Il y a des jours… Vous vous levez et vous vous attendez à un jour habituel. Vous vous couchez et tout le monde ne parle que d’une seule chose: la mort de Diego Maradona. Le football n’a pas perdu un individu quelconque, il a perdu une idée que l’on se fait de lui.
Diego Maradona nous a quittés, à l’âge de 60 ans, d’une crise cardiaque. Il laisse derrière lui une légende, sa légende. Il l’a écrite dans les rues de Buenos Aires où il est né et où il a grandi dans la pauvreté. Il l’a écrite au Mexique. A Naples aussi. Un peu partout finalement. C’est ça finalement une icône mondiale. Nous le connaissons tous mais nous ne le pleurerons pas de la même façon. En France, nous ne comprendrons sans doute pas assez ce qu’il vient de se passer. Nous regretterons cette disparition en regrettant la mort d’un immense joueur, d’une partie d’un sport, le football, d’un créateur, d’un fondateur, d’un pilier.
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En Argentine, les larmes ne sauront vraiment quoi pleurer si ce n’est l’envol vers le ciel d’un gamin en or qui a marqué l’histoire du pays, l’a fait rêver et en a représenté un symbole qui dépasse le genre humain. L’empreinte que Diego Maradona a su laisser, partout sans exception, est celle d’un prodige du football charismatique, adulé, à un tel point que le pardon de ses mauvais côtés lui était si facilement accordé. L’erreur est humaine mais le pardon général fut divin.
Maradona, l’homme du 22 juin 1986
Diego, « Dios », parti de rien, touchant la gloire avec ses pieds. Avec sa main aussi. Des individus mettent toute une vie pour se faire pardonner. Ce jour-là, un 22 juin 1986, dans un quart de finale de Coupe du monde, Diego Maradona a mis quatre minutes. Après avoir offert au football sa plus illustre action illicite, il lui a offert son but le plus mythique. Une chevauchée fantastique depuis le milieu du terrain, tel un danseur dont les pieds accompagnaient avec grâce un ballon choyé et dont les pas s’agençaient avec une perfection rare.
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Oui, ce jour-là, Maradona n’a pas seulement éliminé l’Angleterre à lui tout seul. Il est devenu Diego, avec le luxe qu’ont de rares personnes à être reconnues de par leur prénom, un simple patronyme comme synonyme d’actes glorieux, qui traversent les âges et les générations sans jamais se perdre dans les limbes. Pour des millions d’Argentins, il est devenu Dieu, sans savoir à ce moment-là qu’il allait se retrouver déifié de son vivant une deuxième fois, en Italie, à Naples, loin de ses terres natales.
L’enfant chéri de Naples
Il y était arrivé en 1984. Il en repartira en 1991 en ayant écrit la plus belle page de l’histoire du club. Porté par le succès du Mondial-86, il va amener Naples au sommet. Deux scudetti, encore à ce jour les deux seuls du Napoli, une Coupe de l’UEFA, une Coupe d’Italie, une Supercoupe d’Italie. Et au-delà du terrain, l’image d’un joueur à tout jamais associé à l’histoire de Naples, que l’on dessine dans les rues, qui n’a jamais vraiment quitté la ville. L’effet Maradona. L’effet d’une idole dont les liens avec la mafia et l’addiction à la cocaïne n’ont jamais altéré la légende mais l’ont, au contraire, renforcée.
Ce soir, l’Argentine et Naples pleurent sans doute encore plus la perte de Diego Maradona. Le monde du football perd un guide, l’un de ses meilleurs représentants. Maradona est parti jongler dans le ciel. Diego, lui, est éternel.