En dépit d’une qualification pour la prochaine Ligue des champions, tout n’est pas rose à l’Olympique de Marseille. Symbole de cette situation si particulière: la situation d’André Villas-Boas, qui a lié son avenir à des moyens suffisants pour bien figurer en Ligue des champions l’an prochain et au maintien de Zubizarreta au poste de directeur sportif. Potentielle, la perte de Villas-Boas pourrait s’avérer éminemment difficile à compenser pour l’OM. Dossier.
Villas-Boas, un entraîneur symbole du renouveau de l’OM
L’été dernier, André Villas-Boas débarquait à l’OM après des expériences mitigées en Chine et en Russie. Beaucoup s’interrogeaient sur le bien fondé de cette arrivée après une année galère et le départ de Rudi Garcia. En effet, celui qu’on appelait « The Special Two » après des années passées aux cotés de José Mourinho, avait tout d’une énigme avec son recrutement estampillé Andoni Zubizarreta. Il n’aura finalement fallu que quelques semaines à André Villas-Boas pour faire l’unanimité auprès des joueurs de l’OM, des observateurs et surtout des supporters. Au final, l’OM s’est brillamment qualifié pour la Ligue des champions après avoir été le principal adversaire du PSG tout au long de la saison.
Une saison aboutie avec l’OM
André Villas-Boas est celui qui symbolise le mieux cette saison réussie; il est celui qui en dépit de moyens limités et d’un effectif affaibli a réussi à faire de l’OM un brillant 2e, second du Paris Saint-Germain. Au point d’être cité parmi les meilleurs entraîneurs de Ligue 1. De plus, au-delà de ses indéniables qualités, l’entraîneur marseillais brille par sa communication. En effet, à l’opposé de Rudi Garcia, le technicien portugais ne profite jamais d’une conférence de presse pour rejeter la faute sur ses joueurs. Il sait également utiliser la presse pour faire passer des messages à ses dirigeants notamment sur les conditions liées à son avenir à l’OM.
Mais en dépit de cette saison réussie, l’avenir de l’entraîneur marseillais demeure lui très incertain en raison de la situation financière du club qui pourrait être incompatible avec ses ambitions mais aussi de son attachement à une autre figure du club: Andoni Zubizarreta, le directeur sportif dont il est très proche et dont la position a été fragilisée au cours de ces derniers mois.
Villas-Boas, des revendications
Si un homme est responsable de la venue d’André Villas-Boas à l’OM, c’est bien le directeur sportif Andoni Zubizarreta. En effet, le technicien portugais et l’ancien gardien du Barça semblent très liés au point que l’entraineur marseillais a plusieurs fois lié son avenir à celui de l’Espagnol dans la presse. D’ailleurs, Andoni Zubizarreta avait déjà contacté André Villas-Boas en 2013 afin que celui-ci devienne le nouvel entraîneur du Barça, sans que cela n’aboutisse à l’époque.
L’avenir des deux hommes semble indubitablement lié depuis l’arrivée au club en décembre de Paul Aldridge en tant conseiller spécial en charge de vendre des joueurs en Angleterre sans qu’Andoni Zubizarreta ni André Villas-Boas n’aient été consultés. Cette arrivée a pu paraître comme un désaveu pour Andoni Zubizaretta, souvent accusé de ne pas savoir vendre les meilleurs joueurs de l’effectif. Cet évènement a été très mal perçu par André Villas-Boas qui avait déclaré à l’époque qu’il lierait son avenir à celui d’Andoni Zubizarreta si celui-ci devait quitter le club.
Villas-Boas, un refus de la figuration
L’autre revendication d’André Villas-Boas est celle d’un effectif qualitativement et quantitativement capable de bien figurer en Ligue des champions et en championnat. « On va parler avec le club, le plus important pour moi est de comprendre un peu ce qu’il va se passer d’un point de vue structurel. Je dois comprendre plus ou moins si les personnes qui sont à mes côtés, c’est-à-dire Andoni et Albert (Valentin, ndlr), seront toujours des personnes avec du pouvoir ou non. Ça, c’est le plus important. Moi comme entraîneur et eux comme directeur sportif et directeur du scouting ne voulons pas faire de la figuration », a-t-il ainsi déclaré sur les ondes de nos confrères de RMC Sport.
Avant de spécifier: « On doit et on veut avoir le pouvoir pour exécuter les décisions. Je veux comprendre plus ou moins où est-ce qu’on va, combien on peut faire d’investissements. Si le club me veut, ou s’il ne me veut pas et dans ce cas pas de problème. Juste, il s’agit de comprendre ce types de choses qui sont claires et basiques et qui, à la fin, font des bons ou des mauvais projets. » Force est de constater que ces déclarations sans équivoque ont pour principal objectif de placer une pression sur les dirigeants de l’OM, Jacques-Henri Eyraud en premier lieu.
A l’OM, Eyraud va devoir faire des miracles
Ces propos d’André Villas-Boas ne sont pas anodins lorsque l’on connaît la situation économique de l’Olympique de Marseille, avec une déficit estimé qui pourrait dépasser les 100 millions d’euros avec la crise du coronavirus Covid-19. D’autant plus que l’octroi d’un prêt à la LFP par la BPI d’un montant de 500 millions d’euros, distribué entre tous les clubs professionnels, ne devrait pas significativement améliorer l’état dans lequel se trouvent les caisses de l’OM… Ainsi, l’OM, qui bénéficie déjà d’un effectif réduit, va devoir vendre pour éviter d’importantes sanctions de l’UEFA, ou, pire, la crise.
En ce sens, selon le quotidien L’Equipe, l’OM devrait vendre 3 de ses principaux éléments: Duje Ćaleta-Car (23 ans), Bouna Sarr (28 ans) et de Morgan Sanson (25 ans). Si la vente de ces 3 joueurs devraient permettre à l’OM de combler une bonne partie de son déficit, celle-ci affaiblirait considérablement un effectif déjà court en terme de qualité et de quantité. Ainsi, il reviendra à Jacques-Henri Eyraud de donner les moyens à Andoni Zubizaretta et à André Villas-Boas d’avoir un effectif capable de bien figurer dans les différentes compétitions. Si cette équation est difficile à résoudre pour le président du club marseillais, celui-ci va devoir faire preuve de créativité au risque de voir partir le technicien portugais. Qui plus est: la dernière campagne marseillaise en Ligue des champions (2013), avec un zéro pointé en phase de poules, demeure une humiliation entre dans tous les esprits. Une désillusion que les supporters de l’OM ne pourraient pas revire une seconde fois; Jacques-Henri Eyraud n’a donc d’autre choix que de fournir un effectif de qualité à André Villas-Boas.
Crédits photo à la Une: fc-zenith.ru