Prêté par le Paris Saint-Germain à Laval en Ligue 2, Romain Habran s’impose petit à petit dans la Mayenne. PSG, Équipe de France, son avenir: l’occasion pour Au Stade de s’entretenir avec lui, en toute simplicité. – INTERVIEW
Pour commencer l’interview, qui es-tu Romain Habran ?
Je m’appelle Romain Habran, j’ai 21 ans. J’ai fait 3 clubs dans mon enfance : j’ai commencé le football à 5 ans à Gennevilliers, ensuite je suis parti au Racing Club de France, et j’ai débarqué au PSG à 8 ans. J’ai fait mes deux années de U17 Nationaux au Racing Club de France, puis je suis revenu au Paris Saint-Germain en U19 Nationaux. Ensuite, à mes 20 ans, j’ai signé mon premier contrat professionnel au PSG. J’ai été prêté la saison passée à Sochaux en Ligue 2, puis cette saison j’ai été prêté à Laval, toujours en Ligue 2.
Comment as-tu commencé le football ?
Franchement, le football quand j’étais petit, ce n’était vraiment pas mon truc. C’était plus les sports de combat en fait ! (rires) C’est mon grand frère qui m’a obligé à essayer le foot. Dès mes premières conduites de balles, on a tout de suite pu remarquer mes qualités de vitesse, qui sont un peu ma marque de fabrique.
On parle souvent du business des recruteurs des clubs pro sur les jeunes joueurs. Comment les recruteurs du PSG t’ont-ils approché ?
Les recruteurs du PSG m’ont approché par l’intermédiaire de mes proches : mes parents et aussi mon frère. A l’époque je jouais au Racing (Club de France, ndlr) et j’avais enchaîné de bonnes performances. Ils m’ont fait part de leurs intentions de me recruter en disant qu’ils étaient intéressés par mon profil. La première fois mes parents et moi avions refusé de signer leur contrat, mais ils sont revenus à la charge une deuxième fois et là j’ai accepté car Paris est mon club de cœur.
La saison passée, tu évoluais à Sochaux. Pourquoi avoir quitté le club doubiste en fin de saison ?
Je me sentais bien là-bas, mais je n’avais pas le temps de jeu que je voulais. J’ai gardé de bons contacts avec mes coéquipiers, et les supporters. Footballistiquement je me sentais épanoui, mais il y avait des choix qui ne me plaisaient pas. J’ai donc décidé de quitter Sochaux en fin de saison.
Cette saison, pour le compte de ta 2ème saison en professionnel, tu as choisi de signer à Laval. Pourquoi ce choix étant donné que d’autres clubs étaient attirés par ton profil (notamment le LOSC) ?
En fait, ce n’est pas vraiment mon premier choix. J’avais eu de nombreuses propositions de clubs de Ligue 1 qui me voulaient en prêt, j’étais attiré et intéressé par ces approches. Mon agent et moi avions discuté avec les dirigeants du PSG, et on a décidé que je fasse une deuxième saison en Ligue 2 pour apprendre du mieux possible mon métier de footballeur professionnel. Il y avait eu deux propositions en Ligue 2, mais j’ai choisi Laval car c’est un club familial. De plus, les dirigeants et le coach avaient l’air vraiment intéressés. Aujourd’hui je suis à Laval, et je me sens très bien !
Donc le PSG avait mis son blocus pour que tu ne partes pas en prêt dans un club évoluant en Ligue 1 ?
Ils ont la main sur moi donc ils décident des choses à entreprendre, c’est normal. Je suis ‘obligé’ entre guillemets d’accepter leurs décisions. Le but n’est pas que mon entourage commence à partir au clash ou quoi que ce soit avec le club. On a décidé de donner notre accord par rapport à cette décision de partir en prêt à Laval, ça s’arrête là.
Comment s’est passé ton intégration à Laval ?
Très bien. J’ai été très bien accueilli et intégré dans le groupe par les gars. Je n’ai pas été catalogué comme étant un joueur de Paris. Après, je suis quelqu’un de simple donc ça aide à s’intégrer.
Comment analyses-tu tes performances individuelles depuis le début de la saison ?
Franchement, ça va. J’aurais préféré marquer un peu plus de buts (0 réalisation cette saison, ndlr) mais niveau passes décisives, je suis actuellement le meilleur passeur de l’équipe, donc c’est positif (4 passes décisives depuis son arrivée à Laval, ndlr). Après je n’ai eu que 8 titularisations aussi… Je pense que je fais des bons matchs, j’arrive à bien comprendre le style de jeu que le coach demande (Denis Zanko, ndlr). Au début c’était un peu difficile, mais maintenant je commence à comprendre !
Quels sont tes objectifs en cette seconde partie de saison ?
Déjà débloquer mon compteur but. C’est très important pour moi de marquer, surtout pour la confiance. Niveau passes décisives je suis content, il ne manque plus que les buts maintenant ! (rires)
Je n’ai pas connu grand-chose avec le PSG
Quelles sont les ambitions de Laval cette saison en Ligue 2 ?
Je pense que le maintien est l’objectif primaire. Ça fait maintenant un petit bout de temps que le club est en Ligue 2 donc il faut rester sur cette lancée. Pour le moment on est bien parti pour le maintient (lors de cette interview, Laval était 12ème au classement, avec 8 points d’avance sur la zone rouge, ndlr). Si le maintien arrive tôt dans la saison, pourquoi ne pas viser plus haut. On a l’équipe pour, et les joueurs pour. Je pense qu’on peut faire quelque chose de bien cette saison.
Est-ce que t’imposer au PSG est un objectif pour toi ?
Tout jeune joueur professionnel du Paris Saint-Germain a l’objectif d’évoluer avec l’équipe A du PSG. Même si c’est très très dur étant donné que Paris est dans le TOP 4 des meilleurs clubs au monde aujourd’hui. Il ne faut rien lâcher, il ne faut pas avoir peur de montrer ses qualités. Pour mon cas personnel en Ligue 2 cette saison, je dois montrer toute l’étendue de mon talent pour pouvoir taper dans l’œil des dirigeants parisiens, pour qu’ils soient fiers de moi. Peut-être que j’aurais ma chance !
Penses-tu que tu puisses t’imposer durablement au PSG ? L’exemple frappant de Kingsley Coman qui a été obligé de partir de Paris pour montrer son talent ne te démoralise pas trop ?
Non. Chacun son parcours. Lui, il a décidé de partir, mais d’autres joueurs arrivent à jouer comme Adrien Rabiot, ou encore Presnel Kimpembe, même s’ils n’ont pas beaucoup de temps de jeu. Moi si j’arrive à avoir le temps de jeu qu’ils ont, ça sera déjà très bien. Pour le moment je n’ai pas la tête au PSG, je suis à Laval cette saison. Je n’ai pas trop la tête à ça.
Lors de tes nombreuses apparitions avec le groupe du PSG à l’entraînement en 2013-2014, des joueurs t’ont-ils pris sous leur aile ?
J’ai fais beaucoup d’entraînements avec eux, malheureusement sans être dans le groupe. Je les côtoyais dans le vestiaire etc. Il y avait des gens sympas avec qui je parlais très facilement, comme Camara, Jallet (avant qu’il ne parte à Lyon, ndlr), mais aussi Gregory Van Der Wiel qui était très gentil avec moi. Il faut savoir que tout le monde est gentil là-bas ! Ce n’est pas parce que c’est des stars qu’ils sont forcément méchants et égoïstes. Ils aiment bien aider les jeunes, ça prouve donc qu’ils ne pensent pas qu’à eux. Pour résumé, j’avais été très bien accueilli dans le vestiaire.
On parle souvent des caprices de stars au PSG dans les médias. Ils sont comment les Ibrahimovic, Maxwell, Matuidi, Veratti et compagnie dans le vestiaire ou plus généralement en dehors du terrain ?
En dehors du terrain, je ne peux pas trop te dire, car on ne se côtoyait pas trop. En tout cas, dans les vestiaires ils étaient très humbles et simples. Il ne faut pas oublier que ce sont des êtres humains. Ils sont tranquilles, ils vivent leur vie, ils aiment bien leur métier et ce qu’ils font. On rit et on fait des blagues comme dans n’importe quel vestiaire ! Ils ont des activités en dehors du foot comme monsieur tout le monde.
Toi qui es né et a grandi en région parisienne, comment analyses-tu le rachat du club par les Qataris en 2011 ?
Je le vois comme une opportunité. C’est très bien pour le club ou plus généralement pour la ville de Paris. Paris c’est avant tout un symbole: c’est la capitale française, et c’est la plus belle ville d’Europe voire du monde. Il fallait une grande équipe à Paris, c’est maintenant chose faite, même si avant dans les années 2000 il y a eu de grands joueurs qui sont passés comme Ronaldinho, Anelka, tout cela sans oublier les années 1990 avec Ginola etc. Maintenant le club est capable de gagner une deuxième Coupe d’Europe, on ne peut qu’être contents. Désormais, les grands clubs européens ne peuvent plus regarder de haut Paris.
L’arrivée des Qataris apporte un gros plus au Football Français
Ça fait quoi d’être titulaire en équipe de France espoirs, et surtout d’avoir remporté le tournoi de Toulon en 2015 ?
C’est une énorme fierté avant tout de porter les couleurs de la France. C’est mon pays, chaque joueur Français aimerait jouer en équipe de France qu’il soit jeune ou un peu plus vieux. Pour mon cas c’est un objectif que j’ai réussi à atteindre. Gagner le tournoi de Toulon en juin a été un moment fort en émotions. Maintenant c’est du passé, et il faut regarder vers le futur. Si on reste trop sur nos acquis, on avance plus.
L’Équipe de France A, c’est un objectif à long terme pour toi ?
Oui c’est un objectif à atteindre. J’y pense depuis que je suis tout petit. C’est un rêve pour moi de pouvoir jouer avec l’Équipe de France A. Avant tout cela il y a un parcours à réussir; il faut continuer à travailler, à être sérieux et à bien faire son métier. Si j’arrive à enchaîner de grosses performances dans les années à venir, pourquoi pas ! C’est mon but summum en quelque sorte.
Où vois-tu ton avenir l’été prochain ?
Je ne sais pas du tout. L’avenir nous le dira ! J’espère être dans le groupe Pro du PSG la saison prochaine. C’est un objectif très important pour moi qui me tient à cœur car je suis un enfant de Paris, j’ai passé mon enfance et fait toutes mes catégories de jeunes là-bas… J’ai tout vu : l’avant et l’après Qataris, les changements, je connais vraiment tout le monde là-bas.
Avoir passé 2 ans en Ligue 2 et après avoir enchaîné de bonnes performances, c’est important pour toi de revenir en Ligue 1 et donc au PSG ?
Oui c’est très important sur le plan de l’évolution de ma carrière. Je pense que 2 ans de Ligue 2 c’est suffisant. J’ai bien appris dans l’échelon inférieur. Il ne faut pas oublier que je suis encore à Laval, les gars et moi avons un objectif à atteindre avec le club au niveau collectif. Après, avoir une place dans le groupe pro du PSG la saison prochaine c’est vraiment primordial pour moi.
Propos recueillis par Nicolas TANNER – @Nicolas_Tanner
Crédits photo à la une: page Facebook Romain Habran