On a coutume de dire que les choses peuvent aller très vite dans le football. Bruno Génésio en a fait l’expérience à ses dépends tout récemment. Le technicien lyonnais, arrivé sur le banc de l’OL en janvier 2016, était parti pour rester. Jusqu’à ce que les choses dérapent.
Un dérapage incontrôlé, matérialisé par cette élimination à domicile en demi-finale de Coupe de France face à Rennes (2-3). Une élimination qui n’a pas du tout été digérée par Jean-Michel Aulas, le patron des Gones, et encore moins par les supporters, déjà pas très enthousiastes à l’idée de voir rester Genesio sur le banc. Depuis, l’OL n’a pas réussi à reprendre sa marche en avant. Les défaites en championnat face à Dijon (1-3) et Nantes (2-1) menacent sa place sur le podium. Et alors que le spectre d’une saison prochaine sans Ligue des champions commence à pointer le bout de son nez, il paraît légitime de se demander: Génésio est-il le principal responsable de cette situation ?
Une saison plutôt réussie sur le plan comptable
Les fans lyonnais sont-ils trop durs avec leur entraîneur ? Il est légitime de se poser la question. Bruno Génésio a toujours su mener l’OL en Coupe d’Europe (2 participations en C1, une en C3 avec une demi-finale à la clé notamment). Arrivé en pompier de service à l’hiver 2016, alors que le club était englué en milieu de tableau suite à une première partie de saison manquée sous les ordres d’Hubert Fournier, l’adjoint a bien grandi et a même permis aux Gones d’arracher la seconde place à l’AS Monaco au terme d’une folle seconde partie de saison. Néanmoins, la quatrième place acquise en fin de saison 2017 et la troisième acquise dans la douleur en 2018 n’ont pas comblé les supporters lyonnais. Ces derniers semblent s’être lassés des atermoiements de leurs protégés, capables des plus belles choses comme des plus ridicules. Les supporters sont unanimes: l’OL version Génésio est arrivé en fin de cycle, et nombreux regrettent la qualité de jeu intermittente ainsi que les hauts et les bas de la saison lyonnaise actuelle.
Néanmoins, tout n’est pas si noir. L’OL a réalisé de très belle performance en Ligue des champions, notamment avec une victoire en phase de poules sur la pelouse de Manchester City (1-2), ainsi qu’un nul à domicile face à l’équipe de Pep Guardiola (2-2). Les lyonnais ont fait vibrer leurs fans jusqu’en huitièmes de finale en tenant tête au FC Barcelone de Messi à domicile (0-0) avant de sombrer logiquement au match retour (5-1). Une épopée européenne accompagnée d’une actuelle troisième place en Ligue 1. Si Lille et la deuxième place semblent loin, l’OL reste accroché pour le moment à sa troisième place, qui pourrait offrir une place directe en phase de poules de la C1 la saison prochaine. Une troisième place pour laquelle les Lyonnais devront se battre jusqu’au bout. Une situation malgré tout dommageable à la vue du potentiel incroyable de l’effectif lyonnais. Mais le club rhodanien, qui pourrait viser plus haut, a perdu parfois beaucoup de point face à des équipes supposées moins fortes. C’est le constat de la saison: cet OL peut être très fort dans les moments importants, mais surtout très suffisant lorsqu’il se sent supérieur. Malgré tout, si c’est à l’entraîneur de créer le ressort mental à même de motiver ses troupes, les joueurs ont aussi une très grande part de responsabilité, ce que l’on oublie un peu vite parfois.
Des joueurs pas exempts de tout reproche
Alors que la fin de saison et le mercato estival se profilent, certains joueurs semblent déjà donner de la tête à l’après-OL. Des comportements qui agacent tout le monde au club, et plus particulièrement le président Aulas. Les joueurs les plus fréquemment visés restent Tanguy Ndombélé et Memphis Depay. Deux joueurs parmi les meilleurs de l’effectif, mais aussi deux joueurs parmi les plus susceptibles de se relâcher ou de ne plus s’impliquer. Ainsi, le milieu de terrain international français était-il visé sur Twitter par un Jean-Michel Aulas furieux à la sortie d’une défaite à Monaco (2-0) en février dernier: « certains joueurs sont très en-dessous de leur potentiel, ceux qui pensent pouvoir réaliser de gros transferts en fin d’année se trompent. Il faut moins parler et donner beaucoup plus ». Un Tweet que l’on pensait d’abord destiné à Depay. Cela aurait tout autant pu être le cas. Le Néerlandais évoque avec insistance son envie de rejoindre un club du Top 8 voire du Top 4 européen. Le talent est là, mais difficile d’imaginer un club de ce standing investir dans un joueur capable d’éclipser ce talent par une frasque médiatique ou un manque d’implication criant.
Bruno Génésio ne peut pas aussi être déclaré responsable de la forme intermittente de ses joueurs. Nabil Fekir fait partie de ces joueurs indispensables, mais qui réalisent une saison pas tout à fait aboutie. Le capitaine lyonnais a joué 25 matchs en Ligue 1 cette saison pour 9 buts et 4 passes décisives, et a notamment inscrit le but de la qualification en huitièmes de finale face au Shaktar Donetsk en C1. Des stats malgré tout encore loin des attentes placées autour de ce joueur. Si de gros clubs européens restent intéressés par le profil du champion du monde, le joueur a peut-être perdu un peu de sa valeur, alors que Fekir aurait pu porter les couleurs des Reds de Liverpool cette saison, son transfert ayant capoté au dernier moment pour des raisons médicales l’été dernier.
Par ailleurs certains joueurs ont lâché le coach. Tel est le cas d’Houssem Aouar. Le très talentueux milieu de terrain a peu goûté de rester l’intégralité du huitième de finale retour sur le banc au Camp Nou (5-1 pour le FC Barcelone au final). Une décision mal vécue par le joueur, totalement transparent sur le terrain en cette fin de saison. Le numéro 8 de l’OL devrait s’en aller en fin de saison, lui qui jouit d’une très belle côte en Europe depuis que Pep Guardiola l’a adoubé lors de la double-confrontation entre Lyon et Manchester City en phase de poules de la C1. Ainsi, Bruno Génésio n’a-t-il plus vraiment aucun relais au sein du vestiaire lyonnais. Son gardien Anthony Lopes reste le joueur le plus impliqué, en atteste son incroyable saison. Néanmoins, sans véritable patron à part son gardien, difficile de voir comment l’entraîneur Lyonnais parviendra à tirer le meilleur de son groupe d’ici la fin de saison.
Quelle suite pour l’OL et pour Génésio ?
L’OL s’est donc lancé à la recherche d’un nouvel entraîneur pour la saison prochaine. Le profil souhaité par Jean-Michel Aulas est déjà arrêté: un entraîneur français, correspondant à l’ADN de club formateur qu’est l’OL. Le président lyonnais ne désirerait pas attirer un « nom » du football mondial sur son banc, alors que les plus fantasques rumeurs évoquaient la possibilité de faire venir José Mourinho. Le nom de Laurent Blanc a récemment circulé, l’ancien entraîneur du PSG pouvant satisfaire les critères évoqués plus haut. Néanmoins, si Laurent Blanc souhaite venir avec son staff, Jean-Michel Aulas ne désire pas bouleverser tout l’organigramme sportif de son club. Aucune autre piste sérieuse n’a émergé depuis.
Bruno Génésio, quant à lui, pourrait intégrer l’organigramme du club. Certains parlent même du poste de directeur sportif. Le poste est aujourd’hui occupé par Gérard Houiller et Bernard Lacombe, un duo vieillissant. Ce qui est sûr, c’est que Génésio ne retrouvera pas un autre banc cet été. Il reste profondément attaché à l’OL malgré cet épisode difficile pour lui. Des clubs tels que Newcastle étaient intéressés. Mais comme il a dit en conférence de presse au moment d’annoncer son départ, Bruno Génésio « souhaite d’abord prendre un petit peu de repos après cette saison ». On le comprend.
Crédits photo à la Une: Noixdecoco99