Après avoir concédé une défaite 2-1 lors du match aller sur le terrain de Fenerbahçe, les hommes de Leonardo Jardim se sont imposés 3-1, à Louis II ce mercredi, grâce à un doublé de Valère Germain (3e, 66e) et à un but du revenant Radamel Falcao (18e). Les monégasques sont qualifiés pour les barrages de la Ligue des Champions, ils connaîtront leur adversaire ce vendredi.
Il est souvent plus facile d’estimer la valeur des choses qui nous appartiennent lorsqu’elles sont entre les mains d’autres individus, et d’autant plus si les éléments que nous avions initialement prévus pour les remplacer ne nous apportent pas satisfaction. Il est alors plus évident de les récupérer et de se rendre légitimement compte de leurs qualités intrinsèques, l’indésirable redevant alors pleinement désirable. C’est cette expérience qu’a pu faire l’AS Monaco – en dehors du fait que les Hommes ne soient pas des choses – à l’issue des retours de prêt de Valère Germain et Radamel Falcao. Mercredi soir, les deux attaquants ont guidé l’ASM vers la qualification pour les barrages de la Ligue des Champions malgré son revers logique lors du match aller à Istanbul (1-2). Germain a en effet rapidement ouvert le score (3e), bientôt imité par Falcao sur penalty (18e). Et si Fenerbahçe est parvenu à réduire la marque et revenir dans la partie grâce à Emenike (53e), c’est finalement le joueur prêté à Nice l’an passé qui a scellé le score (66e) et permis à Monaco de réussir son premier gros test de la saison.
Contrairement à ce qu’ils avaient produit en Turquie la semaine dernière, les Monégasques auront surtout eu la bonne idée de réaliser une entame de match tonitruante. Alimentée par un pressing coordonné ainsi qu’un gros engagement physique, celle-ci s’est rapidement faite le témoin d’une complémentarité naissante entre les joueurs de l’effectif asémite. C’est ainsi qu’une récupération haute de Fabinho permettait à Falcao – capitaine mercedi soir – de parfaitement lancer son compère d’attaque Valère Germain dans la profondeur, lequel ne se faisait pas prier pour immédiatement faire basculer l’ASM en tête sur l’ensemble des deux confrontations (1-0, 3e). Un quart d’heure plus tard, le décalage de Sidibé pour Nabil Dirar offrait même un penalty aux joueurs de Leonardo Jardim suite à un tacle non maîtrisé de Kaldirian dans la surface. Passeur décisif sur l’ouverture du score et déjà buteur lors du match aller, Falcao se chargeait d’exécuter la sentence en prenant Taskirian à contre-pied (2-0, 18e).
Germain taille patron
Pourtant, en dépit de leur début de match particulièrement intéressant, les joueurs du Rocher ont par la suite laissé transparaître le spectre d’un match aller bien moins convaincant. L’avènement de ces difficultés commençait avec la sortie prématurée de Falcao (45e), touché à la cuisse gauche sur un beau mouvement initié par Lemar. Moins entreprenants et moins incisifs, les Rouges et Blancs se sont un peu laissés endormir et se sont mis en difficulté en négligeant leurs relances. Ucan avait déjà profité d’un certain laxisme de la défense monégasque pour se faire dangereux en fin de première mi-temps (38e), tandis qu’Emenike trouvait la barre au retour des vestiaires (51e). Auteur d’un doublé à Istanbul, Emenike, laissé seul au point de penalty – quoique peut-être légèrement hors-jeu –, bénéficiait finalement de l’apathie de ses adversaires pour remettre les Turcs en selle au score cumulé (2-1, 53e). La cohérence tactique du club de la Principauté fut alors complètement mis en péril, le milieu de terrain ne parvenant plus à faire le lien entre la défense et l’attaque. La situation aurait même pu tourner dangereusement si Benjamin Mendy avait été sanctionné d’un penalty après avoir contré le ballon de la main dans la surface de réparation (57e).

Radamel Falcao est très incertain pour les barrages. (Photo d’archives: Getty Images/Jean Paul Thomas)
Pour ce Monaco aux facettes diverses, il fallait finalement un facteur X pour faire basculer les choses dans le bon sens. Au cœur de la brume, Valère Germain a restauré le doux parfum des belles soirées européennes en propulsant au fond des filets une remise intelligente de Nabil Dirar (3-1, 66e). Bien aidés par leur homme providentielle, les Monégasques se sont alors facilités la tâche et n’ont plus tremblé face à des Turcs émoussés physiquement. Sorti sous une standing ovation (90+2e), Germain s’est fait le penchant convaincant, agréable et conquérant d’un Janus à l’allure tant séduisante qu’elle peut se révéler fébrile et inquiétante. La ligne offensive du Rocher est un sérieux gage de réussite pour ses prochaines échéances – en attendant de connaître la durée de l’indisponibilité de Falcao. Mais, lors des barrages, l’ASM devra bien prendre garde au visage qu’elle choisira de présenter. Les enjeux, tant économiques que sportifs, appellent à de réelles responsabilités. Surtout quand l’adversaire pourrait s’appeler l’AS Rome, le FC Porto, ou encore Manchester City.
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