En cette période si particulière où le monde du sport est à l’arrêt, Au Stade s’est intéressé à deux profils inspirants d’entraîneurs qui ont marqué l’histoire du football: Carlo Ancelotti et Sir Alex Ferguson. Ce dimanche, c’est le profil ainsi que le modèle de gestion de Carlo Ancelotti qui sont évoqués.
Carlo Ancelotti, un modèle de gestion
Carlo Ancelotti, fils de paysan, a connu une ascension fulgurante. S’il est également issu d’un milieu modeste, son parcours se distingue de celui de Sir Alex Ferguson sur de nombreux points. Tout d’abord, Ancelotti fut un grand joueur au Milan AC: il y a remporté deux Ligues des champions avant d’y connaître le même succès en tant qu’entraîneur – avant de remporter également deux C1 avec le Real Madrid. Dans son ouvrage Le leader tranquille paru en 2016, l’actuel entraîneur d’Everton revient sur son expérience d’entraîneur des plus grands clubs européens comme le Milan AC, le Real Madrid, le PSG ou encore Chelsea. Et on découvre que son style est unique et assez éloigné de celui de Sir Alex Ferguson.
Il y évoque tout d’abord ses relations avec les présidents aux égos surdimensionnés des différents clubs qu’il a côtoyé comme Berlusconi, Abramovitch ou encore Florentino Perez. Il admet que ces relations ont parfois étaient difficiles en raison de l’influence que certains présidents voulaient avoir sur le vestiaire comme Roman Abramovitch (Chelsea) qui descend dans les vestiaires malgré une victoire pour critiquer le style de jeu ou encore Florentino Perez (Real Madrid) qui reçoit les plaintes des joueurs remplaçants comme Gareth Bale. On retrouve également des critiques assez acerbes contre Leonardo qu’il considère comme le responsable de son départ du PSG après que celui-ci lui avait fixé un ultimatum: une victoire ou un départ.
Une grande proximité avec les joueurs
Ancelotti évoque longuement sa gestion des grands joueurs: celle-ci est basée sur une grande proximité et la sensation de former une famille. On retrouve d’ailleurs une anecdote croustillante démontrant sa pédagogie avec Rivaldo lorsqu’il avait décidé que celui-ci allait débuter un match sur le banc, Rivaldo lui avait rétorqué en parlant à la troisième personne: « Rivaldo n’a jamais été sur le banc. Non, Non, Rivaldo ne va pas sur le banc« . Ancelotti avait fait comprendre que cette décision visait à le protéger et à le préserver pour le prochain match qui était bien plus important.
Zlatan Ibrahimovic interrogera lui Carlo Ancelotti en lui demandant s’il croit en Dieu: après la réponse par l’affirmative de ce dernier, il répondra « Tant mieux, tu peux croire en moi« . Autre anecdote originale, un ancien joueur de Barcelone avait son ex-femme comme agent et celle-ci est venue voir Ancelotti en lui demandant: « Comment pouvez-vous lui proposer si peu d’argent ? Il doit nourrir, sa femme, ses enfants et moi« .
De la protection de ses troupes
Comme Sir Alex Ferguson, Ancelotti voyait comme un aspect essentiel de sa fonction la protection des joueurs et il allait même encore plus loin. Pour lui, la notion de groupe était essentielle: il voulait que les joueurs se sentent comme une famille et puisse compter les uns sur les autres. On voit l’importance de cette notion de famille lors de son arrivée au PSG: il a tout de suite constaté le manque d’infrastructures et la première chose qu’il a demandé a été la mise en place d’un service de restauration afin que les joueurs puissent partager des repas ensemble.
Parmi les qualificatifs pour décrire son style de management, on retrouve surtout: le calme, la compassion, l’autorité et la réflexion. Toutefois, on y apprend que Carlo Ancelotti pouvait par moment perdre son calme et hurler en italien sur ses joueurs lorsqu’il n’était pas satisfait par leur attitude. Zlatan déclare dans son livre que même les joueurs qui ne parlaient pas italien comprenaient Carlo. On y apprend également la fois où, par colère, Ancelotti avait shooté une bouteille d’eau qui avait heurté Zlatan en pleine face devant tout le vestiaire. Malgré cet évènement, Zlatan continuera de dire que Carlo Ancelotti est le meilleur entraîneur qu’il n’a jamais eu et son absence de réaction montre le respect qu’il porte à cet homme.
Les maux de Carlo Ancelotti
Il y a deux choses que Carlo Ancelotti ne supporte pas: le manque de respect et le manque d’investissement. Dans son livre, on apprend que le conflit entre un joueur et l’un de ses adjoints avait eu pour conséquence directe le départ du joueur. Il reconnait également que son style de management peut être considéré comme une faiblesse par les présidents de ses équipes lorsque ceux-ci se laissent influencer par la presse: on apprend notamment que Florentino Perez est venu lui demander d’allonger les entraînements alors que son équipe était en tête du classement en Liga à la suite d’un article de presse qui montrait que les joueurs du Real étaient parmi ceux qui faisaient les entraînements les plus courts. Vision partagée par d’autres présidents qui ont tendance à assimiler sa gentillesse à de la faiblesse.
Carlo Ancelotti évoque aussi son évolution à plusieurs reprises, notamment à Chelsea où le staff lui a été en partie imposé. D’abord réticent, il reconnaîtra dans son ouvrage que le fait que ces personnes soient là depuis des années ont largement facilité son adaptation et sa réussite. Finalement, avec son style calme et empathique, Carlo Ancelotti a réussi à tirer le maximum de ses joueurs. Il résume sa vision du management en ces mots: « Les joueurs font de leur mieux quand ils sont à l’aise« .
Crédits photo à la Une: Rufus46