Une quatrième Ligue Europa pour Unai Emery, une première Ligue des champions pour Thomas Tuchel avec Chelsea… Les anciens entraîneurs du PSG brillent en Europe, alors qu’ils ont souvent été méprisés à Paris. Dossier.
Antoine Kombouaré, le sacrifié du nouveau PSG
En place depuis deux ans, Antoine Kombouaré ne disposait pas d’un nom assez ronflant pour être le coach du PSG version QSI. Alors, après une demi-saison, le nouveau directeur sportif Leonardo le débarque pour s’attirer les services d’un coach de renom: Carlo Ancelotti. Champion d’automne au moment du limogeage de Kombouaré, le Paris Saint-Germain qatari vivra cependant une première contre-performance avec l’entraîneur italien: le titre de champion de France est accaparé par Montpellier. Un échec cuisant.
Carlo Ancelotti, le prix de la renommée
En sus du coach italien, le club peut s’enorgueillir de compter dans ces rangs plusieurs joueurs de haut standing: Thiago Silva, Thiago Motta, Zlatan Ibrahimovic et un espoir de talent, Marco Veratti. Sur la scène européenne, le club confirme qu’il progresse bien, mais son parcours est soudainement stoppé en quart de finale de C1 contre le FC Barcelone.
Malgré de belles performances, l’impatience dans les plus hautes instances parisiennes commencent à se faire ressentir et les détracteurs du coach italien, mal venu en Ligue 1, se font entendre: le jeu ne serait pas assez flamboyant. Résultat, dès l’été 2013, Carlo Ancelotti prend ses affaires et part entraîner le Real Madrid. Casting réussi chez les Merengue, où quelques mois plus tard il soulèvera la dixième Ligue des champions du club madrilène.
Laurent Blanc, le choix par défaut devenu stratégique
Ancelotti parti, Paris se remet en quête d’un cador plus cador que le précédent. Mais le marché est très fermé. Alors, il se se rabat sur Laurent Blanc. Si le Cévénol surfe sur son titre de Champion de France 2009 avec Bordeaux, son passage au poste de sélectionneur des Bleus a entaché sa côte: une équipe de France fragilisée par la catastrophe sud-africaine doit désormais rattacher à son palmarès ambiant l’affaire des quotas et un Euro 2012 achevé en eau de boudin avec la polémique Nasri.
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L’image du Français en ressort ternie, et son autorité également. Pourtant les Qataris, conscients de la réticence quant à leur main-mise sur le PSG, vont chercher à se fondre dans ce fameux microcosme français. Et le choix de Laurent Blanc qui, à l’origine, semblait un choix par défaut, se retrouve devenir un choix stratégique. Le parfait candidat, champion du monde et d’Europe, pour mettre en œuvre un double objectif: internationaliser la marque PSG tout en l’intégrant sur le territoire hexagonal.
D’un point de vue sportif, Laurent Blanc, avec son identité de jeu offensive, assiéra l’hégémonie du PSG sur le foot français avec onze titres nationaux glanés sur douze possibles. Il sera le premier coach parisien à être renouvelé sous l’ère QSI. La tâche est peut être plus aisée à l’époque: il peut s’appuyer sur des cadres comme Motta ou encore Ibrahimovic.
Mais, plusieurs affaires viendront agrémenter son passage et notamment celle qui scellera son départ: l’affaire Aurier. Écarté, le joueur aura finalement le soutien de son président. Dès lors, comment asseoir une autorité quand l’institution ne suit pas ? C’est donc après son échec en quarts de finale de la Ligue des champions contre Manchester City, le troisième consécutif à ce stade après Barcelone en 2015 et Chelsea en 2014, que Laurent Blanc quittera le Paris Saint-Germain, non sans une indemnité mirobolante.
Unai Emery, le pari (raté) du renouveau au PSG
Finie l’assimilation, l’institution parisienne a bien compris que la présence d’un coach français à la tête de leur écurie ne suffirait pas à détourner la vindicte populaire. Alors, l’heure est à la prise de risque. Et qui mieux qu’un coach triple champion d’Europe consécutivement avec le FC Séville pour incarner ce renouveau ?
Le PSG croit tenir l’entraîneur étranger qui le rapprochera d’une victoire en C1. Si les débuts sont prometteurs en terme de jeu, Emery semble vite perdre de sa substance. L’année 2017 rime cependant avec désillusion. Privé du titre en Ligue 1 par Monaco, le PSG subit surtout la pire humiliation de son histoire en C1: la fameuse « remontada » contre le Barça en huitièmes de finale (4-0, 1-6).
Ainsi, très vite, la mode Emery retombe: on reproche à l’Espagnol de ne savoir gagner « que l’Europa League » et de ne pas être suffisamment armé pour diriger un club comme le Paris Saint-Germain aux ambitions européennes assumées. Résultat ? On casse la tirelire: 400 millions d’euros pour s’octroyer les services de Mbappé et du bourreau barcelonais Neymar. Encore éliminé au stade des huitièmes de finale en 2018, cette fois-ci par le Real Madrid, futur vainqueur de la compétition, Unai Emery est remercié à l’été 2018.
Thomas Tuchel, le calinothérapeute
Fort de ses deux expériences précédentes à Mayence puis au Borussia Dortmund, Thomas Tuchel débarque à Paris avec la cote. A l’instar d’Emery, les débuts de l’Allemand sont loués et même appréciés en termes de jeu proposé. Si une seconde remontada sera vécue contre l’équipe B de Manchester United en 2019, l’année 2020 sera marquée par l’accession du PSG, pour la première fois de son histoire, à la finale de la Ligue des champions. Ironie du sort, c’est un ancien titi parisien qui viendra crucifier son club formateur: Kingsley Coman inscrira l’unique but du Bayern Munich, dès lors sacré champion d’Europe.
L’Allemand aura surtout marqué son passage au Paris Saint-Germain par une gestion relationnelle à géométrie variable. Tuchel sera remplacé à la mi-saison 2020-2021 par un ancien de la maison, finaliste de la Ligue des champions avec Tottenham deux ans auparavant: Mauricio Pochettino. Embarqué dans une saison record pour le PSG en termes de défaites concédées en championnat, le coach argentin ne parviendra pas à faire mieux que son prédécesseur: éliminé en demi-finale de C1 par le Manchester City de Guardiola et surtout délesté du titre de champion de France de Ligue 1, qui rejoint l’armoire à trophées du LOSC. En lot de consolation ? Une bien maigre coupe de France.
Entre le PSG et les entraîneurs, un mal bien plus profond
Sur ces dix années écoulées, le PSG aura surtout démontré qu’il était un formidable outil marketing. Remplissant parfaitement son rôle d’entité de soft power pour le Qatar. La signature de Beckham avait ouvert la voie. Mbappé et Neymar la pérennisent. Mais à quel prix ? L’erreur commise par les Qataris est d’avoir sous-estimé l’un des ressorts les plus fondamentaux d’une entreprise comme le Paris Saint-Germain: elle est avant tout un club de football et est jugé sur ses performances sportives. C’est dans ces travers là que les Parisiens auront vu leur image se ternir au fil des dix dernières années.
Soit par des épisodes catastrophiques et historiques comme la remontada, soit par des attitudes en interne indignes d’un club de haut niveau européen. Des déclarations cataclysmiques d’Ibrahimovic sur l’inexistence du passé du club aux diverses affaires ayant émaillées l’histoire moderne du PSG (la gestion du cas Aurier, la gestion du cas Ben Arfa…), en passant par l’extrême proximité du président Al-Khelaifi avec les joueurs au détriment de l’incarnation de son statut, tout porte à croire que l’institution est la première responsable de ces échecs répétés au sujet des entraîneurs.