De plus en plus, les horaires des matchs de foot s’avèrent problématiques. Ces questions concernent principalement les matchs qui se jouent en semaine, en ce moment même avec la Coupe de la Ligue. Ces horaires parfois lunaires entraînent la colère des supporters. Et ce, à juste titre.
Les chants… devant la télé
Ce mardi 17 décembre, Reims recevait Montpellier en 8es de finale de Coupe de la Ligue. Horaire du match: 18h45. Résultat: un stade littéralement vide partout sauf en tribune face caméra, où tous les spectateurs avaient été rassemblés. Les ultras rémois ont profité de l’occasion pour protester contre cette programmation; ils se sont absentés pendant le premier quart d’heure, disposant une banderole des plus explicites « on quitte le boulot et on arrive ». Passées ces 15 minutes, ces derniers sont revenus encourager leur équipe, qui a fini par se qualifier. Difficile de contester leur action, que ça soit sur la forme ou sur le fond; pourtant le commentateur de la chaîne Canal Plus, Stéphane Guy, a peu goûté leur action, ironisant sur le fait qu’il « y a toujours une bonne raison de protester de toute façon » (sic).
La grogne des supporters, tout du moins de ceux qui vont au stade, s’avère dans les faits tout à fait légitime, tant nombreux sont ceux pour qui il est impossible de venir encourager leurs protégés à de tels horaires. Le spectateur télé est ainsi privilégié par les chaînes câblées, qui vont jusqu’à avancer certains coups d’envoi pour pouvoir enchaîner avec un débrief journalistique concis post-match et une longue page de publicités avant l’affiche de 20h45 ou 21h. Ce cynisme économique a des raisons valables d’exister mais pénalise ceux qui vivent leur passion depuis les tribunes.
Cependant, ce raisonnement économico-sportif ne prend pas uniquement place en Coupe de la Ligue; les affiches de Ligue 1 proposées à 13 heures (le samedi ou le dimanche) le sont pour que les téléspectateurs chinois puissent profiter du match. De même pour le match du lundi soir en Ligue 2, qui pénalise souvent les équipes et les supporters, mais qui permet à des chaînes privées de proposer du foot un jour de plus dans la semaine.
Une dynamique continentale
En Espagne aussi on peut constater des politiques similaires. Par exemple, le Clasico de ce 18 décembre doit se jouer à 13 heures pour être placé sur le meilleur créneau horaire mondial. Toujours en Espagne, il y a eu récemment de fortes contestations quant aux matchs du lundi soir, à tel point qu’ils ont été retirés par la Ligue à partir de la saison 2019/2020. En Allemagne, la protestation des supporters face à de telles pratiques demeure exacerbée; alors que la Ligue allemande venait de décréter l’implantation de matchs le lundi, les ultras du club de Frankfurt sont descendus dernièrement sur la pelouse de leur équipe (opposée à Leipzig) pour retarder le début de la rencontre. Ainsi, force est de constater que face aux horaires décalés, les supporters commencent à faire front. Ce mouvement de prestation, peu affirmé en France, a donc d’ores et déjà porté ses fruits à l’étranger; la France suivra-t-elle cette dynamique ?
Crédits photo à la Une: Ungry Young Man