Sur les huit dernières saisons, le PSG a remporté par sept fois le championnat de France de Ligue 1. Pourtant, la donne est différente cette année: champions en titre, les Parisiens ne survolent pas (plus) la compétition. Dossier.
Face au FC Barcelone, le PSG a livré l’une des performances les plus abouties de son histoire. Auteur d’un match héroïque, et porté par un Kylian Mbappé en fusion, le club de la capitale peut entretenir de sérieux espoirs d’une qualification en quart de finale de Ligue des champions. Mais dimanche, l’euphorie est retombée au Parc et le Paris-Saint Germain a concédé sa sixième défaite en championnat face à l’AS Monaco (0-2), promettant une course au titre palpitante avec 4 prétendants se tenant à seulement 6 points.
Depuis le début de l’ère QSI, le PSG n’avait jamais perdu plus de 5 matchs en L1 et n’avait jamais été aussi “mal” classé à ce stade de la saison. Ainsi, contrairement aux années précédentes, les Parisiens ne mènent plus la danse en championnat et sont au coude à coude avec un LOSC séduisant, un Olympique Lyonnais rugissant et un AS Monaco persévérant. Comment expliquer qu’après trois saisons à dominer la Ligue 1 Uber Eats, le PSG n’arrive-t-il pas à faire perdurer son hégémonie ?
Trop de points lâchés en cours de route par le PSG
En championnat, le PSG affiche un bilan de 17 victoires, 3 matchs nuls et 6 défaites. Le problème, c’est que les Parisiens ont concédé beaucoup de points à leurs concurrents directs. D’abord face à Monaco, où le PSG s’est incliné à deux reprises (3-2 au Louis-II et 0-2 au Parc). Même chose lors du match contre Lyon où Paris s’incline sur le score de 1-0. Le club de la capitale concède aussi un match nul décevant à Lille en décembre dernier (0-0). Malgré la possession dans le jeu, le PSG ne cadre qu’une seule frappe face au LOSC, l’OL et l’ASM.
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S’ajoutent à cela des erreurs de défense évitables – un penalty à la dernière seconde à Monaco et une grosse boulette de Kimpembe contre les Gones – ainsi qu’une incapacité à jouer son jeu ou se montrer dangereux lorsqu’il est en difficulté – comme ce fut le cas contre Monaco au Parc. Résultat: le Paris-Saint-Germain ne prend qu’un point sur douze possibles face à ses concurrents. Si Paris en est là, c’est donc qu’il a perdu trop de points lors de ses confrontations directes avec ces équipes. D’ailleurs, Verratti reconnaissait aux micros de Canal + après la défaite contre l’ASM “qu’en France il y a de grandes équipes. Ce n’est pas parce qu’on joue bien en Ligue des champions qu’ici ça va être simple [de gagner la L1].” Le message est donc clair: cette année, le PSG a une concurrence solide et endurante qui ne compte rien lui céder. Les hommes de Pochettino vont donc devoir inverser cette tendance négative lors de ses futurs matchs contre Lille et Lyon.
Néanmoins, Paris a aussi lâché des points à des équipes réputées plus faibles ou ne luttant pas pour le podium. Ce fut le cas lors des deux premiers matchs de la saison, avec la défaite à Lens (1-0) mais aussi contre l’OM (0-1). Au terme d’un match explosif contre Marseille (9 cartons jaunes pour 5 cartons rouges), le PSG s’incline pour la première fois de l’ère QSI au Parc contre son ennemi de toujours. Pis, pour voir le Paris Saint Germain s’incliner lors de ses deux premières rencontres de championnat, il faut remonter à la saison 1984-1985. Le PSG a aussi perdu face à Lorient et concédé des matchs nuls contre Bordeaux et Saint-Étienne, qui ont tous fait ressortir la suffisance dont font (trop) souvent preuve les Parisiens cette saison.
De Tuchel à Pochettino, deux entraîneurs en recherche de solutions tactiques
Un autre problème récurrent au sein de l’effectif du PSG est celui des nombreuses absences, ce qui a contraint Thomas Tuchel à redoubler d’inventivité pour combler ces manques. Le technicien allemand privilégiait un 4-3-3 (système qu’il a utilisé sur 9 matchs de L1). Néanmoins, ce système ne faisait pas l’unanimité au sein des supporters, notamment au milieu de terrain, où le coach faisait jouer Marquinhos en sentinelle, ce qui n’est absolument pas son poste.
Si Tuchel m’a fait jouer au milieu, c’est qu’il avait confiance en moi. J’ai trouvé ça gratifiant, même si au début, il est vrai que j’ai eu un peu de mal à comprendre ce qu’il attendait vraiment de moi. »
Marquinhos, au sujet des choix tactiques parfois hasardeux de Thomas Tuchel au PSG
En compensation, le coach descendait Danilo Pereira, milieu défensif, au poste de défenseur central du PSG. Si les performances des deux joueurs à ces postes avaient été flamboyantes, les critiques auraient certainement été plus tempérées. Néanmoins, les deux joueurs ne semblaient pas très à l’aise à ces postes qui n’étaient pas les leurs. Tuchel a quand même tenté d’autres compositions, avec 7 systèmes de jeu différents. Mais à 4 reprises, ces changements se sont soldés par des contre-performances comptables – surtout contre des concurrents directs. De son côté, Pochettino oscille entre 4-3-3 et 4-2-3-1 resserré, même s’il n’a pas eu le temps d’autant expérimenter que Tuchel.
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Cette “instabilité tactique” peut être due aux nombreuses absences qui rongent le groupe parisien. En effet, quand on s’attarde sur le Top 5 des joueurs les plus utilisés par le PSG en Ligue 1, on se rend compte que ce ne sont pas forcément les joueurs les plus bankable qui jouent le plus: Bakker est le joueur le plus utilisé depuis le début de la saison (à égalité avec Mbappé), ayant disputé 22 matchs sur 25 possibles. Viennent ensuite Herrera (21 matchs), Gueye (20 matchs) suivi par Sarabia et Di Maria (19 matchs). A l’inverse, Neymar n’a disputé que 11 petites rencontres sur 25. Kimpembe tourne à 17, Marquinhos pointe à 16, Verratti 15, et Icardi à seulement 13. Et lors de chaque contre-performance du PSG en championnat, plusieurs de ces éléments manquaient à l’appel.
Les performances offensives et défensives du PSG déclinent
D’un point de vue comptable, ce PSG est en déclin comparé à celui des trois saisons précédentes. D’abord sur la moyenne de points pris par match (2,13 cette saison). En comparaison, la saison dernière (2019-2020), ce ratio s’élevait à 2,52, celle d’avant à 2,40 (2018-2019) et il y a trois ans le PSG tournait à 2,45 points de moyenne (2017-2018). Même tendance pour la moyenne du nombre de buts marqués par match, qui est de 2,30 cette saison et donc en baisse par rapport aux 2,78 de l’année dernière (2019-2020), aux 2,76 de l’exercice 2018-2019 et aux 2,84 de 2017-2018.
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Autre exemple, sur la première moitié du championnat, les Parisiens sont restés muets à 4 reprises. Sur les 17 matchs de phase aller, Paris a réalisé autant de matchs sans marquer de but que sur les trois précédentes saisons cumulées – 2017-2018: 3 matchs sans buts; 2018-2019: aucun match sans but; 2019-2020: 1 match sans but. En plus de cela, le PSG tire moins au but mais concède aussi plus d’occasions, avec une moyenne de 10,65 tirs subis par match, contre 9,85 la saison précédente. Au niveau des expected goals, Paris aurait même dû concéder 9 buts de plus et a eu la chance de compter sur des attaquants adverses parfois peu adroits et un Keylor Navas bien souvent décisif.
Mauricio Pochettino n’a pris que 19 points sur ses 9 premiers matches depuis son arrivée au PSG.
Le plus faible total pour un coach parisien depuis l’ère QSI.
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— Actu Foot (@ActuFoot_) February 22, 2021
Toutefois, le PSG reste tout de même la meilleure attaque du championnat avec 57 buts marqués et la deuxième meilleure défense (après Lille) pour 17 buts encaissés. Bien qu’il ne soit plus aussi percutant que les saisons précédentes en L1, ce Paris-Saint-Germain reste tout de même solide et porté par Kylian Mbappé, meilleur buteur du championnat avec 16 réalisations.
Une course au titre plus que jamais palpitante
Si le PSG ne marche pas sur la Ligue 1 Uber Eats cette saison, c’est qu’il n’a pas su distancer ses concurrents lors de ses confrontations face à eux. Avec seulement 1 point sur 12 possibles face à Lille, Lyon et Monaco, le PSG nous offre une course au titre qui s’annonce palpitante. Par conséquent, c’est à l’occasion des matchs face à ces équipes-là que Paris va devoir mettre les bouchées doubles et s’imposer. En parallèle, le club devra veiller à ne plus concéder de points par excès de confiance contre des équipes réputées plus faibles. Mais, finalement, le fait est que cette pression nouvelle pousse les Parisiens; d’une part, à rendre le championnat de France davantage attractif; d’autre part, à se préparer à la Ligue des champions qu’il convoite tant.