En cette période si particulière où le monde du sport est à l’arrêt, Au Stade s’est intéressé à deux profils inspirants d’entraîneurs qui ont marqué l’histoire du football: Carlo Ancelotti et Sir Alex Ferguson. Ce jeudi, c’est le profil ainsi que le modèle de gestion de Sir Alex Ferguson qui sont évoqués.
Sir Alex Ferguson, 49 trophées et une longévité exceptionnelle
« Mon travail était de faire comprendre que l’impossible était possible« , voilà comment Sir Alex Ferguson décrit sa fonction dans son livre intitulé Leading, manager pour gagner. C’est dans cet ouvrage qu’Alex Ferguson a décidé de partager son parcours, sa vision du football moderne et des qualités nécessaires à un bon manager. Le parcours de l’homme est encore plus exceptionnel que ce que l’on peut imaginer: fils de plaquiste, honnête joueur du championnat écossais, celui-ci a gravi toutes les étapes jusqu’à arriver à atteindre des sommets avec Manchester United. Le jour de sa retraite, Sir Alex Ferguson avait rempli sa vitrine de 49 trophées avec un ratio de victoires exceptionnel: 895 victoires en 1500 matchs. Il est resté 27 ans à Manchester United, alors même que la longévité d’un entraîneur dans le football est généralement de 2 à 3 années au maximum.
Pour perdurer, Sir Alex Ferguson a su traverser les époques et s’adapter au changement dans le monde du football, notamment l’accroissement de la compétitivité dans le foot lié à la mondialisation: l’essor du foot business. Parmi les qualités essentielles qui lui ont permis d’être un grand manager, il cite: la discipline, l’organisation, le contrôle de soi, le travail d’équipe et « le plus important« , la motivation. Aussi, Alex Ferguson, explique que tous les hommes ont connu des échecs et que ces échecs doivent servir à s’améliorer, il cite en exemple une cinglante défaite 5-0 face à Sunderland où son équipe s’était fait raillée par les supporters locaux, le titre ayant été remporté par l’ennemi de toujours, Manchester City. Résultat: son équipe a été championne l’année suivante avec une équipe quasiment identique.
Un entraîneur de football hors-pair
Tous les conseils donnés par Sir Alex Ferguson dépassent le cadre du football et chacun peut les appliquer à son niveau, au travail, en famille ou avec ses amis. Ce livre est aussi intéressant dans la mesure où l’on retrouve des anecdotes sur de nombreux joueurs qui ont marqué le club comme Ryan Giggs, Paul Scholes, Patrice Evra, Rio Ferdinand, Eric Cantona ou encore Cristiano Ronaldo. Il explique à quel point il est facile de coacher ses joueurs qui n’ont qu’une obsession: gagner. Il utilise notamment ces joueurs pour montrer l’exemple aux jeunes joueurs, en tant qu’intermédiaires.
On y apprend également que l’important pour lui ne se situe pas uniquement dans les qualités intrinsèques du joueur mais aussi dans ces qualités humaines. En effet, il explique avoir renoncé à recruter Mario Balotelli après avoir eu vent de son comportement en dehors du terrain. Sans oublier le Sir Alex Ferguson médecin qui explique qu’il est plus difficile de perdurer au haut-niveau pour un joueur anglais en raison de l’humidité locale affectant davantage qu’ailleurs les genoux des joueurs. Autres qualités essentielles: savoir regarder et écouter. Sir Alex Ferguson explique avoir très vite compris par exemple qu’il pourrait produire une meilleure analyse en ne réalisant pas les entraînements lui-même mais en se contentant de les observer en laissant le soin à ses adjoints d’organiser la séance.
Sir Alex Ferguson: avant d’entraîner, savoir manager
Concernant son rapport avec les joueurs, Sir Alex Ferguson estimait qu’il fallait conserver une certaine distance: il estimait que le respect était une valeur « plus importante » que l’amour. Il y décrit des rapports comme ceux d’un père à son fils. S’il ne sortait pas avec eux, il était essentiel pour lui que les joueurs puissent venir lui parler de leurs problèmes personnels. Une règle d’or était aussi de protéger les joueurs en réservant les critiques au privé et en maintenant des rapports distants avec la presse. Il précise également qu’il essayait d’adapter son style de management en fonction des joueurs. D’ailleurs, selon lui, Eric Cantona a été un joueur « facile à manager en dépit de sa mauvaise réputation« .
Dans le reste de son ouvrage, Sir Alex Ferguson évoque également son rapport aux agents. Il considère ceux-ci comme « nuisibles » et « inutiles« . Les critiques les plus virulentes vont d’ailleurs à l’encontre de Mino Raiola qu’il accuse de ne pas se soucier des intérêts des joueurs. Une exception: il reconnait avoir une certaine estime pour Jorge Mendes qui, selon lui, contribue à « aider les joueurs à se développer et s’accomplir« . Finalement, en sus de toutes les qualités évoquées, nul ne peut nier que c’est la passion d’Alex Ferguson, entre longévité et honneur, qui a inscrit son nom à jamais dans l’histoire du football.
Ce dimanche, vous retrouverez sur Au Stade le deuxième portrait des entraîneurs inspirants qui ont marqué l’histoire du football: celui de l’illustre manager italien Carlo Ancelotti.
Crédits photo à la Une: Austin Osuide