En s’offrant l’un des touts meilleurs joueurs du football mondial, le PSG a frappé un très grand coup sur le marché des transferts. Ce deal, qui paraissait impossible, donne une nouvelle dimension à la Ligue 1, mais ouvre surtout de larges perspectives au club de la capitale sur la scène européenne. Au Stade décrypte cet incroyable feuilleton qui a tenu le monde du football en haleine trois semaines durant.
Nous sommes le 10 juillet. Le PSG a officialisé la venue du latéral Yuri Berchiche en provenance de la Real Sociedad trois jours plus tôt. Les fans sont inquiets. Inquiets d’un certain mutisme qui accompagne la rubrique transferts de leur club de cœur depuis l’ouverture du mercato le 11 juin. Aubameyang ou Alexis Sanchez sont les joueurs les plus proches de signer au PSG, toutefois sans réelle garantie de leur arrivée. Après le mercato complètement manqué de l’été précédent (Krychowiak, Ben Arfa, Jese…), Antero Henrique, nouveau directeur sportif du club de la capitale, n’a pas le droit à l’erreur.
Deux jours plus tard, première surprise du côté du Parc des Princes. Annoncé à Manchester City à 99,9%, le latéral de la Juventus Turin Daniel Alves s’engage libre avec le PSG. Un premier coup de théâtre qui rassure les supporters et apporte du leadership à un groupe qui a essuyé une remontada soit dit en passant. Une semaine plus tard, le 18 juillet, les choses s’emballent. La presse brésilienne est unanime: Neymar est enclin à rejoindre le PSG. Les supporters veulent d’abord croire à une machination du clan de la star Brésilienne, qui cherche une revalorisation au Barça. Que nenni. Les jours passent et la rumeur enfle. Elle s’empare des colonnes des journaux pro-Barça, Sport et Mundo Deportivo. Sur les terrasses barcelonaises et aux abords de la Sagrada Família, l’inquiétude monte.
Une propagation éclair
Chaque jour, de nouveaux éléments viennent s’ajouter à un dossier d’ores et déjà explosif. L’institution FC Barcelone tente de calmer les choses et en appelle à ses joueurs pour tenter de retenir leur pépite. Plusieurs médias catalans confirment alors que Messi et Suarez auraient convaincu le joueur de rester. Le FCB est alors à Miami en tournée de préparation. Le joueur est même annoncé non partant par Piqué sur Twitter. « Se queda« . « Il reste« . Deux mots pour légende accompagnant un selfie du défenseur emblématique du FCB avec Neymar. Les médias catalans restent divisés. La presse écrite (Sport) est convaincue que le numéro 11 restera. Certaines radios (Radio Catalunya) demeurent pessimistes.
Le FC Barcelone brille lors de l’International Champions Cup aux États-Unis. Opposé à la Juve (2-1), à Manchester United (1-0) et au Real Madrid (3-2), dans le premier Clasico disputé hors du territoire espagnol, le club s’appuie alors sur… Neymar, qui présente des statistiques impressionnantes (3 buts, 2 passes décisives) pour cette remise en jambe. Malgré ce bien-être sur le terrain, le transfert ne tombe pas à l’eau; il se finalise. Le PSG va payer la clause de 222 millions d’euros, un montant revu à plus de 300 millions avec les charges. Le club français tente sans grands espoirs de négocier avec le Barça pour adoucir le prix à 250 millions dans un transfert direct, non-chargé.
Nous sommes désormais le lundi 31 juillet. Presque deux semaines ont passé depuis le début de la rumeur. Neymar est toujours un joueur du Barça. Parti en Chine dans le cadre d’une tournée publicitaire le joueur continu à s’afficher serein sur ses stories Instagram. De retour à Barcelone mardi soir, les choses vont désormais aller très vite. Le mercredi 2 août restera sans conteste une journée très forte en émotion pour le joueur. Ce dernier fait ses adieux à ses compagnons. Le communiqué du FCB tombe. Le joueur va partir. Jeudi, le FCB accepte le paiement de la clause par les représentants du joueur. Ce dernier, reclus chez lui tout la journée dans les hauteurs de Barcelone, signe officiellement le contrat de cinq ans assorti d’un salaire de 30 millions d’euros annuel , qui le place juste derrière Tévez (38 millions d’euros en Chine) dans l’échelle des rémunérations footballistiques.
Le joueur s’exprime publiquement sur Instagram jeudi soir. Il y remercie le club blaugrana, et explique que le « temps était venu de partir« . « J’ai accepté la proposition du PSG car j’ai besoin de nouveaux défis. Je veux aider le club à remporter les titres tant espérés par les fans (…) Paris sera ma nouvelle maison pendant les prochaines années et je travaillerai dur pour rendre la confiance que le club a placé en moi (…) Cette décision a été difficile à prendre, mais je l’ai prise avec la maturité que j’ai accumulé durant 25 ans. Je remercie le FC Barcelone pour tout ! Paris SG, j’arrive !« . Le lendemain, vendredi, le nouveau numéro 10 du PSG livrait sa première conférence de presse avec le club. Il y explique « avoir écouté son coeur » pour rejoindre la France. Invité à pénétrer sur la pelouse, le Brésilien fait étalage de toute sa technique et s’avance ensuite sur le tapis rouge où il est pris dans un bain de foule immense. Les ultras sont venus nombreux pour monter tout l’émoi que son arrivée suscite. Craquages de fumigènes à la clé. Le joueur s’intègre parfaitement. Il s’entraîne pour la première fois à 18h ce même vendredi. Pour des raisons administratives, il ne pourra pas joueur contre Amiens en ouverture de la saison du PSG au Parc ce samedi. Ces grands débuts en Ligue 1 s’effectueront donc au Roudourou, contre Guingamp, dimanche prochain à 21h.
Neymar, un dossier sensible
Dire que le départ de Neymar est mal passé à la LFP espagnole est un euphémisme. Javier Tebas, le président de l’institution, s’est insurgé dans les grandes largeurs contre l’argent débloqué par le PSG pour payer la clause libératoire du joueur. Ce dernier parlait même de « tricherie illicite » dans les colonnes de L’Équipe, jeudi dernier. « Le PSG est un club qui, dans les faits, est financé par un État, le Qatar (…) Ses chiffres économiques sont fictifs« . Placé à la tête de la LFP en 2013, Tebas garanti que son institution ne pouvait « pas rester les bras croisés » devant cette concurrence déloyale. Un large panel d’actions va d’ailleurs être mis en application, a-t-il mis en garde. L’UEFA en particulier, puisque le PSG est accusé de fausser la Ligue des champions. La LFP a d’ailleurs tenu à retarder un maximum le transfert de la star brésilienne en refusant, dans le cours de la journée de jeudi, les 222 millions d’euros permettant la levée de la clause, apportés par Juan de Dios Crespo, un avocat spécialisé en droit du sport, accompagné d’un notaire. Néanmoins, l’institution n’a pas le pouvoir d’empêcher un tel transfert. On peut voir dans le comportement de Tebas de la résignation. Une résignation qui tient au fait que la Liga perd pour la première fois un de ses top joueurs, en partance pour un championnat « mineur ». Les conséquences de ce départ en terme d’images et de droit TV devront être mesurées sur le long terme, mais Neymar à Paris, pour l’attractivité de la Liga, ce n’est pas anodin.
Plus de 100 millions d’euros par an
Acheter Neymar ce n’est pas faire les soldes. Les dirigeants parisiens l’ont appris aux dépends de leur portefeuille. Pour s’assurer une plus-value sportive indéniable, le club de la capitale a dû y mettre les moyens. Le prix de la clause fait déjà froid dans le dos: 222 millions d’euros. Le PSG pourvoira le joueur d’un salaire pléthorique: 30 millions d’euros par saison. Un montant qui s’accompagne de charges, de primes et autres commissions. Si bien que pour amortir de telles dépenses sur 5 saisons, la durée du contrat signé par le joueur, le club de la capitale devra débourser entre 110 et 120 millions par saison. Des chiffres fous qui poussent les dirigeants du club a envisager des sacrifices dans l’effectif, et cela chaque été. Cette saison, les indésirables (Krychowiak, Jese, Ben Arfa) seront priés de voir ailleurs, tandis que d’autres (Aurier, Matuidi, voire Di Maria) seront vendus à bon prix. Néanmoins, l’apport marketing du joueur sera sans nul doute retentissant sur les finances du club. Le PSG peut en effet désormais envisager un parcours prolongé en C1, qui apporterait une manne financière indéniable. De quoi envisager ce transfert comme une incroyable affaire et non comme un facteur poussant le club à vendre en masse.
Neymar, un apport incontestable
Dans le célèbre trident MSN, voler le N paraissait impossible. C’est ce dernier qui a porté le club blaugrana tout au long de la saison. Il porte quasiment l’exclusivité de la remontada face au PSG sur ses épaules. Dans une saison 2016-17 durant laquelle Messi est sorti de sa boîte par intermittence et Suarez n’a pas laissé de souvenir impérissable, le Brésilien a été le joueur le plus en vue. Ces dribbles sont toujours aussi dévastateurs, autant que ses statistiques (20 buts et 19 passes décisives en 46 rencontres officielles, ndlr). Néanmoins le Ballon d’Or ne lui reviendra pas. En Liga, le joueur reste à l’ombre de Messi et Ronaldo, qui monopolisent toute la lumière. Le protectionnisme Messi a coûté au Barça son fer-de-lance.
L’apport pour le PSG est incontestable. Capable de faire des différences à chaque moment de la partie, le capitaine de la Selecao n’aura d’autant plus aucun mal à s’adapter puisque qu’il retrouvera ses grands potes Dani Alves, Marquinhos et Lucas du côté du Camp des Loges. Le PSG a donc trouvé sa méga-star, nécessaire pour lui faire passer un palier sur le plan sportif et marketing. Les maillots parisiens floqués Neymar numéro 10 vont sans conteste s’écouler rapidement à un bon prix (aux alentours de 150 euros). Vendredi, premier jour de vente, et premières ruptures de stock avec 10 000 « précieux sésames » écoulés, soit presque 1,5 millions d’euros de recettes. Mais le club s’offre surtout de véritables perspectives en Ligue des champions. Balayé par le Barça de Neymar en huitièmes de finale de la dernière édition, le club parisien s’est donc offert son ancien bourreau pour ne plus revivre tel affront. Avec un joueur du Top 3 mondial, le PSG est entré dans une nouvelle dimension. Son association annoncée avec Cavani, qui tient la comparaison avec Luis Suarez, Pastore et Di Maria, qui n’égalent certes pas Messi mais sont aussi Argentins, fait déjà saliver.
Crédits photo à la une: Alex Fau