Cinquième de Ligue 1 à la surprise générale, le FC Nantes ne produit pourtant pas le plus beau jeu de l’élite et s’appuie sur une défense de fer, la troisième du championnat ex-aequo avec Monaco (13 buts encaissés). Arrivé cet été sur le banc nantais, le tacticien italien Claudio Ranieri, auteur de l’un des plus beaux exploits de l’histoire du football avec Leicester en 2016, n’est bien évidemment pas étranger au renouveau du club.
Une défense intraitable…
C’est plus par obligation que Claudio Ranieri a dû, en début de saison, opter pour une composition défensive. Avec un mercato qui s’est dessiné sur le tard et une infirmerie bien remplie, l’entraîneur italien ne pouvait pas se préoccuper de l’animation offensive comme il le souhaitait et s’est tournée vers sa défense dont il en a fait l’une des plus redoutables de Ligue 1 au prix d’un travail et d’une coordination millimétrés mais au détriment également d’un spectacle peu attractif. Peu importe, le travail porte ses fruits pour l’instant. Avec l’implication des dix joueurs de champs, Ranieri est parvenu à construire le point fort du FC Nantes cette saison: la défense. L’an passé, le club avait terminé quatorzième défense du championnat. Ce qui est intéressant à remarquer, c’est le travail défensif en fonction de l’adversaire: à la fois en fonction du porteur du ballon et des joueurs sans ballon.
Si la première ligne nantaise, à savoir l’attaque, sert à créer un surnombre défensif, la deuxième ligne au milieu de terrain est celle qui exerce un pressing, bas, toujours avec un seul joueur sur le porteur du ballon. Les deux pointes basses du milieu nantais sont par ailleurs d’une importance capitale dans la récupération des ballons plus que dans la relance qui n’est pas leur objectif premier. Et depuis le début de la saison, Andrei Girotto est excellent dans l’entre-jeu du FC Nantes. Dans la configuration d’un 4-4-2, comme on a pu le voir lors de la victoire nantaise contre Caen (1-0), les deux attaquants créent le surnombre en zone défensive. Comme ils n’effectuent pas de pressing haut, ils laissent la défense adverse haute mais sans réellement laisser de solutions. Un des quatre milieux de terrain monte sur le porteur du ballon tandis que les trois autres milieux se contentent de couper les intervalles de passes. La troisième ligne de quatre défenseurs n’est pas en reste: le but est de voir un défenseur avancer d’une ligne pour couvrir la zone laissée libre par le milieu de terrain exerçant un pressing sur le porteur du ballon. Les gestes sont presque machinaux mais extrêmement bien exécutés, une rigueur qui permet la force et l’efficacité de la défense nantaise.
… au détriment d’une attaque peu prolifique
Ce n’est pas tant le manque d’inspiration des attaquants nantais qui pose problème que le schéma tactique qu’ils doivent respecter. Quatorzième attaque de Ligue 1 avec douze buts marqués, l’attaque nantaise n’est pas au top de sa forme. Emiliano Sala est le meilleur buteur du club avec seulement trois petits buts marqués. Depuis le début de la saison, jamais l’équipe ne s’est imposée avec deux buts d’écart. Malgré un jeu tourné vers la défense, les buts du FCN viennent plutôt d’attaques placées ou de coups de pied arrêtés. Le manque d’efficacité offensive s’explique également par des ailiers souvent bas, plus habitués à jouer en couverture des latéraux cette saison pour couvrir les espaces laissés libre dans le dos des latéraux très proches de l’attaquant qu’ils prennent au marquage. Encore une fois, la patte Ranieri est à l’œuvre. Aussi, Nantes ne fait pas le jeu et laisse donc le ballon à l’adversaire.
Elle est la 19e équipe au classement de la possession de balle après treize journées avec une possession moyenne de 42% par match. Et c’est là le problème nantais, là où l’équipe doit s’améliorer. Il y a encore beaucoup trop de déchets techniques qui empêchent le bloc de posséder un peu plus la balle et donc de pouvoir progresser et d’attaquer comme il le souhaite. C’est la limite d’un effectif qui n’est pas forcément fait pour attaquer mais que Ranieri sait comme toujours magnifier. Néanmoins, il manque à Nantes un joueur comme Mahrez à Leicester du temps de la grande saison 2015/2016, un joueur capable de faire le jeu et de porter offensivement son équipe. On pourrait dire qu’il manque également un Kanté, mais ce serait être un peu trop tatillon et hors de propos, surtout qu’après tout, le milieu nantais se débrouille très bien depuis le début de saison.
Un jeu à nuancer
Il faut cependant convenir que le jeu de Nantes est stéréotypé et doit être nuancé. Si Ranieri fait un excellent travail avec des moyens limités, la marge de progression est encore réelle pour un effectif à qui il manque un leader technique. Contre le Paris Saint-Germain la semaine dernière, Nantes n’a pas forcément mal joué; la tactique de l’entraîneur italien a fonctionné pendant 38 minutes de jeu, mettant à mal un bloc parisien qui s’en est sorti en cassant la ligne de cinq nantaise sur une action brillante où ses individualités ont su se mettre en évidence. Mais l’homme qui menait le milieu de terrain nantais, celui qui était la pointe de ce milieu à cinq, c’était Andrei Girotto dont le talent de récupérateur n’est plus à contester mais dont le talent de projection et le potentiel offensif reste à démontrer, une insuffisance qui a clairement joué contre le bloc nantais au Parc des Princes.
Ce jeu est donc à nuancer, même si les efforts de Ranieri sont présents pour ne pas voir le bloc nantais trop bas. Celui-ci souhaiterait que le bloc soit médian ce qui, contre Paris n’a été que trop peu le cas. Très bas, les nantais n’ont fait que subir et la réduction de l’écart juste après le retour des vestiaires n’a rien changé. Pire, on avait l’impression que les Canaris jouaient encore plus bas et que l’objectif était de repartir avec un seul but d’écart de la capitale. Quoi qu’il en soit, la cinquième place nantaise n’est pas volée, loin de là, mais il sera compliqué pour les hommes de Ranieri de viser plus haut tant l’écart technique de l’effectif est élevé avec celui du quatuor situé devant lui. Cette cinquième place est le fruit d’un travail collectif immense qui aurait besoin d’être nuancé par des éclairs individuels pour progresser.
Crédits photo à la une: FCNANTES.com / A.D.