Malgré une grosse domination Allemande, en première période notamment, les hommes de Didier Deschamps se sont sublimés pour sortir les Champions du Monde Allemands (2-0) et rallier la finale de leur Euro 2016 ! Décryptage.
1982, 1986, 2014… Autant de défaites de l’équipe de France face à la Mannschaft en grands tournois internationaux, avec le côté dramatique en plus. Mais pourtant, avant cette demi-finale de l’Euro face aux Champions du Monde en titre, les hommes de Didier Deschamps n’étaient pas animés d’un sentiment de revanche, seulement l’envie de renverser l’Everest et de rallier la finale de l’Euro. Et la réussite, mais également la magie qui les ont accompagné, dans ce cratère qu’est le Vélodrome, leur ont permis de réussir l’exploit face à la Mannschaft. Certes les Allemands ont dominé, certes la validité du premier pénalty pourra longuement être débattue, mais c’est surtout le cœur des Bleus qui a permis à ces derniers de se qualifier.
La presse outre-Rhin a crût son équipe arrivée : la désillusion n’en est que plus grande pour les Allemands, qui avaient pris la bonne habitude de toujours battre le pays organisateur d’un tournoi, lorsqu’elle le rencontrait (n’est-ce-pas le Brésil ?!), depuis 1972. Mais les Français sont allés chercher leur succès. Ils ne leur restent désormais qu’un échelon à gravir (le Portugal de Cristiano Ronaldo et Pepe) pour imiter Platini en 1984 ou Zidane en 1998, et offrir au peuple bleu, blanc et rouge un sacre à domicile tant attendu !
Pour réaliser l’exploit, « DD » alignait le même onze que face aux Islandais en quart (5-2), avec Samuel Umtiti aux côtés de Laurent Koscielny en charnière centrale, et Moussa Sissoko sur le flan droit de l’attaque française, avec les garanties défensives en plus. Du côté allemand, les blessures (Khedira, Gomez) et les suspensions (Hummels) ont poussé Joachim Löw à innover dans le choix des hommes (Höwedes, Can) et tactiquement (4-3-3), un système nouveau pour les Allemands dans ce tournoi. Mais le danger restait là, avec Neuer dans les buts, Boateng derrière, Kroos et Schweinsteiger au milieu et un secteur offensif aussi quantitatif que qualitatif (Draxler, Müller, Özil).
Le RÉSUMÉ du match: Grizou, sauveur dans l’âme
Dimitri Payet allumait une première mèche et passait Kimmich avant que son centre ne soit dévié en corner par Can (2e). Les Français pressaient très haut les Allemands, avec un niveau d’agressivité excellent, poussant les champions du Monde à dégager sous pression, balançant la plupart de leurs relances. D’un subtil une-deux avec un Blaise Matuidi excellent d’entrée, Antoine Griezmann poussait « Manu » Neuer à réaliser une belle parade (7e). Néanmoins, les Allemands parvenaient tout de même, au prix de phases de conservation à une touche de balle, démontrant toute leur qualité technique, à venir inquiéter Hugo Lloris. Müller ne trouvait cependant pas le cadre (13e), avant que Can ne pousse Lloris, d’une frappe des 20 mètres, à réaliser une belle détente verticale (14e).
Après 10 premières minutes difficiles, les hommes de Joachim Löw privaient désormais les Bleus de la balle. Ces derniers, forcés de faire le dos rond, subissaient la tempête tout en s’appliquant à bien défendre. Les hommes de Didier Deschamps avaient toutes les peines du monde à relancer proprement à partir de leur camp, et lorsqu’ils parvenaient à se projeter, le soutien au porteur de balle était trop faible pour aller mettre en danger le but Allemand. L’emprise allemande était de plus en plus forte. Les hommes de la Mannschaft s’immisçaient très facilement dans les 16,5 mètres français, mais parvenaient également à inquiéter le portier des Bleus des 25-30 mètres par Schweinsteiger (26e), tandis qu’Umtiti devait sauver en catastrophe devant Müller, suite à un centre de Kimmich (31e). Et lorsque les Bleus se procuraient des coups-francs intéressants, Neuer se montrait impérial pour repousser les assauts (Pogba,37e). Griezmann combinait avec Evra, mais l’attaquant de l’Athlético Madrid n’était pas dans un angle de frappe idéal et trouvait le petit-filet extérieur de Neuer (41e).
Un peu mieux en fin de première période, les Bleus tentaient de partir en contre. Giroud prenait l’espace et partait au but : il faudra saluer le retour défensif de Höwedes, mais également constater le manque de lucidité de l’attaquant d’Arsenal qui aurait pu servir Griezmann sur sa droite (42e). Le temps-additionnel de la première période venait de débuter, lorsque le gros fait de jeu de la partie intervint (voir par ailleurs) : totalement contre le cours du jeu, les Français obtenaient un pénalty pour une main assez peu évidente de Schweinsteiger (45+1e). Antoine Griezmann, qui avait déjà mis un but au portier Allemand cette saison en demi-finale retour de la Ligue des Champions, avec son club de l’Athlético Madrid, récidivait en battant avec plein de sang-froid le portier formé à Schalke 04, pour confirmer sa place de meilleur buteur de cet Euro 2016 (5 buts) (0-1, 45+2e). Assez miraculeusement, car outrageusement dominés, les Bleus viraient en tête à la mi-temps, et prenaient un petit avantage dans l’optique d’une qualification en finale !
D’ailleurs, les Bleus repartaient fort en seconde période. Les tentatives de Giroud et Griezmann étaient contrées par la défense Allemande (46e, 47e). Très sereine défensivement, à l’image de Koscielny, d’Umtiti, d’Evra ou de Sissoko, la défense des Bleus contenait les offensives de la Mannschaft. Certes, cette dernière continuait d’aspirer le ballon, mais elle ne parvenait pas à trouver le petit décalage, que Kroos ou Özil pourraient initier. Et les Allemands connaissaient un nouveau coup-dur avec la blessure de Jérôme Boateng, qui s’est fait mal tout seul en effectuant une longue transversale, remplacé par Mustafi (60e). Les Allemands n’y étaient plus tellement dans les intentions offensives, et les Bleus commençaient à reprendre la maîtrise du match. Et suite à un énorme travail de Pogba qui centrait, Neuer passait au travers et Griezmann, tel un renard des surfaces, planta une nouvelle banderille et scora pour la 6e fois personnellement dans cet Euro (0-2, 70e).
Sonnés, mais pas encore résignés, les joueurs de la Mannschaft tentaient de suite de réduire un écart devenu presque abyssal vu l’application défensive des Bleus. Joachim Löw tentait le tout pour le tout avec les entrées de Götze et Leroy Sané, pour les premières minutes de cet attaquant dans ce Championnat d’Europe. Kimmich trouvait l’équerre d’Hugo Lloris (74e), tandis que Mustafi (78e) puis Höwedes (82e) ne cadraient pas leur reprise. Mais les Allemands n’étaient plus équilibrés entre l’attaque et la défense, et les Bleus pouvaient faire très mal à la récupération du ballon : Griezmann partait à grandes enjambées en contre, mais il manqua de lucidité et oublia Giroud, sans inquiéter Neuer (85e). En grand seigneur, le sélectionneur des Bleus offrit à « Grizou » une standing-ovation de la part du Vélodrome lors de son remplacement par Cabaye (90+1e). L’affaire était pliée. Lloris réalisa une dernière parade de classe sur une tête de Kimmich (90+3e) : les Bleus sont en finale de l’Euro 2016, leur Euro 2016 !
Le FAIT: le penalty accordé aux Français
Le quatrième arbitre de la rencontre venait d’annoncer une minute de temps additionnel, les Bleus obtenaient un corner, concédé par Hector. Antoine Griezmann se chargeait, comme à son habitude, de l’exécuter. Le ballon retomba au point de pénalty, où Evra et Schweinsteiger étaient au duel. Le latéral Français reprenait le cuir de la tête mais le milieu de Manchester United enlevait sa tentative de la main (voir image ci-dessus). Une obstruction peu évidente dans le feu de l’action. Mais l’arbitre de la rencontre, monsieur Rizzoli, sûrement aidé par son arbitre de surface, désigna dans l’incompréhension totale le point de pénalty, tout en avertissant l’auteur de la faute, et Özil qui était venu contester assez fortement sa décision. Plein de sang-froid et de maîtrise, Antoine Griezmann prenait à contre-pied Manuel Neuer pour lancer des Français vers le finale (0-1, 45+2e) !
Les NOTES de la rédaction:
Allemagne
Neuer (4) – Kimmich (5), Boateng (4,5), Höwedes (4,5), Hector (4) – Can (4), Schweinsteiger (4), Kroos (4) – Özil (4,5), Müller (3,5), Draxler (3,5)
France
Lloris (6,5) – Sagna (5,5), Koscielny (6), Umtiti (6), Evra (6) – Pogba (6,5), Matuidi (6)- Sissoko (7), Griezmann (8), Payet (5,5) – Giroud (5)