Mardi dernier, l’Olympique Lyonnais recevait le FC Barcelone en huitième de finale aller de la Ligue des champions. Pour assister à la rencontre, 650 membres d’associations de supporters du club catalan avaient fait le déplacement. À cette occasion, Au Stade s’est intéressé aux groupes de supporters français du Barça. Enquête.
Le football déchaîne les passions à l’échelle mondiale. Pour preuve, plus de 40% de la population mondiale s’y intéresse. C’est une des conclusions de l’étude réalisée en 2018 par Nielsen – fournisseur officiel de la Coupe du monde – dans 18 pays à travers le globe. Cependant, homogénéiser l’engouement des amateurs du ballon rond serait une erreur. En effet, certains voient uniquement le football comme un divertissement occasionnel. D’autres, en revanche, vouent une admiration quotidienne envers les clubs qu’ils soutiennent. C’est le cas des membres des penyes– peñas en espagnol. En français, ce terme catalan fait référence aux groupes de supporters. Au FC Barcelone, les penyes sont même officiellement reconnus par le club. Mais quelles sont les spécificités de ces organisations ? Pour le savoir, Au Stade s’est intéressé aux penyes françaises du FC Barcelone. Avec environ 1200 groupes dans le monde, le club catalan est effectivement une référence dans ce domaine.
La passion du club, une nécessité
On dit que le football unit. Ces mots prennent tout leur sens dans les penyes. D’origine hispanique, ces associations rassemblent les passionnés autour d’un club. Pour devenir membre, il est donc indispensable de partager une passion commune pour son histoire et sa culture. C’est ce que nous explique Nicolas Fayet, président de la Penya FC Blaugrana Lyon. Il n’est pas le seul à insister sur ce point. Ces propos transparaissent également dans le discours de Navid, vice-président de la Penya Blaugrana Paris. L’histoire de cette dernière est remarquable. Elle résulte effectivement de la fusion de la Casal Catalunya de Paris – association créée en 1945 pour permettre aux exilés catalans de se réunir – avec des supporters français pro-Barça influents. C’est ainsi que la Penya Blaugrana Paris obtient son statut le 5 novembre 2010. Sa création a donc permis de regrouper des supporters parisiens du FC Barcelone. C’est en tout cas ce que nous indique Enrique, un membre de longue date.
Une ambiance unique
« Convivialité » et « partage ». Tels sont les mots qui reviennent spontanément chez les membres des penyes dès qu’il s’agit de définir leur association. Bien qu’indispensable, la passion commune pour le Barça n’est donc pas l’unique spécificité des penyes catalanes. Au contraire, le charme de ces associations de supporters relève avant tout de la mixité ethnique, sociale et générationnelle des membres du groupe. Ces derniers se réunissent les soirs de match dans des bars pour encourager à distance les joueurs de leur équipe. Le tout dans une ambiance festive. C’est le constat d’Au Stade qui a assisté samedi dernier à la diffusion du match opposant le FC Séville au FC Barcelone (2-4) en compagnie de la Penya Blaugrana Paris. Comme nous l’explique François, Jean-Pierre et Melvin, des membres de la penya, la diversité entre les supporters est loin d’être un obstacle. Au contraire, elle est même fortement appréciée. Cette mixité joue effectivement un rôle prépondérant dans l’ambiance qui se dégage des penyes. Elle permet effectivement à des personnes dont le parcours de vie est différent de se côtoyer. C’est justement dans l’optique de favoriser la diversité entre les supporters que le tarif d’adhésion est attractif. Il s’élève effectivement à une vingtaine d’euros.
De nombreux avantages
Si l’adhésion aux penyes est payante, les supporters bénéficient toutefois de nombreux avantages. Certains sont budgétaires. C’est par exemple le cas des réductions au musée du FC Barcelone (-25%) à la boutique officielle (-5%) et à la billetterie (-15%). Les matchs de l’équipe réserve du Barça B et de l’ensemble des sections du centre de formation sont quant à eux gratuits pour les membres des penyes. D’autres avantages concernent quant à eux l’accès facilité – dans la limite des places disponibles – aux billets des grandes affiches. Sur les 250 membres de la Penya Blaugrana Lyon, 106 d’entre eux ont ainsi assisté au huitième de finale aller de la Ligue des champions au Groupama Stadium.
Cependant, le principal intérêt des supporters du club catalan ne se trouve pas dans ces offres alléchantes. Effectivement, depuis 2014, l’inscription dans une penya officielle du Barça depuis au moins trois ans permet aux supporters de revendiquer leur statut de socio vis-à-vis du club. C’est le Graal pour tous les passionnés du FC Barcelone. Le Barça étant un des rares clubs sportifs à fonctionner de façon démocratique, les socios peuvent élire tous les six ans un président à la tête de l’institution sportive. Ils participent donc directement à la vie du club. Depuis sa création en 2010, trente supporters de la Penya Blaugrana Paris ont bénéficié de cette mesure. Cela dit, il convient toutefois de préciser que le statut de socio est onéreux. D’après Enrique, il est d’environ 200 euros par an.
La communication, un élément clé dans la structure des penyes
La communication est essentielle à la pérennité des penyes. Elle permet effectivement de maintenir le nombre de supporters. Avec 180 membres la saison dernière, la Penya Blaugrana Paris a ainsi généralement un nombre moyen d’adhérents compris entre 170 et 200 supporters. Pour stabiliser ce nombre, l’association publie régulièrement sur les réseaux sociaux. Cela facilite la venue de nouveaux membres. Ce fut notamment le cas en 2014-2015 lors de la phase de groupe de Ligue des Champions. Le Paris Saint-Germain affrontait alors le FC Barcelone. Pour faciliter initialement leur entrée au Parc des Princes, certains devinrent ainsi membres de la Penya Blaugrana Paris. Mais, si la communication permet de recruter de nouveaux membres, elle permet également d’inciter les plus anciens à rester. Du fait des échanges réguliers avec les dirigeants des associations, certains supporters ayant obtenu leur statut de socio poursuivent ainsi leur aventure avec leur penya d’origine. C’est le cas de Omar, socio et membre de la Penya Blaugrana Paris.
Par ailleurs, dans une certaine mesure, les penyes véhiculent l’image de leur club. Le Barça ne semble cependant pas interférer dans le fonctionnement des associations. Toutefois, la violence est bannie. Le respect est, quant à lui, généralement mis en avant. C’est dans l’optique de représenter dignement leur club que plusieurs penyes s’engagent donc dans le soutien d’associations diverses. La Penya Blaugrana Lyon reverse ainsi 10% du montant de ses adhésions à l’Unicef. Elle se joint également à l’association L’Orchidée. Elle réalise alors le rêve d’un enfant en l’emmenant au Camp Nou pour assister à un match du FC Barcelone. En novembre dernier, la Penya Blaugrana Lyon s’est aussi tournée vers l’association Notre Dame des pauvres pour aider financièrement les personnes démunies.
Crédits photo à la Une: Piotr Matyja