La question du plafonnement salarial des footballeurs évoluant en Europe n’est pas nouvelle. Les conséquences économiques de l’épidémie de coronavirus la remettent cependant au centre des discussions.
« L’argent coule à flots. » L’expression est régulièrement employée ces dernières années par divers médias pour titrer leurs articles de football. Pourtant, en 2020, elle n’a jamais paru aussi lointaine. Crise sanitaire oblige, les robinets qui déversaient annuellement des millions d’euros dans la poche de certains joueurs pourraient se resserrer. Ces derniers mois, l’épidémie de coronavirus fait effectivement ressurgir le débat sur le plafonnement salarial des footballeurs européens. Loin de vouloir polémiquer, Au Stade souhaite plutôt comprendre comment la Covid-19 a remis cette discussion au centre de l’actualité sportive. Dossier.
Une baisse des recettes liées à l’épidémie
L’épidémie de coronavirus n’épargne pas le football européen. Pour le constater il suffit d’allumer son téléviseur les soirs de matchs. Les images montrant des tribunes pratiquement vidées de supporters parlent d’elles-mêmes. Dans un communiqué daté du 1er octobre, l’UEFA affirme que, sous l’accord des autorités locales, « le nombre de spectateurs est limité à 30% de la capacité totale du stade ». Les tribunes réservées aux supporters extérieurs demeurent, elles, fermées « jusqu’à nouvel ordre ». Cela signifie donc concrètement que le nombre d’entrées dans un stade comme le Parc des Princes, avoisinant les 48 000 places, ne doit pas excéder 14 400 supporters. Or, moins d’entrées enregistrées signifient moins de recettes pour le club.
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« Il y a un manque à gagner qui va se chiffrer à plusieurs dizaines de millions d’euros pour l’ensemble de notre football », déplore le président du syndicat de Première Ligue, Bernard Caïazzo, dans Les Échos. Par exemple, le match opposant l’OM au PSG du 22 mars devait rapporter entre « quatre et cinq millions de recettes ». Du fait d’une baisse des bénéfices, certains dirigeants s’interrogent donc sur la nécessité de plafonner les salaires des joueurs. « Nous devons parler de plafonds salariaux », déclarait, dès la mi-mai, le président de la Fédération allemande de football, Fritz Keller, au quotidien Ouest-France. La masse salariale des joueurs représente en effet la principale dépense d’un club.
Un plafonnement salarial existe déjà en Angleterre
Le plafonnement salarial des footballeurs est néanmoins loin de faire l’unanimité. Malgré tout, plusieurs championnats le pratiquent déjà. C’est notamment le cas aux États-Unis. En Europe, cette limite de salaire a été adoptée en août dernier en Angleterre. Elle concerne la League One et la League Two qui correspondent aux troisième et quatrième échelons nationaux.
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D’après France Football, le plafonnement salarial comprend, par exemple, les salaires, taxes, bonus et frais d’agents. Sous peine d’amendes, il ne peut pas excéder 2,7 millions d’euros pour les clubs en League One et 1,66 million pour ceux de League Two. « Il fallait agir pour baisser les coûts liés aux salaires », explique pour France Football, Mark Catlin, le directeur général de Portsmouth évoluant en League One.
Avec la création d’un plafonnement salarial, des répercussions multiples
Si la limite salariale dans le football se généralisait au plus haut niveau européen, les conséquences pourraient être nombreuses. Interrogé par Ouest-France, l’économiste au centre de droit et d’économie du sport, Christophe Lepetit, est convaincu que cela créerait des divisions entre les clubs les plus influents et les autres. « Cinq, dix ou vingt clubs pourraient décider de créer leur propre compétition », assure-t-il. Ce risque n’est cependant pas l’unique répercussion possible du plafonnement salarial. En effet, dans le journal L’Équipe, Bernard Caïazzo a évoqué la possibilité d’exonérer « trois à quatre joueurs » de ce plafonnement. Par conséquent, comme le relate Christophe Lepetit, cela engendrerait « une montée des inégalités salariales » au sein des clubs. Cette dernière profiterait vraisemblablement aux joueurs « vedettes ».
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En conclusion, le débat concernant le plafonnement salarial des joueurs n’est pas évident à solutionner. Toutefois, en raison des difficultés économiques causées par le coronavirus sur les clubs, la possibilité de le voir apparaître dans les contrats des joueurs n’a jamais été aussi probable. Sa mise en place en League One et en League Two, en Angleterre, pourrait donc ouvrir une brèche pour l’ancrer par la suite au plus haut niveau du football européen.