Le RC Strasbourg vient de réaliser un très beau coup sur le marché des transferts en faisant signer le milieu de terrain Jonas Martin en provenance du Betis Séville. Cette arrivée démontre la vitalité du promu alsacien, tout en répondant à une certaine logique. Pour son premier entretien en tant que ciel et blanc, Jonas Martin a choisi Au Stade.
Au Stade: Jonas, quelles ont été les causes de ton départ du Betis Séville ?
Jonas Martin: La saison dernière a été difficile à cause de ma blessure contractée dès le premier match de Liga face au Barça. Donc j’ai raté le début du championnat et ensuite le club a changé d’entraîneur au moment où je revenais. Les recrues ont été un peu mises sur le banc, du coup j’ai rongé mon frein. Malgré un deuxième changement de coach au printemps et une nouvelle blessure, j’ai fait le maximum avec vingt apparitions sous le maillot du Betis pour deux buts marqués. Cette saison on nous avait fait comprendre, moi et d’autres recrues du dernier mercato d’été, que nous n’étions plus les bienvenus. Donc dans ma tête je me suis fait à l’idée de partir. Mais le coach m’a parlé à l’entraînement jeudi dernier et il a dit qu’il comptait sur moi cette année… Il s’est dit intéressé par mon potentiel technique et physique et a rajouté qu’il appréciait les efforts que je fournissais pour l’équipe. Ça m’a fait plaisir de voir que je faisais une bonne impression. Ils m’ont demandé de rester trois semaines de plus histoire de terminer la préparation avec eux et de voir ensuite quel rôle il pourrait me donner dans le groupe… Pour moi c’était une grosse part de risque car si je n’entrais plus dans ses plans mi-août ça ne me laissait que très peu de temps pour me retourner d’ici à la fin du mercato. J’ai donc tranché et décidé de quitter le club afin d’avoir une lisibilité et une sécurité dans ma carrière.
Tu avais failli partir l’hiver dernier, non ?
Non. J’ai eu des contacts avec des clubs prestigieux de Ligue 1 comme Bordeaux ou Nice, et j’en ai été très touché, mais je ne souhaitais pas baisser les bras au bout de seulement six mois en Espagne. Donc ma décision a vite été prise; rester à Séville.
Ayant choisi de partir à l’intersaison, tes agents se sont ainsi positionnés rapidement sur le marché des transferts dès le mois de juillet …
En effet, j’ai senti très tôt l’intérêt de clubs de Ligue 1 comme Caen, Angers, Metz et Strasbourg. C’était flatteur de savoir que l’on comptait sur moi pour démarrer une nouvelle aventure. Après il y avait les souhaits du Betis de réaliser un transfert et ceux de certains clubs qui privilégiaient un prêt. Ensuite, il y avait des contraintes financières: il faut aussi une adéquation entre ce que tu perds en quittant un club et ce que tu trouves en arrivant dans un nouveau. J’étais prêt à faire un effort financier important à condition de trouver un challenge excitant sportivement, car je fonctionne beaucoup au feeling, à l’instinct. Il faut que je me sente à l’aise dans un club, entouré de gens qui me désirent.
J’étais prêt à faire un effort financier important à condition de trouver un challenge excitant sportivement »
Jonas Martin
Tu as aussi reçu un coup de fil de l’étranger…
Oui, Paul le Guen m’a très vite contacté en me proposant un contrat très intéressant de trois ans à Bursaspor avec une aventure sportive et humaine qui s’annonçait passionnante. C’était tentant d’aller relever ce challenge. J’ai pesé le pour et le contre et j’ai préféré un retour en Ligue 1.
Sachant qu’au dernier moment le TFC de Pascal Dupraz est venu aux nouvelles…
Le coach Pascal Dupraz a manifesté beaucoup d’envie à l’idée de me faire signer, il comptait sur moi même avec une concurrence accrue car le club a fait un recrutement intelligent depuis l’hiver dernier. Dans son esprit je devais faire la transition défense-attaque ce qui est un peu la force de mon jeu et le rôle qui me convient le plus sur le terrain. Le club proposait un contrat de quatre ans, du solide pour avancer dans ma carrière.
Et rapidement le choix s’est limité à un match entre Toulouse et Strasbourg…
Exactement. Strasbourg était au départ plus orienté sur un prêt tandis que le TFC privilégiait un transfert sec.
Je connais bien Thierry Laurey […] et surtout Fabien Lefebvre […] qui a été mon entraîneur dans les équipes de jeunes au MHSC. Cela a beaucoup compté dans ma décision »
Jonas Martin
Tu as eu un feeling particulier avec le Racing Club de Strasbourg, non ?
C’est vrai. D’abord une grande volonté des dirigeants et du staff technique de me faire signer. Je connais bien Thierry Laurey, ancien montpelliérain, et surtout Fabien Lefebvre, son adjoint, qui a été mon entraîneur dans les équipes de jeunes au MHSC. Cela a beaucoup compté dans ma décision. Le projet est séduisant: ancrer le club en Ligue 1 et lui redonner son lustre d’antan pour qu’il redevienne le moteur de toute une région dynamique et chaleureuse. Strasbourg c’est la capitale de l’Europe et le RCS doit devenir un acteur incontournable du football français. Il y a déjà 15 000 abonnés ce qui est une performance remarquable pour un retour en L1 ! Et je n’oublie pas que je suis originaire de l’Est, mes parents et ma famille pourront venir me voir jouer régulièrement et j’en suis très heureux. Signer à Strasbourg est le bon choix, j’en suis persuadé.
Et as-tu reçu des assurances sur ton rôle ?
En effet. Ils veulent encadrer leurs jeunes joueurs avec des éléments plus aguerris au haut niveau. Je ferai partie de ces joueurs-là, sur lesquels le président et le coach misent beaucoup. Pour moi c’est très gratifiant de devenir un des joueurs cadres de l’équipe, j’avais besoin de cette stabilité et de cette confiance mutuelle pour avancer.
Au niveau du contrat, tout le monde a-t-il fait un effort ?
Oui. Au cours des discussions avec le Betis et mes agents, les choses ont évolué et les points de vue se sont rapprochés. Nous avons abouti à un contrat de trois ans et un montant de transfert de 1.5 M€ assorti de divers bonus. Cette solution satisfait tout le monde et personnellement cela me donne une garantie de stabilité pour la suite de ma carrière.
Le MHSC est et sera toujours ma maison, mes racines footballistiques sont là-bas. Je sais d’où je viens et ce qui m’a construit »
Jonas Martin
Malgré des offensives de Toulouse et de Bursaspor, tu as donc privilégié le choix que tu avais en tête depuis quelques jours ?
Comme je l’ai dit, je marche à l’instinct. Et au RC Strasbourg tous les paramètres semblaient réunis: dirigeants, coaches, public, challenge sportif, rôle sur le terrain… La vie me conduit ici et c’est le meilleur choix possible à l’instant T alors maintenant on va se relever les manches et basculer à fond dans la préparation de la nouvelle saison qui s’annonce palpitante !
Donc Jonas Martin va faire rugir la Meinau de plaisir ?
Je l’espère bien et pas qu’à domicile, à l’extérieur aussi ! Je suis très heureux d’avoir rejoint les ciels et blancs et j’ai envie de tout donner pour ce club qui m’a si chaleureusement accueilli.
Un mot sur Montpellier; les supporters, qui t’apprécient beaucoup, sont partagés entre joie de te revoir en Ligue 1 et tristesse que tu ne reviennes pas à La Paillade…
Le MHSC est et sera toujours ma maison, mes racines footballistiques sont là-bas. Je sais d’où je viens et ce qui m’a construit. Nous nous sommes tous retrouvés lors des obsèques du Président Loulou Nicollin et cela fait chaud au cœur de voir tant de solidarité et d’amour de la part du peuple montpelliérain. Dans mon cheminement personnel, un retour au MHSC n’était pas envisageable dans l’immédiat, j’ai besoin de temps et d’emmagasiner d’autres expériences footballistiques pour m’enrichir autrement.
Crédits photo à la une: Twitter – @JonasMartin8