Le 19 mai 1999 est une date qui restera à jamais dans l’histoire du football européen puisque ce jour-là, la Lazio de Rome remporte la 39e et dernière édition de la Coupe des vainqueurs de coupes de l’UEFA. La C2, ainsi appelée, n’existe plus depuis bientôt vingt ans et on peut se demander de façon utopique s’il faut rétablir cette prestigieuse compétition.
Un peu d’histoire
La Coupe des Coupes a été créée par l’UEFA en 1960 et vise à rassembler tous les vainqueurs des coupes nationales. Les débuts sont pourtant difficiles et certains ne sont pas enthousiastes à l’idée de participer à cette compétition. La saison 1960-1961 est la première saison où la C2, comme on l’appelle, est organisée et elle est remportée par la Fiorentina face aux Rangers de Glasgow sur un score total de 4-1 (ce fut la seule fois que la finale de la C2 se joua en format aller-retour).
En 1962 et 1964, on assiste à des finales à rejouer, remportées l’une par l’Atlético Madrid face au tenant du titre de l’époque la Fiorentina (1-1 à Glasgow puis 3-0 à Stuttgart), l’autre par le Sporting de Lisbonne face au MTK de Budapest (3-3 à Bruxelles, puis 1-0 à Anvers). Enfin en 1971 Chelsea concède le 1-1 face au Real Madrid avant de l’emporter 2-1. Voici le tableau quant au lancement de cette compétition, à visée novatrice.
De 1965 à 1999, la plupart des finales furent remportées dans le temps réglementaire et quelquefois en prolongations, voire aux tirs aux buts (le FC Valence fut le seul vainqueur de la C2 aux tirs aux buts en 1980 contre Arsenal). C’était, paraît-il, la Coupe d’Europe la plus facile à gagner. Mais ce constat est à nuancer; tout au long de cette compétition, surtout durant les années 1970 et 1980, nous avons connu un football spectaculaire avec de très bons attaquants comme Oleg Blokhin pour le Dynamo Kiev, Rob Rensenbrink pour le RSC Anderlecht, Gianluca Vialli pour la Sampdoria de Gênes ou encore Ian Wright pour Arsenal .
De plus, en regardant le palmarès de cette compétition, aucune équipe n’a réussi à défendre son titre (à l’inverse de la C1 et de la C3). Le Paris Saint-Germain en fait partie puisqu’il l’a gagnée en 1996 face au Rapid de Vienne et l’a perdu l’année suivante face au Barça sur un penalty de Ronaldo (le FC Barcelone est d’ailleurs l’équipe la plus titrée de la C2 avec 4 trophées à son actif).
La Coupe des Coupes perd de sa superbe dès 1997: l’UEFA, dirigée à l’époque par Lennhart Johansson, a donné la possibilité pour les meilleurs championnats européens d’avoir un club supplémentaire en Ligue des Champions, qui est une conséquence de l’arrêt Bosman. La 39e et dernière édition fût remportée par la Lazio de Rome contre Majorque en 1999.
Pourquoi la rétablir ?
Pour ses fervents supporters, la Coupe des Coupes serait vectrice de quatre conséquences positives:
• Améliorer le coefficient UEFA du club qualifié pour la C2 mais aussi du championnat qu’il représente. ce qui permettrait peut-être de revoir un club français en finale de la C2 à condition de se donner à fond. Cela permettrait aussi de donner une chance aux autres clubs issus des championnats de faibles niveaux.
• Le système d’un club par pays fonctionne parfaitement et offre la même chance pour tout le monde et pour le sacre final, y compris à des équipes que l’Occident connaît pas ou peu.

Le PSG de Neymar aurait-il intérêt à voir l’apparition d’une nouvelle compétition continentale ? C.GAVELLE / PSG
• Alléger le calendrier des clubs participant aux Coupes d’Europe – ce qui au passage doit aller inévitablement vers la liquidation des compétitions jugées « inutiles » comme les Coupes de la Ligue (en France ou en Angleterre) -, mais aussi alléger le format de la Ligue Europa, ou plutôt de revenir au système des matchs aller-retour. Ce qui doit tendre inévitablement vers la baisse du nombre de clubs participant aux championnats nationaux respectifs (par exemple placer la Ligue 1 ou la Serie A sur un schéma à 18 clubs).
• Profiter d’affiches exotiques à tout moment de la compétition, y compris en finale (exemples: Slovan Bratislava – FC Barcelone en 1969, Aberdeen FC – Real Madrid en 1983, etc.) dans un double-objectif: d’une part étendre la culture footballistique, et d’autre part engendrer de nouveaux enjeux pour les téléspectateurs.
Un rêve utopique
Bien sûr, rétablir la Coupe des Coupes n’est pas sans inconvénients et cela pose quatre problèmes.
- Déroulement: soit l’organiser comme en C1 et C3, avec une phase des qualifications puis une phase de poules (32 équipes pour 8 poules de 4) et classer les clubs qualifiés en fonction de leurs coefficients UEFA; soit en revenir à l’ancien format comme il y a trente ans avec des matchs aller-retour.
- Calendrier: il n’est pas sûr que les pays membres de l’UEFA seront d’accord sur cette question.
- Intérêts des « grands » clubs: pas sûr que le FC Barcelone ou le Real Madrid veuillent participer à la C2. Ils craignent le manque d’intérêts des spectateurs pour assister à ce genre de compétition. Ce qui a pour une des conséquences peu de recettes en termes en billetterie et en droits télévisuels.
- Coût: organiser une nouvelle fois la C2 coûte aussi de l’argent à l’UEFA, sans retombées certaines à très court terme.
Dès lors, le rêve de voir ressusciter la Coupe des Coupes tient de l’utopie et les chances sont très minces voire inexistantes malgré le désir, l’envie et le plaisir que nous pourrions prendre à regarder une nouvelle fois cette compétition. Car il faut le reconnaître: bon nombre de ses supporters voient en la C2 une possibilité quelque peu, entre nostalgie et anti-capitalisme, de contrecarrer le foot business. Qui plus est: la volonté de l’Association Européenne des Clubs (ECA) est, à long terme, de tuer la méritocratie sportive au profit des arguments économiques (bien qu’ils soient en droit de les défendre) et ainsi de mettre l’UEFA sur le banc de touche.
D’ailleurs, cette dernière aurait approuvé l’idée de créer une troisième Coupe d’Europe, mais en favorisant davantage les championnats les plus faibles, qui a été approuvé par l’ECA. Mais à quoi ressemblera cette nouvelle coupe? Affaire à suivre.
Crédits photo à la Une: Bart Molendijk / Anefo