Nous y sommes. Si la phase finale de l’Euro 2016 est ouverte depuis le 10 juin dernier, les matches à élimination directe commençaient ce samedi 25 juin avec, à l’affiche du premier huitième de finale, la Suisse face à la Pologne, à Saint-Etienne dans un chaudron totalement blanc et rouge. Les polonais sont venus à bout de l’équipe suissesse à l’issue de la séance de tirs au but, les deux équipes n’ayant pu se départager après 90 minutes ni lors des 30 minutes de prolongations (1-1, 5 tirs aux buts à 4).
Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce match a magnifiquement lancé ces huitièmes de finale, et que l’ensemble des acteurs ont donné du plaisir, offrant aux téléspectateurs une multitude de situations particulières. La compétition est lancée, et le premier pays quart de finaliste de l’Euro 2016 est la Pologne. Décryptage d’un match qui aurait pu basculer d’un côté comme de l’autre.
LE MATCH : La Nati pourra nourrir quelques regrets
Quel match… Dès l’entame de cette partie, tout Geoffroy Guichard a compris que cette confrontation serait débridée. Quelques secondes après le coup d’envoi, les polonais ont failli trouver le chemin des filets suisses. Suite à un mauvais dégagement du gardien Sommer, bien pressé par Lewandowski, le ballon atterrit dans les pieds de Milik qui enchaîne très rapidement avec une frappe, mais le cadre se dérobe. Première chaude alerte pour le camp suisse qui mettra 15 bonnes minutes à rentrer dans le match, totalement maîtrisé par les Aigles Blancs. La Nati remonte à la surface et respire à partir de la 10ème minute. Après l’un des seuls si ce n’est le seul débordement réussi par Shaqiri, le joueur de Stoke City sert en retrait Dzemaili, qui rate sa reprise du pied gauche et qui dévisse sa frappe.
Dès lors, le jeu se rééquilibre, la Suisse repose le pied sur le ballon pour amorcer quelques attaques placées, sans véritablement inquiéter la défense polonaise. Les polonais, à l’inverse, impose beaucoup de rythmes dès qu’ils sont en possession du ballon, en remontant rapidement le ballon vers l’avant. A la 38 ème minute, c’est encore Dzemaili qui tente sa chance en dehors de la surface de réparation, sa frappe détournée par Pazdan oblige Fabianski, le portier polonais, à sortir ce ballon en corner. Mais sur le corner, la Pologne se projette très rapidement vers l’avant. Fabianski relance à la main sur le côté gauche vers Grosicki qui part à grandes enjambées vers la surface de la Nati. Après un premier contre favorable, il rentre dans les 16 mètres 50 rouges, adresse un ballon vers Milik, qui s’efface intelligemment pour Błaszczykowski, seul au deuxième poteau, et qui ajuste tranquillement Sommer et ouvre le score (0-1, 41ème minute) ! La Pologne mène donc 1-0 à la pause, un score logique au vu de l’inefficacité des suisses qui sont restés dans l’ensemble assez inoffensifs.
En revanche, au retour des vestiaires, c’est une toute autre équipe rouge qui rentre sur le terrain. Il serait intéressant de savoir ce que le sélectionneur de la Nati a soufflé à l’oreille de ses joueurs, car c’est une formation helvète totalement remobilisée qui fait son apparition. Et dès la 51ème minute, c’est Xherdan Shaqiri, qui sonne la révolte en déclenchant un missile aux 20 mètres, prudemment repoussé des deux mains par Fabianski. Le gardien remplaçant de Szczęsny fait plus que rendre service. Il sauve littéralement les polonais dans cette rencontre. A la 73ème minute, le coup franc suisse superbement bien tiré par Rodriguez, prenait la direction de la lucarne. Mais l’ancien gardien d’Arsenal en a décidé autrement, en se détendant de tout son long pour sortir ce ballon du bout des doigts en corner.
Les polonais reculent et laissent le jeu en faveur des suisses. Lewandowski, tente une frappe de loin à un quart d’heure du coup de sifflet final, mais l’attaquant bavarois, qui est l’ombre de lui-même depuis le début de la compétition, veut faire la différence tout seul en oubliant ses partenaires. La Suisse s’en remet à l’une de ses stars, Xherdan Shaqiri, pour revenir dans la partie. Et de quelle manière. Après un centre repoussé par un défenseur polonais, le numéro 23 helvète réalise une reprise acrobatique « en ciseaux », qui vient toucher la base intérieur du poteau avant de faire trembler les filets de Fabianski. La délivrance pour les suisses est venue d’un geste exceptionnel, qui permet à la Nati d’arracher les prolongations (1-1, 82ème minute).
Lors des prolongations, nous pouvions penser que les organismes des deux formations étaient atteints. Mais les joueurs suisses ont continué de pousser et ont dominé lors des 30 minutes supplémentaires. Et ils ont bien failli décrocher leur billet pour les quarts de finale. A la 113ème minute, le métronome suisse Shaqiri, au centre du jeu, sert Derdiyok par dessus la défense polonaise. Mais l’attaquant rouge, entré en jeu à la 70ème minute, voit sa tête croisée magnifiquement claquée par Fabianski, qui réalise là un arrêt de très grande classe. Coup de sifflet final. Les deux équipes vont donc devoir se départager lors de la terrible séance de tirs aux buts, lors de laquelle Granit Xhaka, néo-gunner, manque le cadre d’une frappe coup du pied dévissée. Les polonais, quant à eux, ne manquent aucun de leurs tirs aux buts, et se qualifient donc pour les quarts de finale de l’Euro 2016, après la transformation en puissance du tir au but décisif par Krychowiak (5 tab à 4).
LE FAIT : Le plus beau but de l’Euro 2016 est signé Xherdan Shaqiri
Lors de cette rencontre très ouverte et très intense, l’homme du match côté suisse se nomme Xherdan Shaqiri. Le joueur de la Nati, critiqué après ses performances très moyennes lors de la phase de poules, avait pourtant démarré ce match avec le frein à main, à l’image de son début de compétition, avec une première période où il n’aura pas su se rendre dangereux. Mais en deuxième période, Shaqiri a pris les choses en main, et démontré qu’il était un joueur pétri de talent. Et ce but à la 82ème minute en est la plus belle preuve. Quel but… Un grand merci à ce grand joueur d’1m69 pour ce bijou qui a régalé le monde du football.
LES NOTES de la rédaction :
Suisse
Sommer (6) – Lichtsteiner (6,5), Rodriguez (6), Schär (5,5), Djourou (5,5) – Xhaka (6), Behrami (5) – Mehmedi (5,5), Shaqiri (7), Dzemaili (5,5) – Seferovic (5) – Embolo (5), Derdiyok (5,5), Fernandes (5,5)
Pologne
Fabianski (7,5) – Pazdan (6), Glik (6), Piszczek (5,5), Jędrzejczyk (5,5) – Maçzynski (6), Krychowiak (5,5), Grosicki (6), Blaszczyykowski (6,5), Milik (5,5) – Lewandowski (4,5) – Jodlowiec (5), Peszko (5)
Photo à la une: Getty Images