Repreneur du LOSC en janvier dernier, Gérard Lopez vit cet été ses premiers moments chauds dans son nouveau costume. L’homme qui a attiré Marcelo Bielsa sur le banc de l’équipe nordiste compte bien ramener très rapidement les Dogues au sommet de la Ligue 1.
Dernière haie d’honneur, dernières acclamations du public. Le 13 janvier dernier, Michel Seydoux quittait officiellement la présidence du LOSC. Accompagné de son repreneur, Gérard Lopez, le producteur de cinéma et fondateur de la société Camera One assistait à son ultime match au stade Pierre-Mauroy en tant que boss du club, face à l’AS Saint-Étienne (1-1). Homme du doublé championnat-coupe de France en 2010-2011, du Grand Stade en 2012 ou de la troisième place de Ligue 1 en 2014, Michel Seydoux a préféré laisser la main, après trois saisons en dents de scie et de nombreux rendez-vous manqués sur la scène européenne. Le LOSC a terminé son dernier exercice sur une onzième place indigne de son standing, et est surtout devenu une incroyable machine à consommer des entraîneurs. Hervé Renard, Frédéric Antonetti, Patrick Collot et Franck Passi se sont ainsi succédés sur le banc lors des deux dernières saisons. D’où la décision de Michel Seydoux de passer le relais pour une somme qui n’a pas officiellement filtré, mais qui avoisinerait les 80 millions d’euros officieusement.
« Make Lille great again »
Malheureux dans sa volonté de reprendre l’Olympique de Marseille à l’automne 2016 (*), l’homme d’affaires hispano-luxembourgeois (45 ans), ancien propriétaire d’une écurie de formule 1 (Lotus), est arrivé dans le Nord pour insuffler une nouvelle dynamique au sein d’un club ambitieux mais paradoxalement en perte de vitesse ces dernières saisons. Entouré de conseillers « aux CV énormes » selon ses propres dires – tel que Marc Ingla, ancien vice-président du Barça et propulsé directeur général au LOSC -, le nouveau patron a d’ores et déjà plus de six mois d’expérience dans le football français, entre découverte de la fonction et lutte pour le maintien. Néanmoins, cet été marquera une rupture très nette avec le passé au domaine de Luchin. Lopez a réussi un premier grand coup en attirant dans son projet Marcelo Bielsa, l’homme qui a tant fait rêver l’OM en 2014-2015 au poste d’entraîneur (voir par ailleurs).
Conseillé dans le recrutement par Luis Campos, un proche du très influent agent Jorge Mendes – homme des arrivés de James, Falcao ou encore Bernardo Silva à Monaco entre 2013 et 2016 -, Lopez compte réaliser de gros coups sur le marché des transferts et redonner au LOSC son attractivité d’antan. Cela a notamment déjà été le cas avec l’arrivée de Nicolas Pepé, en provenance d’Angers, le 21 juin dernier. Le très jeune attaquant ivoirien (22 ans), convoité par de grosses écuries de Premier League, par l’OL ou l’OM a finalement choisi le LOSC contre 10 millions d’euros: un premier signe fort de l’ambition de la nouvelle direction. Gérard Lopez a également cassé la tirelire pour s’offrir les services de Luiz Arujo (Sao Paulo, 10,5 millions d’euros) et lever l’option d’achat de Xeka (5 millions d’euros), arrivé en prêt au dernier mercato hivernal, et auteur d’une fin de saison encourageante. Le club espère encore 3 à 4 recrues parmi lesquelles circulent déjà quelques noms tels que Kévin Malcuit (Saint-Étienne, latéral droit) qui ne cache pas son admiration pour Marcelo Bielsa, ou encore Ismaïla Sarr (Metz, milieu), même si pour ce dernier, la bataille s’annonce féroce face à l’AS Monaco notamment.
Bielsa, un meneur hors pair
C’est un incroyable coup du chapeau qu’a réussi Gérard Lopez en attirant Marcelo Bielsa dans la région Hauts-de-France. Si retour dans l’hexagone il devait y avoir pour l’entraîneur argentin, on l’attendait plus bas dans le pays, exactement 1000 km plus au Sud, du côté de la Cannebière. Celui qui a conquis tout le peuple phocéen en une seule saison (2014-2015, clôturée par une 4e place) était d’ailleurs l’argument séduction de Gérard Lopez dans la course au rachat de l’OM (voir par ailleurs). Mais Lopez a finalement repris en main le LOSC et force est de constater que le lien entre les deux hommes est puissant. Marcelo Bielsa a d’ailleurs très rapidement donné son avis positif pour prendre place sur le banc du stade Pierre-Mauroy. A la mi-février, soit moins d’un mois après la prise de pouvoir de la nouvelle direction, l’annonce était faite de sa future arrivée.
Le contraste s’annonce fort dans les habitudes du club. C’est un entraîneur au charisme fort, capable de claquer la porte de l’OM au moment où on l’attendait le moins (**), de s’engager avec la Lazio Rome avant de se rétracter pour une promesse non-tenue dans son contrat. Ce dernier n’a d’ailleurs pas tardé, comme il avait fait à l’OM, à « placarder » certains éléments de l’effectif: Basa, Mavuba, Enyeama, Bauthéac, Palmieri et Sliti sont priés de se trouver une porte de sortie. Mais l’argentin est également un incroyable tacticien, apprécié par beaucoup pour sa capacité à obtenir des résultats en pratiquant un football très offensif. Le défi est de taille du côté du LOSC, mais le nouveau repreneur semble enclin à mettre la main à la patte pour satisfaire son coach en terme de recrutement. Les premières arrivées confirment la philosophie de jeu prêtée à Marcelo Bielsa: de l’insouciance et de la vitesse. A l’OM, ce dernier avait Payet et Thauvin, au LOSC il disposera de Arujo et Pepé. Reste à savoir si le personnage, quasiment le plus imprévisible du monde du football, s’inscrira dans la durée du côté du domaine de Luchin. Le coach de 61 ans a signé un contrat de deux saisons, mais avec lui plus que quiconque, la vérité du jour n’est pas forcément celle du lendemain.
Le LOSC entame sa mue
Il est clair que le LOSC a changé de dimension avec l’arrivée de Gérard Lopez aux manettes du club. Ce dernier a d’ailleurs déjà mis la main à la patte pour bâtir un effectif à même de ramener le club nordique dans le gotha du football français. De surcroît, en choisissant Marcelo Bielsa, Lopez s’est également mis d’emblée dans la poche une bonne partie du public: l’équipe sera joueuse et l’état d’esprit irréprochable. Le contre-temps occasionné après le passage devant la DNCG (***) n’a quasiment pas écorné le début d’été prometteur de la nouvelle direction. Reste à juger ce nouveau projet à l’aune de la seule vérité valable en football: le terrain.
(*) Gérard Lopez est passé très près à l’automne dernier de reprendre l’Olympique de Marseille. Le nouveau patron du LOSC avait cependant vu Franck McCourt lui griller la priorité, ce dernier proposant d’avantage de garanties financières immédiates.
(**) Après une saison aboutie sur le banc de l’OM conclue par une qualification directe pour la phase de groupes de la Ligue Europa (4e place), Marcelo Bielsa a claqué la porte de Marseille au soir de la première journée de la saison 2015-2016 (défaite au Vélodrome face à Caen, 0-1) de manière très inattendue, la direction du club n’ayant pas respecté des promesses d’ordre contractuelles.
(***) La direction du LOSC a été priée par la DNCG d’apporter des « éléments complémentaires » dans le cadre de la présentation du budget 2017-2018 du club. Un contre-temps qui n’avait rien d’alarmant, des garanties supplémentaires ayant été apportées une semaine plus tard.
Crédits photo à la une: LOSC.fr