En 2018 est introduit dans les règles du football la « Video Assistant Referees », abrégée en VAR. Ce dispositif met en place des arbitres assistants vidéo pouvant intervenir durant les matchs dans le but d’aider l’arbitre central. Censée rendre plus justes les décisions arbitrales, les critiques autour de la VAR persistent. Alors, réelle avancée ou réel échec des fédérations ?
Une aide censée être nécessaire au bien-être du football
En 2012, l’IFAB (International Football Association Board) introduit la goal-line technology pour confirmer certains buts. L’arbitrage vidéo existait déjà au tennis avec le Hawk-Eye mais également en NBA (depuis 2007) ou au rugby (depuis 2006 en Top 14). Dans cet élan de proposer un football plus juste, on teste en 2016 l’assistance d’arbitres en dehors du terrain scrutant toutes les caméras autour du match. La Coupe du monde 2018 masculine et celle féminine de 2019 utilisent ce dispositif, ce qui marque le début de l’internationalisation de la VAR.
Visionnant et informant l’arbitre des différents litiges possibles, la VAR est optionnelle dans les compétitions. Les assistants de la VAR sont directement en contact avec l’arbitre central à qui la décision finale revient. Le but est donc de faire strictement appliquer les règles du football. Pour Gianni Infantino, le président de la FIFA, « la VAR donne et apporte plus de justice au jeu. Elle rend le jeu plus propre, elle aide les arbitres à prendre des décisions correctes. » Le souhait des institutions est alors d’aller vers un football de plus en plus axé sur le respect des règles. Mais ce dispositif présente tout de même certaines limites.
De nombreuses critiques
Rendant (théoriquement) plus juste les décisions, la VAR est cependant sous le feu des critiques. Et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, la décision revient à l’arbitre central, qui peut choisir ou non de prendre les conseils de la vidéo assistance. Par ailleurs, les décisions changeantes interviennent souvent dans un moment de flottement gênant empêchant la célébration des joueurs et des supporters. L’exemple du but qualificatif lors du quart de finale de la Ligue des champions 2019 opposant Manchester City à Tottenham illustre bien le mécontentement que peut apporter la VAR.
Alors que le score était de 4 à 4, Tottenham était virtuellement qualifié avec les buts à l’extérieur. Sterling inscrit le but de la qualification à la 90e+3 faisant lever l’Etihad Stadium comme un seul homme. Un stade qui s’éteindra une minute plus tard suite à l’arbitrage vidéo. C’est depuis ce moment que pour les supporters mancuniens, « le football est mort ».
The exact moment football died. Haven’t celebrated a goal since. pic.twitter.com/SCrdBEh8xz
— SerMM91 (@SerMM91) March 15, 2021
La VAR fait peut aussi faire débat lorsqu’elle n’est pas demandée par l’arbitre central. Mais d’autres cas peuvent aussi faire polémiques. Certains litiges peuvent parfois se jouer au millimètre et dépendent donc de l’interprétation de l’arbitre. Pour l’ancien arbitre français Tony Chapron, l’arbitrage relève d’une interprétation et n’est pas scientifique:
Le foot n’est qu’interprétation. Ce n’est pas scientifique, ni binaire et c’est ce qu’on n’arrive pas à comprendre. Ni à comprendre que la VAR est une escroquerie. Avec Michel Platini, on n’avait pas la même analyse, mais on arrivait à la même conclusion: cela ne peut pas marcher. »
Tony Chapron, au sujet de la VAR
Finalement, que penser de l’assistance vidéo ?
Force est de constater que les décisions erronées dans l’arbitrage restent un fardeau pour les clubs. Avec la VAR, elle ont tout de même été diminuées d’environ 70%, d’après la Direction Nationale de l’Arbitrage. Son acceptabilité auprès des acteurs du sport diffère au prisme de l’émotion. Si les décideurs du foot européen restent globalement des partisans de la VAR, la réglementation propre du football devrait évoluer: c’est notamment le cas pour les mains, dont l’interprétation à la vidéo peut faire débat. Il n’en reste pas moins qu’une bonne partie des fans ne l’accepterons jamais.