h45 sur le court. Repos oblige, Murray va désormais faire une pause avant de s’aligner à Madrid à la mi-novembre pour la nouvelle édition de la Coupe Davis. Cela devrait donner encore plus d’indications sur son niveau de jeu mais aussi sur sa capacité à enchainer. Car c’est bien la question qui se pose aujourd’hui. Jusqu’où Murray peut-il aller ? Quel objectif se fixe-t-il ? Top 100 ? Top 50 ? Top 20 ? Quand on sait l’orgueil du champion qu’il est, on a du mal à l’imaginer se contenter d’une place dans le Top 100. Mais a-t-il les moyens d’aller plus haut ? Sur le plan purement tennistique, ses récents résultats en Belgique et même en Asie ont montré qu’il en avait encore beaucoup dans la raquette. Le talent, il l’a. Mais sa chance peut-elle tenir à terme ? Redevenir un top joueur du circuit implique d’être capable d’enchainer les matchs, les tournois, les performances de haute volée.
Son titre à Anvers nous laisse penser qu’il en a effectivement les moyens. Mais ne nous emballons pas trop vite. Murray a fondé sa légende sur une science tactique unique, mais aussi sur une résistance physique impressionnante. Il n’a surement rien perdu de la première qualité. Mais une nouvelle fois, il est légitime de se demander si sa hanche tiendra dans les tournois majeurs ? Peut-il tenir en Grand Chelem ? En cinq sets ? Sur plusieurs matchs ? Aujourd’hui, on a plus de questions que de réponses et seul l’avenir nous les donnera. A l’heure où la Next Gen n’est plus un espoir du futur mais bien une réalité du présent, à l’heure où le trio Djokovic-Nadal-Federer impressionne toujours dans l’élite, Murray a peut-être lancé à Anvers sa deuxième carrière. Si les risques pris par l’intéressé sont effectivement énormes pour son intégrité physique et pour sa santé, les passionnés de tennis ne rêvent que d’une chose: revoir le natif de Glasgow jouer les premiers rôles sur le circuit ATP. En a-t-il le niveau ? En a-t-il les moyens ? Seul l’avenir nous le dira. Mais si sa hanche le laisse tranquille, on ne peut que se réjouir…
Crédits photo à la Une: Carine06