L’Allemagne s’est qualifiée aux dépends de l’Italie au terme d’une séance de tirs au but aussi irrespirable que passionnante. C’est le neuvième tireur Allemand, Hector, qui donna la victoire et donc un billet en demie finale à la Nationalmannschaft. Décryptage.
L’Allemagne s’est qualifiée avec une grande réussite. Les Champions du monde en titre n’ont jamais été aussi proches d’être éliminés, mais, désormais, n’ont jamais été aussi proches de ce doublé Mondial-Euro qu’ils convoitent tant. Pour arriver à leurs fins ils leur restent deux matchs à gagner. Dont cette demie finale qu’ils disputeront à Marseille, face au vainqueur du match match opposant la France à l’Islande. Il faudra également grandement féliciter cette équipe d’Italie, qui sort de ce tournoi après avoir réalisé de grands exploits en battant la Belgique (2-0), la Suède (1-0) et l’Espagne (2-0). Une équipe sans star, certes, mais avec des joueurs dévoués, se battant les uns pour les autres. Une nation retrouvée quitte cet Euro, et c’est bien dommage, car les Allemands, certes très forts, étaient prenables en ce samedi soir au Matmut Atlantique de Bordeaux.
Pour cette rencontre, Joachim Löw, le sélectionneur Allemand, avait effectué des choix forts en alignant une défense à trois, composée de Höwedes, Hummels et Boateng. Draxler, impressionnant contre la Slovaquie en huitièmes (3-0), faisait donc les frais de ce changement de système. En face, Antonio Conte pouvait s’appuyer sur la quasi-totalité de son onze type pour surprendre la Nationalmannschaft, hormis sur De Rossi, qui, touché à la hanche, laissait sa place à Parolo.
Le RÉSUMÉ du match : 65 premières minutes assez terne
Les Allemands connaissent si bien la qualité défensive et de projection rapide vers l’avant des Italiens. Les Italiens connaissent si bien l’incroyable capacité des Allemands à agir en rouleau-compresseur. Bref, les deux équipes se craignent, et le round d’observation initial ne surprit personne. Le combat tactique entre les deux formations faisait rage, avec les paramètres attendus : la balle dans les pieds des Allemands et les Italiens derrière. Le jeu restait néanmoins fermé, les Allemands n’arrivant pas à se créer des véritables situations, même si Mario Gomez n’était pas loin de pouvoir reprendre un service un tout petit peu long de Hummels (19e). Entre-temps Khedira avait dû laisser sa place à Schweinsteiger pour cause de blessure (15e). D’ailleurs, ce dernier, qui hérita d’emblée du brassard de capitaine, pensait avoir ouvert le score, mais M.Kassai, l’arbitre de la rencontre, lui refusa son but pour une faute assez évidente sur De Sciglio (27e). Ce dernier tentait ensuite de s’échapper sur ce côté gauche et de profiter d’une erreur défensive de Kimmich, mais Boateng repoussa son centre (31e).
Très peu sollicités, les deux portiers manquaient tous deux de commettre une boulette. Trop tranquille parfois dans ses relances, Manuel Neuer, manquait de perdre la balle devant Pelle (34e), avant que Buffon se saisisse difficilement d’un centre de Höwedes dévié par un joueur Italien (36e). Les Allemands essayaient tout de même de se faire violence, mais Mario Gomez ne parvenait pas à cadrer son coup de tête consécutif à un centre de Kimmich (41e), avant que Thomas Müller ne parviennent pas à inquiéter plus que cela un Bouffon vigilant, suite à une partie de flipper dans la défense Italienne (42e). La Nazionale réagissait d’emblée en mettant le feu devant le but de Neuer : sur une longue ouverture de Bonucci, Giaccherini déborde côté gauche, mais son centre à ras-de-terre était dégagé par Boateng, sur … Sturaro. Mais la frappe de ce dernier n’attrapa le cadre du but Allemand (44e) ! Les deux formations se quittaient donc sur ce score nul et vierge à la mi-temps. Les spectateurs n’ont pas eu grand-chose à se mettre sous la dent, mais le suspense, lui, restait entier !
Le round d’observation s’étendait sur la seconde période. Cependant les Italiens tentaient de jouer plus haut, mais passer la muraille blanche dressée par Joachim Löw releva de l’impossible. Les Allemands remettaient assez rapidement le pied sur le ballon. Servit en pivot par Mario Gomez, Thomas Müller, fixa la défense Italienne d’un crochet avant d’armer une lourde frappe, détournée spectaculairement par Florenzi du talon (51e). Boateng tentait ensuite de forcer la décision de loin, mais sa frappe passa largement au-dessus de la barre transversale du but de Bouffon (52e). Les Allemands se contentaient de faire tourner, pour étirer le bloc Italien. Et sur une action partie de loin, de Manuel Neuer pour être précis, Gomez déborda côté gauche avant de trouver Hector, qui centra pour Özil qui devançait Giaccherini pour ensuite crucifier Bouffon (1-0, 65e).
Libérés par leur but, les Allemand jouaient plus haut. Les Italiens ne parvenaient plus à tenir la balle, suffocant sous le pressing de la Mannschaft. Servit par une subtile louche de Özil, Mario Gomez tenta de scorer d’une talonnade, mais Bouffon veillait au grain pour réaliser une parade spectaculaire et maintenir sa formation dans le match (68e). Mais l’Allemagne encaissait un nouveau coup dur : touché suite à un violent contact avec Chiellini, Mario Gomez devait céder sa place à Julian Draxler (72e). Les Italiens n’abdiquaient pas et Pellè n’était pas si loin d’égaliser d’une frappe de loin (74e). Les hommes d’Antonio Conte poussaient et provoquaient la faute de la défense Allemande puisque Boateng concédait un pénalty, l’arbitre jugeant que ce dernier avait fait main (77e). Une offrande que Bonucci ne manquait pas en trompant Neuer, même si ce dernier était partit du bon côté (1-1, 78e).
Les Italiens finissaient mieux le match que les Allemands. Ces derniers peinaient d’ailleurs en cette fin de partie à percer le bloc défensif de la Squadra Azzura, et s’exposaient à des contres assassins. De Sciglio fit d’ailleurs passer un gros frisson chez les supporters de la Mannschaft mais sa frappe terminait sa course dans le petit-filet extérieur de Manuel Neuer (89e).
Le FAIT : une séance de tirs au but incroyable
Comme les Portugais et les Polonais jeudi soir (victoire des Portugais aux tirs au but), les Allemands et les Italiens n’y échapperont pas : la fin de leur explication aura lieu après deux fois quinze minutes supplémentaires au minimum. Les hommes de Joachim Löw n’ont pas réussi à respecter jusqu’au bout des 90 minutes du temps réglementaire leur philosophie qui consiste à toujours marquer un but de plus que leurs adversaires. Quant à eux, les hommes d’Antonio Conte sont les premiers à inscrire un but à Manuel Neuer lors de cet Euro 2016. Mais il faut absolument souligner leur importante force mentale, qui leur a permis de revenir au score assez logiquement d’ailleurs au vu de la philosophie des 25 dernières minutes. Mais il ne s’est rien passé durant ces prolongations. Draxler (106e) ne cadrait pas, tandis que Insigne (113e) et Özil (119e) trouvaient respectivement Neuer et Buffon sur leur chemin. Après ces trente minutes pour rien, M. Kassai siffla donc la fin des prolongations. Inéluctablement, on s’y dirigeait. Aucune des deux formations ne semblait en mesure de faire la différence par le jeu, les tirs au but s’imposait donc pour désigner un vainqueur.
Cette dernière mettait aux prises deux des meilleurs gardiens de la planète : Bouffon d’un côté et Neuer de l’autre. La tension se ressentait sur le visage de chacun des acteurs et pour cause, le billet pour la demie finale se jouait maintenant. Le premier à s’élancer était Insigne, qui prenait à contre-pied le portier Allemand (0-1). Tony Kroos imitait ensuite l’attaquant du Napoli pour ramener sa sélection à hauteur (1-1). Simone Zaza, entré en toute fin de prolongation, envoyait quant à lui le cuir largement au-dessus, mais Buffon permettait à l’Italie de ne pas être décrochée en arrêtant le pénalty de Müller ! Barzagli prit ensuite Müller à contre-pied (1-2), avant que Özil ne trouve le poteau ! Mais Pellè manqua ensuite totalement sa tentative. Quel début de séance ! Julian Draxler réussissait ensuite tout en puissance sa tentative(2-2), avant que Neuer ne réalise une belle parade en repoussant d’une main ferme la tentative de Bonucci. Schweinsteiger avait la balle de match au bout des pieds mais la balle s’envola en tribune ! Giaccherini marqua ensuite son penalty (2-3), avant que Hummels ne tremble très fort, Buffon déviant sans réussite sa tentative (3-3). Parolo fusilla ensuite Neuer (3-4), mais Kimmich égalisa (4-4). De Sciglio et Boateng marquaient et les deux équipes se retrouvaient à 5-5. C’est à ce moment que Neuer, le meilleur gardien de la planète, sortit encore de sa boite pour repousser la tentative de Darmian. Hector, au contraire de Schweinsteiger ne trembla pas, et donna la victoire à l’Allemagne en trompant un Buffon pourtant sur la trajectoire (6-5).
Les NOTES de la rédaction :
Allemagne
Neuer (6,5) – Höwedes (5), Hummels (5,5), Boateng (4) – Kimmich (5), Khedira (non-noté) puis Schweinsteiger (4,5), Kroos (5), Hector (6) – Müller (4), M.Gomez (4,5), Özil (6)
Italie
Bouffon (6) – Barzagli (5,5), Chiellini (5,5), Bonucci (6) – Florenzi (5,5), Parolo (5,5), De Sciglio (6) – Sturaro (4,5), Ghiaccherini (5,5) – Pellè (5), Eder (4,5)
Photo à la une: AFP