Noël Le Graët a été réélu ce samedi à la tête de la Fédération Française de Football. Et ce, dès le premier tour, avec près de 57.4% des suffrages. Une nouvelle réélection au sein d’une grande instance nationale qui le promulgue encore un peu plus sur le banc si controversé des personnages emblématiques du sport français. Dossier.
Son nom est incontournable au sein du football hexagonal voire international. Noël Le Graët, 75 printemps, président de la puissante FFF depuis juin 2011, poursuivra son travail au sein de la « 3F » pendant quatre années encore. Déjà président de la Ligue de Football Professionnelle par le passé (de 1991 à 2000), le natif de Bourbriac ne compte désormais plus les mois passés aux commandes de la plus grande fédération sportive française – plus de 2.2 millions de licenciés.
Noël Le Graët, homme aux multiples casquettes
En plus d’avoir présidé la LFP, de perdurer au trône de la FFF, Noël Le Graët a aussi été président de l’En Avant Guingamp (Ligue 1), son club de cœur, de 1972 à 1991 puis de 2002 à 2011. Mais il porte aussi la casquette de chef d’entreprise brillant, président directeur général du Groupe Le Graët, spécialisé dans l’exportation de produits de la mer, qui employait 700 personnes en 2010 pour 163 millions d’euros de chiffre d’affaires annuels dégagés lors de la même année. Grâce à son esprit d’entrepreneur, il a pu se forger une renommée locale, lui permettant d’être Maire de la ville de Guingamp (sous une étiquette Parti Socialiste) de 1995 à 2008 – alors qu’il était président de la LFP, puis dirigeant du club de foot de la ville dans le même temps.
Une présidence à la FFF controversée
Sa présidence à la « Fédé » depuis juin 2011 – il avait succédé à l’intérimaire Fernand Duchaussoy, qui avait lui même succédé à Jean-Pierre Escalettes (2007-2010), président démissionnaire après la débâcle de Knysna – a été teintée de diverses controverses. Souvent remis en question vis-à-vis de certaines affaires qui ont terni l’image du foot français, notamment la gestion du cas Karim Benzema lors de la sextape gate ces derniers mois, ses relations et son expérience lui ont toujours permis de durer au sein des plus hautes institutions. Pourtant, en cinq ans de présidence, il a accumulé les déboires. En septembre 2013 d’abord, devant les caméras de France Télévision et de l’émission « Cash Investigation« , il avait assumé le fait que la FFF laisse des agents de football peu scrupuleux et condamnés par la justice agir en toute légalité, « des bons gars » selon ses propres dires. Ses propos en avaient alors choqué plus d’un.
Pire, il a toujours assumé son soutient pour son ami et ex-président très controversé de la FIFA, Sepp Blatter – suspendu actuellement 6 ans de toute activité touchant de près ou de loin le monde du foot. En outre, il n’a jamais caché son manque d’attirance pour les Jeux Olympiques 2024 auxquels la France est candidate: « Les JO ? J’en ai rien à foutre !« . Par ailleurs, ses 75 ans passés ne renforcent qu’un peu plus le vieillissement des gouvernants sportifs français – à l’image des hauts fonctionnaires, comme des hommes politiques. Néanmoins, à sa décharge, on pourra faire remarquer que son expérience d’entrepreneur aura fait virer au vert les comptes de la FFF sous sa présidence, avec près de 1.4 millions d’euros de résultat net positif de 2014 à 2016.
Jacques Rousselot n’a pas créé l’exploit
Cette année, Noël Le Graët, contrairement aux dernières élections – il avait été réélu en décembre 2012 avec plus de 83% des voix – a été confronté à une concurrence accrue. Jacques Rousselot, 67 ans et actuel président du club de Ligue 1 de Nancy, ancien proche de Noël Le Graët, se voyait bien déboulonner ce dernier. Mais la puissante et influente liste du président sortant, et alors qu’il avait refusé tout débat télévisé – comme cela a pu se faire lors des élections pour la Fédération Française de Tennis -, ont pesé dans la balance. Au final, l’ancien patron d’hypermarchés Leclerc a recueilli 41.9% des voix, insuffisant pour espérer mieux que la place de dauphin. Parallèlement, les deux autres candidats, si fantasques soient-ils, n’ont pas pesé bien lourd: Eric Thomas a obtenu 0.5% des suffrages, tandis que David Donadei n’a recueilli aucune voix.
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