En laissant partir Christophe Galtier qui a toujours su produire des résultats malgré un dernier exercice mitigé, les Verts ont pris un gros risque, d’autant plus qu’Oscar Garcia, son successeur, n’est pas un nom connu du Forez. Pourtant, les premiers pas des Stéphanois cette saison sont plus mordants, plus offensifs, aux antipodes du ronronnement de la fin de l’ère Galtier. Au Stade vous plonge au cœur du phénomène Oscar Garcia.
Comme chaque saison, l’AS Saint-Étienne tend à se mêler à la lutte pour les places européennes. Mais cette saison, le club le plus titré en Ligue 1 (10 sacres) comptera sur son lifting estival pour jouer le Top 6. Souvent critiqué pour son jeu assez cloisonné et pauvre offensivement, mais adulé par les supporters pour ses accomplissements au club, Christophe Galtier a quitté le club cet été après huit saisons ponctuées par de bons et loyaux services, et couronnées d’une Coupe de la Ligue remportée en 2013 ainsi qu’une présence assez régulière en Ligue Europa. Les dirigeants des Verts n’avaient pas le droit de se tromper en choisissant leur nouvel entraîneur. Après Rudy (Marseille) et Jean-Louis (Troyes), un troisième Garcia, Oscar cette fois-ci, débarquait en Ligue 1 au cœur de mois de juillet.
Le Barça comme ADN
Les supporteurs de l’ASSE qui ont cherché à se faire une idée du personnage ont découvert un homme qui a marqué les esprits à la fois pour sa carrière de joueur et celle d’entraîneur. L’Espagnol de 44 ans a réalisé toute sa formation au FC Barcelone pour ensuite évoluer cinq saisons avec l’équipe première entre 1994 et 1999. Sous les ordres de Johan Cruyff, le Barça remportera notamment quatre fois la Liga. Garcia prend part à 69 matchs et inscrit 21 buts. Finissant sa carrière en 2005 à l’Unió Esportiva Lleida, l’ancien milieu offensif entreprend alors une carrière d’entraîneur. Profondément marqué par les préceptes du Barça et de Cruyff notamment, le néo-technicien veut très vite appliquer la théorie du « football total » aux formations qu’il dirige. Pour ses deux premières saisons sur un banc en 2012-13 et 2013-14, Garcia obtient de très bons résultats avec le Maccabi Tel-Aviv en reportant le Championnat d’Israël puis avec Brighton en Angleterre. Mais peinant à s’installer durablement, la suite sera plus chaotique avec un très court retour sur le banc de Tel-Aviv. Il y dirigera deux matchs, quittant le club pour des raisons personnelles et des raisons sécuritaires liées au conflit oriental. Mais ses méthodes n’ont pas été oubliées en Autriche, où le Red Bull Salzbourg l’engage à l’été 2015. En deux saisons, Oscar Garcia fait un carton. Ses stats sont criantes: 43 victoires en 63 matchs dirigés. L’entraîneur remporte également deux fois consécutivement le titre de champion de première division autrichienne.
L’option numéro 1
Son profil tape assez rapidement l’œil des décideurs des Verts. Les dossiers Claude Puel et Patrick Vieira, un temps évoqués, sont mis de côté. Bernard Caïazzo et Roland Romeyer s’activent pour recruter le technicien espagnol encore sous contrat avec Salzbourg. Motivé à l’idée de rejoindre le Chaudron, Oscar Garcia voit les discussions aboutir au tout début du mois de juillet. Le changement avec Galtier est détonnant. Un loft d’indésirables est mis en place. Ainsi, Nolan Roux, Neal Maupay, Benjamin Corgnet ou encore Fabien Lemoine sont priés d’aller voir ailleurs. Les premiers choix de l’Espagnol épousent une philosophie très barcelonaise. Dans son 4-3-3, Garcia veut apporter un supplément technique à son milieu de terrain, sur lequel repose le « football total », qui ne peut mieux porter son appellation de « cœur du jeu ». Assane Dioussé (ex-Empoli) puis plus récemment Hernani (ex-Zénith Saint-Pétersbourg) débarquent ainsi dans le Forez. Mais l’arrivée de l’Espagnol marque une autre rupture avec l’ère Galtier. « Placardisés » par le technicien français, Oussama Tannane et Bryan Dabo réintégrent le groupe. La suite du recrutement parachève la philosophie de Garcia, puisque l’arrivée de Gabriel Silva au poste de latéral gauche tend à apporter de la vitesse sur les côtés, partie intégrante de l’ADN barcelonaise.
Des débuts prometteurs
Les premiers résultats viennent confirmer les promesses envisagées depuis l’arrivée du technicien. L’ASSE truste déjà le haut du tableau, aux bénéfices de trois succès empochés au terme des trois premières journées face à Nice (1-0), Caen (0-2) et Amiens (3-0). Plus que le plan comptable, c’est le contenu qui marque. Les adversaires sont pressés comme des citrons à la perte du ballon, tandis que les dédoublements sur les côtés, les longs déboulés offensifs et les longues séquences de conservation contribuent à marquer un contraste saisissants avec les saisons précédentes. Pour le plus grand bonheur des fans qui entrevoient l’exercice en cours avec gourmandise.
Crédits photo à la une: Ardfern