Avec l’éviction de Frédéric Hantz et la nomination d’un éphémère duo d’auditeurs Jean-Louis Gasset/Ghislain Printant qui, le lendemain, s’est transformé en confirmation sur le banc de l’éternel adjoint de Laurent Blanc, l’on pouvait penser que le bon Président Nicollin avait une fois de plus étouffé toute tentative de partage du pouvoir au sein du club.
Alors que la révolte grondait en interne et chez les supporters et que Hantz avait asséné quelques vérités cachées jusqu’alors, l’arrivée surprise d’un fidèle parmi les fidèles de Loulou semblait témoigner d’une reprise en main des troupes ou de l’ultime cartouche tirée à la desperado par le dinosaure du mas Saint Gabriel. Et la toute première composition d’équipe du nouvel entraîneur, lors du match de la peur face à Bastia, semblait abonder dans le sens du repli sur soi en battant le sempiternel rappel des valeurs ancestrales du club: la fidélité et la combativité. En effet, seule une des 5 recrues hivernales, le tchèque Lukas Pokorny, était alignée d’entrée de jeu, le coach indiquant qu’il ne voulait pas lancer trop vite les autres jeunes joueurs qui ne connaissaient ni le contexte ni ne possédaient l’expérience nécessaire pour un match de cet enjeu.
Et avouons-le la première période fut difficile et malgré le score de 1 but partout à la pause, les bastiais terminaient en force et l’angoisse montait chez les supporters pailladins. Avec cette question délicate certes mais bien réelle: la nomination d’un homme du sérail, proche parmi les proches de Louis Nicollin, mais dramatiquement meurtri dans sa vie, était-elle la solution adéquate à l’heure où la révolte et la sur-motivation devaient envahir le groupe pour sauver le club en péril ? Et bien l’interrogation a duré juste 60 minutes, le temps de voir que Jean-Louis Gasset, réputé féru de tactique, n’avait pas été adjoint de Laurent Blanc pour rien, et que les années sur le banc à Bordeaux puis en équipe de France et enfin au PSG, lui avaient permis de fréquenter le très haut niveau et d’en tirer de profitables leçons. Donc à la 61e minute du match face à Bastia, c’est à dire encore tôt dans la partie, le coach va procéder à deux remplacements qui vont totalement modifier la physionomie de la rencontre. Jonathan Ikone et Isaac MBenza font leur apparition, deux jeunes attaquants et le MHSC s’imposera sur un but de Steve Mounié magnifiquement servi par l’entrant Ikone. Premier enseignement du match: Jean-Louis Gasset sait réagir en cours de rencontre, n’hésitant pas à modifier ses plans et à prendre des risques, c’est donc un premier coaching gagnant.
Se présente ensuite le leader monégasque à La Mosson. Ne voulant pas s’exposer et laisser de l’espace aux attaquants adverses, Gasset choisit une équipe attentiste qui va jouer bas et tenter de surprendre l’armada princière en contre. Exit la pointe Steve Mounié, placée sur le banc, et place à la vivacité avec les Dolly et MBenza sur le front de l’attaque. Sauf que, suite à 2 erreurs défensives précoces (le péché mignon pailladin) l’ASM mène 2 à 0 aux bout de 20 minutes ! Là encore correction immédiate du coach du MHSC: entrée de Steve Mounié à la 25e minute en point d’appui afin de remonter le bloc équipe et de presser haut dans la surface adverse.
Et changement radical de la physionomie du match. Le MSHC s’enhardit, devient très dangereux sur le but monégasque, réduit le score dès l’entame de la seconde période puis accule son adversaire dans ses 18 mètres. Et rate d’une barre une égalisation méritée. A voir le soulagement de Léonardo Jardim serrant les poings au coup de sifflet final, on comprend que le leader monégasque n’avait jamais été autant bougé cette saison dans le jeu. Jardim confirmera ensuite que l’entrée de Mounié avait complètement changé le cours du match. Seconde rencontre pour Jean-Louis Gasset et second coaching « presque » gagnant !
Troisième levée ensuite avec un déplacement à Nancy qui restait sur 6 victoires lors de ses 7 derniers matchs à domicile. Pour le MHSC qui n’avait jamais gagné à l’extérieur un beau défi. Et avant la rencontre Maître Jean-Louis qui nous parle du terrain synthétique de Marcel Picot et, au lieu de l’habituel discours sur la difficulté à s’habituer à une telle surface ou les risques de blessure, il nous explique que le synthétique favorise le jeu technique et donc qu’il alignera une équipe de joueurs vifs et adroits balle aux pieds. A l’écouter cela parait simple mais la pratique sera tout aussi limpide… Le milieu montpelliérain avec les artistes que sont les Boudebouz, Sességnon ou Dolly et le rapide MBenza règnera en maître sur la partie et fera courir dans le vide les pauvres nancéens. Bilan 3 à 0 pour les pailladins, enfin un succès à l’extérieur et 3e magistrale leçon tactique donnée par Jean-Louis Gasset !
C’est ainsi qu’en seulement 3 rencontres le nouvel entraineur a démontré une compétence tactique et un sens de l’adaptation rarement vus à ce niveau en un laps de temps aussi court. La suite de la saison et la place à laquelle terminera le MHSC nous permettront de juger définitivement la dimension nouvelle dans laquelle a basculé Jean-Louis Gasset. L’enfant du MHSC, fils du co-fondateur du club, longtemps joueur en équipe première puis ancien responsable de la formation et entraîneur de l’équipe A une saison, est donc revenu transformé à la maison, ce qui démontre une fois de plus qu’un parcours professionnel est considérablement valorisé par des expériences vécues dans d’autres structures, à très haut niveau. Avis aux clubs à l’ADN parfois trop consanguin…
Crédits photo à la une: Twitter – @MontpellierHSC