C’est la très belle histoire qu’il nous fallait pour débuter cette saison de terre battue. Fabio Fognini, 31 ans, a remporté ce dimanche le premier Masters 1000 de sa carrière à Monte-Carlo en disposant en finale d’un invité non moins surprise, Dusan Lajovic (6-3, 6-4). Vainqueur de Coric et surtout de Nadal, Fognini devient le premier italien depuis 51 ans et Nicola Pietrangeli à triompher sur le Rocher.
On aurait pu parler du 12e trophée monégasque de Rafael Nadal, du retour victorieux de Djokovic sur sa terre battue domestique, d’un deuxième titre en Masters 1000 pour Dominic Thiem. Il y a une semaine, on aurait pu considérer ces scénarios comme les plus probables. Il n’en a rien été, loin de là. Parce qu’un homme en a décidé autrement. Fabio Fognini gardait jusqu’ici cette réputation de joueur fantasque, capable de poser des problèmes à n’importe qui dans un bon jour, mais à la carrière bien trop en-deçà de son talent. Et puis, l’Italien a rayonné. Enfin. Et il a choisi Monaco pour le faire de très belle manière. Il y a d’abord eu Borna Coric en quarts de finale, un match où il a d’abord été en-dessous puis un dernier set qu’il a survolé. Et puis, il y a eu l’exploit. D’une semaine certes, mais peut-être d’une carrière.
Face à Nadal, un exploit comme on en fait peu
En demi-finale, le Transalpin avait face à lui ce qui se fait de mieux sur terre battue dans l’Histoire du tennis. Et pourtant, c’est bien Fognini qui a terrassé Nadal et non l’inverse. Dans un match marqué par un vent extrême, Fabio a joué le match parfait, collé à sa ligne de fond en distribuant des boulets à droite et à gauche. Lancé vers une douzième couronne en Principauté, Rafael Nadal est tombé face à plus fort que lui. Sur terre, c’est rarissime. A Monte-Carlo, trois joueurs seulement avaient réussi à sortir le Majorquin depuis le début de sa carrière: Novak Djokovic, David Ferrer et Guillermo Coria. C’est dire l’exploit monumental réalisé par Fognini. En finale, si le vent s’est à peine calmé, « Fabio » a lui continué de briller jusqu’au bout pour décrocher le 9e titre de sa carrière, assurément le plus beau.
Un joueur singulier
Pour tout amateur de tennis, Fabio Fognini est réputé pour son caractère qui divise. Discret et timide en dehors des courts, l’Italien ne l’est pas en revanche sur un terrain. Il peut agacer certes, mais il fait partie de ces joueurs nés avec un talent bien au-dessus des autres. Pourtant, il fait aussi partie des joueurs capables du meilleur comme du pire. Son palmarès en est un parfait exemple. A 31 ans, Fognini n’a atteint qu’une seule fois les quarts de finale d’un Majeur, c’était à Roland-Garros en 2011, un match qu’il n’a même pas eu l’occasion de jouer puisqu’il avait déclaré forfait. A part ça ? Quatre huitièmes de finale dans un tournoi du Grand Chelem. Et pourtant, Fognini pourrait aspirer à tellement mieux. Il restait avant Monte-Carlo classé dans cette catégorie de joueurs qui peuvent faire lever des stades entiers, mais qui n’ont jamais su conserver une qualité première pour être un top joueur: la régularité.
Simple coup d’éclat ou vraie révélation ?
Depuis dimanche, il est un tout autre joueur. Désormais 12e joueur mondial – son meilleur classement – Fognini peut aller au bout de ses ambitions quand le corps et la tête (surtout la tête en ce qui le concerne) suivent. En terrassant Nadal en demi-finale puis en confirmant dimanche en finale, l’Italien a changé de dimension. Reste à savoir s’il sera capable désormais, à bientôt 32 ans, de jouer les premiers rôles en Majeur. Triompher à Monte-Carlo pour démarrer la saison sur terre battue, cela n’a rien d’anodin. Mais pour savoir si Fognini a vraiment changé, il n’y a pas de meilleur révélateur qu’un tournoi du Grand Chelem. A un peu plus d’un mois de Roland-Garros, le message envoyé par l’Italien à Monte-Carlo a en tout cas le mérite d’être clair. Reste à savoir s’il saura confirmer les belles promesses monégasques.
Crédits photo à la Une: Carine 06