A l’aube du début de l’Open d’Australie qui débute ce lundi, les fans de la petite balle jaune sont (comme toujours à cette période) dans l’expectative. Et avant le 1er grand rendez-vous australien qui nous livrera déjà (à n’en pas douter) de sérieux enseignements, l’heure est donc au questionnement…
5 hommes, 5 questions! A moins d’un invraisemblable putsch (Dimitrov? Kyrgios?), on ne voit vraiment pas qui pourrait venir chambouler la hiérarchie du tennis mondial en 2016… Djokovic, Murray, Federer, Nadal et Wawrinka devraient ainsi à nouveau jouer les 1ers rôles, rafler la plupart des mises et ne laisser que quelques miettes (1 ou 2 Masters 1000 + la Coupe Davis) à leurs bien timides opposants. A quoi peut-on donc s’attendre de la part du “BIG 5″ cette année? Eléments de réponse.
Novak DJOKOVIC dominera-t-il autant le circuit qu’en 2015 ?
Difficile, voire presque impossible, d’imaginer un autre scénario aux vues des performances réalisées par le “Djoker” sur les 12 derniers mois. En effet, en 2015, le vampire des Balkans alias Novak “Drakulovic” a cannibalisé le circuit comme peu de joueurs l’ont fait avant lui dans l’Histoire du jeu: N°1 mondial nanti de 8000 points d’avance (un gouffre! l’équivalent de 4 GC) sur son dauphin (Murray), vainqueur de 11 titres dont 3 en GC (+ le Masters et 6 Masters 1000), “la machine” yougoslave a en outre atteint la finale de 15 des 16 tournois auxquels il a prit part, passant même à un cheveu (2 petits sets à RG) du 1er Grand-Chelem calendaire masculin depuis Rod Laver en 1969… Tout simplement hallucinant !!! Sauf blessure, on voit donc mal qui pourrait se montrer plus régulier que lui cette année.
Néanmoins, et la vraie question est peut-être celle-là, peut-il faire aussi bien en 2016 ? Roland-Garros et les J.O. apparaissant comme ses 2 cibles prioritaires, le Belgradois devra assurément faire des choix pour ne pas finir la saison “carbo”. De plus, si on regarde dans le rétro, on constate qu’à l’exception de Roger Federer en 2006-2007, aucun autre tennisman n’est parvenu à réussir le Petit-Chelem 2 fois de suite. Ceci-dit, à 28 ans, Djokovic (méticuleux à l’extrême sur le plan physique) devrait toujours pouvoir faire régner son “cosmic tennis” (qui, soit dit en passant, en agace plus d’un!) sur le circuit pendant encore 2 voire 3 saisons. Si la concurrence ne se réveille pas, les records de 6 sacres de N°1 ATP en fins de saisons et de 17 titres du Grand-Chelem (respectivement détenus par Sampras et Federer) pourraient alors bien finir par tomber un jour dans son escarcelle…
Andy MURRAY bénéficiera-t-il de l’effet “Coupe Davis” ?
Lentement mais sûrement le meilleur représentant de l’Union Jack depuis Fred Perry semble peu à peu retrouver son précédent climax de 2012-13. Une période durant laquelle il s’était enfin décomplexé face aux autres membres du BIG 4 via 3 levées majeures (Olympique, US Open et Wimbledon). Débarrassé (définitivement, pensait-on alors) du syndrome de la “poule mouillée” dont il était victime jusque là, sa blessure au dos et l’opération qui s’en était suivie avaient ensuite remis un frein aux ambitions du protégé d’Ivan Lendl. La fin de la (fructueuse) collaboration avec ce dernier constituait de surcroît un autre motif d’inquiétude pour les fans d’Andy qui se demandaient alors si leur poulain tutoierait à nouveau un jour les sommets…
Passé sous la tutelle d’Amélie Mauresmo, le champion olympique en titre est pourtant reparti de l’avant en 2014. Finaliste à l’Open d’Australie, demi-finaliste à Roland (vaincu après avoir poussé Djoko dans ses derniers retranchements), demi-finaliste à Wimbledon (battu par un Federer en état de grâce), le tout en portant durant tout le fil de la saison son équipe de Grande-Bretagne à bout de bras (pour la mener vers son 1er Saladier d’Argent depuis la bande à Perry en 1936), Murray a réalisé une saison 2015 bien meilleure qu’il n’y paraît de prime abord. Malgré ce que son déploiement d’énergie (11 victoires de rang) en Coupe Davis lui aura coûté, il a tout de même terminé la saison au meilleur classement de sa carrière (N°2). On peut donc légitimement augurer que l’on reverra Andy en finale de GC cette année. De plus, ses nets progrès sur terre-battue (titre à Madrid) font désormais de lui un candidat potentiel à RG, ce qui n’était pas le cas auparavant. Alors “effet Coupe Davis” comme pour Djoko en 2011 ou pas, son principal problème se nomme toujours… “Novak” !!! Car si Murray parvient à (re)trouver la clef face au N°1, nulle doute que d’autres majeurs viendront tôt ou tard garnir son armoire à trophées. Signe encourageant malgré les défaites, le “Kid de Dunblane” demeure l’un des 3 seuls joueurs (avec Federer et Wawrinka) à avoir résolu l’équation proposée par le Serbe en finale en 2015 (victoire en 3 sets au Masters 1000 du Canada).
Roger FEDERER deviendra-t-il champion olympique en simple ?
RF l’avait annoncé dès le lendemain de sa finale olympique perdue dans son jardin londonien (face à Murray) en 2012, il comptait bien se donner une ultime chance d’aller chercher le seul titre majeur manquant à son palmarès en simple à l’occasion des Jeux Olympiques de Rio en 2016. Et malgré les 35 “printemps” qu’il affichera au compteur en fin de saison, le Bâlois a prouvé l’an dernier que cette perspective (tout comme celle de gagner un jour un 18e titre en Grand-Chelem) restait tout à fait dans le domaine du possible. Toujours sur le podium mondial (N°3 à 34 ans), Fed a atteint la finale de 3 Majeurs en 2015 (Wimbledon, US Open et Masters Cup) subissant à chaque fois le joug du N°1 mondial (Djoko). En outre, “FedEx” s’est aussi hissé 2 fois en finales de Masters 1000 (une gagnée et une perdue, toujours face au diable serbe) et c’est là que le parallèle avec les J.O. devient intéressant pour lui: car (au contraire des “Grand-Chelems” qui se jouent au meilleur des 5 sets) le tournoi olympique se dispute lui-aussi en 2 sets gagnants. Un format qui convient évidemment bien mieux en termes de défi physique à “Papy Rodgeur”.
En revanche, et même si la compétition ne se déroulera a priori pas sous des températures accablantes (nous serons en plein hiver austral au Brésil en août prochain), Federer n’appréciant guère les grosses chaleurs, on peut tout de même douter de la capacité du Suisse à aller au bout de son rêve doré. D’abord parce que nous sommes encore à 8 mois de l’échéance (et 8 mois, à 34 ans, ça compte!!!), et ensuite parce que pour peu que “Fédé” écope d’une partie de tableau compliquée (avec Djoko?), ses chances s’amenuiseraient alors comme peau de chagrin. Enfin, parce que même si les 5 premiers tours se jouent au meilleur des 3 sets, la finale masculine olympique se joue quant à elle au meilleur des 5 manches. Or, en 3 sets gagnants, la dernière victoire de Federer en finale (hors Coupe Davis) remonte à… Wimbledon 2012 ! Bref, même s’il n’est pas interdit de rêver, la meilleure opportunité de regagner l’or (RF a été champion olympique en 2008 avec Wawrinka) pour le Maestro est certainement celle de ne pas négliger son association en double avec Martina Hingis. Là, pas de doutes, la paire de légendes helvétiques (que Fed formera avec l’ancienne N°1 mondiale) fera figure d’épouvantail en mixte à Rio.
Rafael NADAL remportera-t-il sa “decima” à Roland-Garros ?
Après son exercice laborieux en 2015, où il a montré d’inquiétants signes de fléchissement sur le plan de l’endurance, on pourrait même poser la question directement en ces termes: Rafa gagnera-t-il un jour à nouveau un tournoi du Grand-Chelem? Car la saison passée a bien été l’annus horribilis de la carrière du Taureau des Baléares ! Aucun titre (ni même aucune finale) en GC, une seule finale en M1000, un cinglant revers en 3 sets dans son fief parisien contre Djoko et des défaites à la pelle face à des joueurs de seconde catégorie (notamment Fabio Fognini ou Dustin Brown) qui laissent présager que le natif de Manacor pourrait peut-être bien ne jamais pouvoir revenir à son tout meilleur niveau.
Ceci-dit, n’enterrons pas trop vite le nonuple vainqueur de la Porte d’Auteuil. D’une part, sa fin de saison a montré de nets signes d’amélioration, le Majorquin ayant (en partie) retrouvé sa longueur de balle et son agressivité légendaire. En outre, comme le dit le vieil adage: “ne sous estimez jamais le coeur d’un champion” ! Sur ce point, on peut être sûr que Nadal donnera le maximum de lui-même. Véritable gladiateur des courts, la prochaine quinzaine parisienne (durant laquelle il fêtera ses 30 ans) pourrait bien constituer la dernière véritable opportunité de sa carrière de devenir le 1er joueur de l’Histoire décuple vainqueur du même tournoi du Grand-Chelem. Pour peu que le tirage au sort soit clément avec lui en ne le plaçant pas dans la partie de tableau de son pire ennemi (Djokovic), atteindre (au moins) la finale du Majeur sur ocre semble donc encore légitimement à sa portée.
Stan WAWRINKA décrochera-t-il son 3e titre majeur en 3 ans ?
Petit retour en arrière, en 2013, celui qui se faisait encore appeler “Stanislas” n’était autre qu’un simple bon joueur du Top 20, un de ceux qui ont certes beaucoup de qualités mais auxquels il manque toujours ce petit “je ne sais quoi” pour passer dans la catégorie des top-players. Beaucoup le voyaient alors comme une sorte de Gilles Simon à la sauce vaudoise, un cran en-dessous de nos Tsonga, Gasquet ou même Monfils en termes de talent pur. Mais voilà, force est de constater que le natif de Lausanne nous avait bien caché son jeu, et peut-être se l’était-il aussi caché à lui-même d’ailleurs… Toujours est-il qu’en 2014, “Wawa” a réussi une mue aussi inattendue que spectaculaire, accomplissant sur le court ce que ni Berdych, ni Tsonga, ni Ferrer (entre autres) n’ont jamais réussi à faire: vaincre Djokovic ET Nadal lors d’un même tournoi pour décrocher le graal au bout du monde (Australie).
Depuis, il ne s’est pas endormi sur ses lauriers. Titré en Coupe Davis fin 2014, il a doublé la mise en Grand-Chelem en 2015 pour signer un nouveau parcours flamboyant sur l’ocre de Roland-Garros. Terrassant à nouveau les N°1 et 2 mondiaux sur son passage, “Stanimal” a livré un véritable récital final face à Djokovic pour ce qui demeure certainement la défaite la plus cinglante du Serbe depuis l’Open d’Australie 2014 déjà face à ce même… Wawrinka ! Alors pourra-t-il récidiver en 2016 ? A l’exception du gazon de Wimbledon (qui n’est pas sa tasse de thé), on peut considérer le Roman comme un outsider en puissance, voire même un favori potentiel, pour tous les grands tournois. Le souci avec Stan, c’est qu’on ne sait jamais vraiment à quoi s’attendre avec lui ! Dans un bon jour, l’homme au splendide revers “giflé” est certainement le joueur capable de poser le plus de problèmes à n’importe qui, et en particulier à un certain Novak D… En Revanche, étant branché sur courant alternatif, quand le Vaudois n’y est pas, il peut aussi passer au travers face à des adversaires présumément bien moins armés que lui. Alors, jamais 2 sans 3 ? Et si on mettait une pièce sur un “Waw” médaillé aux Jeux? Sur dur et en 2 sets gagnants (à l’exception de la finale), c’est peut-être bien pour Rio que “Stan The Man” nous prépare son hold-up annuel !