Le 15 juillet dernier, l’équipe de France masculine de football remportait la Coupe du monde pour la deuxième fois de son histoire. Symbole de cette victoire en Russie, une seconde étoile s’est ajoutée sur le maillot des Bleus. Quatre mois après le sacre de l’équipe nationale, peu de supporters possèdent pourtant la nouvelle tenue. Pour le comprendre, Au Stade a décidé d’enquêter.
Stock épuisé. Ces deux mots sont désormais familiers pour la majorité des supporters de l’équipe de France. C’est effectivement la conclusion à laquelle quiconque aboutit dès qu’il souhaite acheter le maillot des Bleus aux deux étoiles. Pourtant, l’équipe de France a officiellement achevé son année civile 2018. Le match amical du 20 novembre dernier face à l’Uruguay au Stade de France était le dernier. Il est donc surprenant que les enseignes sportives ne disposent pas encore d’un stock important de tenues aux deux étoiles. D’après un sondage réalisé par nos soins à Paris auprès de cent supporters, 59% avouent ne « pas comprendre les motifs de ce manque ». Même le président de la Fédération Française de Football (FFF), Noël Le Graët, reconnaît avoir également des difficultés de compréhension. C’est en tout cas ce qu’il a déclaré au micro de nos confères de RTL le 9 octobre dernier. En expliquant les raisons de cette pénurie, nous allons donc tenter de remédier à cette incompréhension.
Une livraison au compte-gouttes depuis la victoire de l’équipe de France
Le maillot bleu aux deux étoiles est rare à la vente. C’est en tout cas ce qu’a constaté la rédaction d’Au Stade après s’être rendue en ce mois de novembre dans différentes enseignes commerciales parisiennes. Qu’il s’agisse d’Intersport, Go Sport, Sport 2000, Nike ou encore la boutique officielle de la FFF, toutes sont en rupture de stock. Cette dernière possède toutefois encore quelques exemplaires de la tenue extérieure blanche. Ce manque de maillots s’explique en partie par leur livraison en faible quantité dans les boutiques. Sport 2000, Nike et le responsable de la boutique de la FFF n’ont cependant pas souhaité nous divulguer le nombre exact. Du côté d’Intersport et de Go Sport, les données sont plus accessibles. D’après Capital, on sait effectivement qu’Intersport n’avait pu approvisionner mi-août ses 340 boutiques que de vingt maillots chacune. Selon cette même source, Go Sport n’était guère mieux loti que son concurrent. À la même période, l’entreprise ne disposait que de cinquante maillots dans les magasins parisiens et trente dans ceux de province. Des vendeurs parisiens travaillant dans ces deux enseignes confirment ces données à la rédaction d’Au Stade.
Un retard aux multiples motifs
Depuis le sacre des Bleus en Russie, la demande des supporters pour obtenir la nouvelle tunique à domicile est importante. Mi-août, les cinquante maillots commercialisés par Go Sport au Forum des Halles se sont vendus en quinze minutes environ. Si le manager de la boutique Nike des Champs-Élysées reste discret sur les délais de livraison et la quantité reçue, il reconnaît toutefois volontiers que les tuniques s’écoulent très rapidement. Un chiffre résume à lui seul cette forte demande. En effet, en octobre, Le Figaro annonçait que 350 000 commandes étaient pré-réservées. Face à l’ampleur de la demande, il est donc difficile pour l’équipementier de commercialiser rapidement un nombre aussi considérable de tenues. D’après un article publié dans Le Parisien le 15 octobre, seulement 170 000 tuniques vont ainsi être livrées avant les fêtes dans les commerces officiels. Satisfaire toutes les demandes avant la fin de l’année est donc impossible. Une simulation de commande d’un maillot de taille médium sur le site de la boutique officielle de la FFF nous informe même que la tenue française à domicile pour cette taille ne sera pas disponible avant le 30 mars 2019.
Cependant, pour RTL, l’équipementier n’est pas à blâmer. Anticiper le vainqueur d’une compétition aussi disputée que celle de la Coupe du monde de la FIFA est difficile. Pour raccourcir le délai de commercialisation, il aurait donc fallu pour Nike préparer un stock pour chacune des 32 équipes participant au tournoi. Or, ce scénario n’est économiquement pas rentable. En effet, une seule équipe remporte la compétition. Par conséquent, les maillots préparés pour les 31 autres nations ne peuvent pas être commercialisés. Par ailleurs, en parallèle de la confection de la tenue des Bleus, Nike doit assurer sa rentrée. C’est même une période cruciale pour l’entreprise américaine car elle lui permet d’écouler des volumes importants de marchandises. Bien que Noël Le Graët le déplore, la fabrication de la tunique française n’est donc pas une priorité pour l’équipementier. Ouest-France le confirme. Face au marché américain et asiatique, le média déclare effectivement que le marché français est minoritaire chez Nike.
Le maillot des Bleus avec une seule étoile, maigre consolation
La vente massive du maillot aux deux étoiles se fait attendre. Cependant, les tuniques portant une seule étoile sont quant à elles toujours en vente. D’après Ouest-France, le retard pris par Nike va ainsi lui permettre d’écouler ce stock. Au fur et à mesure de la commercialisation des nouvelles tenues, le maillot qui l’a précédé va se raréfier jusqu’à devenir historique. Ce raisonnement peut donc inciter les supporters à investir dans son achat. Néanmoins, aucune des enseignes contactées n’a souhaité nous communiquer le nombre de vente de maillots à une étoile depuis la victoire des Bleus en Russie.
En conclusion, la commercialisation de la tenue à domicile de l’équipe de France portant les deux étoiles est un sujet sensible. La communication des données exactes s’avère souvent difficile à obtenir. L’équipementier espère sans doute que l’attente renforce l’envie des supporters. Toutefois, le prix n’est pas plus élevé que d’ordinaire. Sans prendre en compte le flocage, la réplique coûte 85 euros. Pour revêtir le modèle porté par les joueurs, il faut débourser 140 euros. Cela correspond au prix du marché des tenues de football officiels. Or, face à l’allongement du temps d’attente, il serait dommage pour Nike que certains clients désespèrent et se tournent finalement vers des tenues non authentifiées, notamment disponibles à foison sur le marché noir.
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