Pour son second match dans cette Ligue des Champions, l’Olympique Lyonnais n’a pas confirmé son large succès face au Dinamo Zagreb (3-0). Battus en Andalousie par le FC Séville (0-1), les Rhodaniens ont déjà grillé une cartouche importante dans l’optique de la qualification pour les huitièmes de finale. Les Lyonnais sont troisièmes du groupe H, dont la Juventus est en tête après sa victoire facile à Zagreb (4-0).
La France gardait un mauvais souvenir de cette antre. En particulier depuis une certaine demi-finale de Coupe du Monde, en juillet 1982. Battiston, Schumacher, pour ne citer qu’eux. Et une énorme désillusion à la clé. Vingt-quatre ans plus tard, l’Olympique Lyonnais n’a pas su redorer le blason du football français dans l’intemporel Estadio Ramón Sánchez Pizjuan, face au FC Séville (0-1), pour le compte de la seconde journée de la phase de poules de la Ligue des Champions. Aussi, face aux souvenirs que laisse l’Histoire – les maux, les plaies – , nous pouvons nous faire fatalistes, ou alors tenter d’échapper à ce qui nous apparaît faussement inéluctable. Peut-être les Lyonnais, eux, ne croient-ils pas à ces vulgaires signes indiens. Mais la teinte tenace de fatalisme dont fut empreinte leur jeu en Andalousie était pourtant bien réelle. C’est celle-là même qui a confirmé l’ampleur de leur irrégularité depuis le début de la saison, et qui les a conduit à une défaite déjà préjudiciable, mardi soir, sur un but de l’ancien Toulousain Wissam Ben Yedder (52e).
L’issue semblait en effet irrémédiable pour les Lyonnais, qui ont constamment donné l’impression de jouer à contre-courant. S’ils sont parvenus à garder la tête hors de l’eau en première période, ils n’ont toutefois jamais vraiment réussi à jouer collectivement vers l’avant. Confirmé par Bruno Génésio, le 5-3-2 n’a pas permis d’établir une formation cohérente et unie territorialement. La déserte des couloirs fut bien trop insuffisante de la part des latéraux pour initier de véritables transitions offensives, et les deux pointes des Gones ont souvent dû trouver des solutions par elles-mêmes. La générosité de Maxwell Cornet lui a notamment permis de mettre Rico plusieurs fois à contribution (24e, 58e), mais c’est surtout la technique de Nabil Fekir qui a maintenu la défense sévillane en alerte. La facilité déconcertante du prodige lyonnais pour se défaire du marquage lui a permis d’enchaîner rapidement d’une frappe enroulée à deux reprises, mais il a d’abord trouvé la barre transversale (11e) avant de rater le cadre de peu (38e).

Mapou Yanga-MBiwa, la tête basse, lors de la défaite de Lyon à Séville (0-1). (Photo: Getty Images/A.A. Colomer)
Une vieille connaissance …
Surtout, au-delà de leur manque d’impact offensif, les Lyonnais ont affiché des carences défensives de plus en plus récurrentes. La fragilité de l’esquif lyonnais, particulièrement bien représentée par la nouvelle prestation mièvre de Mapou Yanga-MBiwa, s’est autant illustré par un alignement et une couverture des espaces approximatifs que par des transmissions de balle douteuses. Les Andalous se sont amusés de la friabilité des Rhodaniens, surtout en seconde période, et ont fini par ouvrir le score grâce à une vieille connaissance de la Ligue 1. Pour son baptême du feu en C1, Wissam Ben Yedder a prolongé au fond des filets une tête de Vietto qui avait lobé Anthony Lopes (52e). L’addition aurait d’ailleurs pu être beaucoup plus salée si portier lyonnais n’avait pas réalisé deux sorties magistrales et pleine de vivacité dans les pieds de Vietto, sur deux grossières erreurs de Yanga-Mbiwa (16e, 65e) ; si le même Vietto n’avait pas raté un penalty obtenu par Samir Nasri (69e) ; ou si Morel n’avait pas sauvé un ballon sur sa ligne (76e).
Ainsi, Séville, par manque d’efficacité, de sang froid et d’expérience, a toujours laissé à l’OL la possiblité de revenir dans le match. Mais les Rhodaniens n’ont jamais su saisir cette opportunité. Les choix résolumments offensifs tentés par Bruno Génésio (entrées de Valbuena, Kalulu et Ghezzal ; sorties de Yanga-Mbiwa et de Gaspar) et le changement de système en 4-4-2 losange n’y ont rien changé. Seule la frappe enroulée en une touche de Corentin Tolisso, en ricochant sur la barre (76e), donnait une maigre impression de révolte. Mais cette tentative demeurait une timide lueur d’espoir au milieu d’une brume épaisse constituée de manques cumulés de conviction, d’inventivité et d’explosivité – ainsi que d’un profond manque d’Alexandre Lacazette. Et dans la course aux huitièmes de finale, les Lyonnais se retrouvent déjà exposés. Après cette défaite, la balle est dans le camp des Sévillans. Bien sûr, les Gones ont grillé une cartouche. Il leur appartiendra maintenant de bien utiliser la prochaine. Face à la Juventus, ce ne sera pas chose aisée. Surtout en jouant de la sorte.
Crédits photo à la une: Panoramic