L’AS Monaco a pris une belle option dans l’optique d’une qualification pour les demi-finales en s’imposant à Dortmund (2-3) ce mercredi. Mais moins de 24 heures après les explosions qui ont frappé leur bus, les joueurs allemands étaient-ils prêts à jouer une telle rencontre ? Pas tout à fait, selon leur entraîneur. Décryptage.
LE MATCH: Monaco se place
En plus d’être un excellent joueur, ce Kylian Mbappé est bon prince. Après avoir inscrit un doublé, en quarts-de-finale de la Ligue des champions face au Borussia Dortmund, le jeune attaquant de 18 ans a eu des mots sympathiques à l’intention du club allemand. « Il y a le sportif, mais il y a les hommes aussi, et ils sont touchés« , reconnaissait-il. « On est tous avec Marc Bartra et tous les joueurs de Dortmund. On les soutient tous« . Car le contexte était lourd au Signal Iduna Park pour ce match, avec la triple explosion de la veille qui a endommagé le bus du BvB, qui avait blessé au bras Marc Bartra (défenseur de Dortmund) et entraîné le report du match au lendemain. Cependant le mur jaune est resté fort, et l’immense tifo BvB déployé tout au long de la partie en attestera. Le match a donc eu lieu, et si on en revient au sportif, les monégasques ont frappé un grand coup en Allemagne. Avec ce succès (2-3), mais surtout ces trois buts à l’extérieur, ils ont parcouru plus de la moitié du chemin en direction du dernier carré.
On saura cependant dans une semaine si le but tardif de Kagawa (2-3, 85e) changera la physionomie de ce quart-de-finale retour. Les monégasques ont été tellement performants offensivement et solides dans le tourbillon offensif du BvB en seconde période, qu’ils méritaient de quitter le Signal Iduna Park avec deux buts d’avance. Avec un tel avantage, peu auraient donné cher des chances de qualification du Borussia. Mais les allemands ont eu le mérite de ne jamais lâcher. Le contexte était lourd, d’où cette première période très timide des hommes de Thomas Tuchel. Les monégasques ont vite vu la fébrilité défensive des allemands. Mbappé (0-1, 19e) ouvrait le score malgré une position de hors-jeu, avec un peu de chance, de la cuisse, avant que Bender ne détourne un centre de Raggi dans ses propres buts (0-2, 35e). Les monégasques pourront tout de même s’en vouloir de ne pas en avoir fait plus au moment où la porte, au pied du mur jaune, semblait la plus ouverte. Fabinho manquait d’ailleurs son premier penalty depuis son arrivé du côté du club du Rocher (17e).
Cependant, les entrées de Sahin et Pulisic en début de seconde mi-temps (46e) ont insufflé un nouveau souffle chez les allemands. Plus tranchants offensivement, ces derniers réduisaient le score assez logiquement sur un mouvement à trois chanceux entre Aubameyang, Kagawa, et Dembélé à la finition (1-2, 57e). Dortmund a ensuite poussé très fort mais Monaco n’a pas vacillé sous la tempête. Le duo Glik et Jemerson, appuyé par Raggi et Fabinho ont abattu un gros travail allant même jusqu’à dégoûter un Dembélé de moins en moins influent alors que les minutes s’écoulaient. Et Piszczek a commis l’erreur dont a profité un Mbappé qui ajustait Bürki de sang-froid (1-3, 81e). La joie du parcage monégasque faisait plaisir à voir. La soirée était belle pour l’ASM, et même si le but de Kagawa qui venu entacher cette belle victoire, il n’enlèvera rien du caractère sensationnel à attribuer à cette performance stratosphérique des hommes de Leonardo Jardim.
LE FAIT: le Borussia en colère
Ce n’était pas une simple colère sportive qui aurait bien pu être légitime à la vue des faits de jeu de la première période: un penalty contestable pour Monaco et un but de Mbappé hors-jeu. Non, il s’agissait bien d’une autre colère, qui fait suite au report du match moins de 24 heures après le terrible incident qui a touché leur car. Les allemands ne voulaient pas jouer, et alors qu’ils sont en bien mauvaise posture après cette défaite, dans l’optique d’une qualification au prochain tour, ils l’ont fait savoir. « Nous n’avons pas été consultés« , regrattait Thomas Tuchel, le manager de Dortmund après le match. « On nous a informé par texto que l’UEFA prenait cette décision. Une décision prise en Suisse qui nous concerne directement. Nous n’allons pas l’oublier, c’est une très mauvaise sensation. Quelques minutes après cet attentat, la seule question qui s’est posée a été: êtes-vous prêts à jouer ? Comme si on avait jeté qu’une bière sur notre car. A ce moment-là, nous ne savions pas les raisons de cet attentat. Il y a un sentiment d’impuissance. La date nous a été imposée. Ce que nous pensons n’a intéressé personne ». Tuchel a tout de même salué l’équipe Monégasque malgré les faits de jeu évoqués plus haut, mais également l’esprit guerrier de ses joueurs, concédant cependant qu’ils auraient souhaité plus de temps.
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