Cela devait être un simple match, un simple play-off décidant quel club de Ligue 2 allait rejoindre le Toulouse Football Club en barrages. Hélas, ce fut une catastrophe, presque un drame, une honte pour le football français. Et encore une fois, les Corses sont au centre de l’attention, ou comment une île se retrouve dans la majorité des incidents footballistiques majeurs de ces dernières années.
Racisme anti-corse, bashing anti-corse voire même complot anti-corse… Toutes les expressions sont bonnes pour que les Corses se dédouanent de leurs actes. Cela serait parfois trop compliqué de se regarder dans un miroir et de prendre sur soi. Cela paraît en effet plus simple de rejeter la faute sur l’autre. Plus d’une semaine après l’incompréhensible Ajaccio-Le Havre, avec un recul nécessaire, nous pouvons dire qu’il est désormais temps que les clubs corses se remettent en cause, qu’ils arrêtent de jouer les victimes alors que ce sont eux qui victimisent. Si tous les supporters corses ne sont pas à mettre dans le même panier, raison est de reconnaître qu’un ménage mérite d’être fait dans ce tas où se mélangent vrais supporters et pseudo-supporters pensant faire du foot un terrain d’expression de leur frustration politique.
Politique et foot, cocktail exposlif
C’est avec dégoût que l’on constate que la politique prend le pas sur le foot, qu’un match entre une équipe corse et une équipe de la métropole donne lieu à un défouloir anti-métropole dans lequel la liberté d’expression dépasse l’entendement, où une expression comme « Français de merde » paraît être tout à fait appropriée pour des supporters d’une équipe comportant 17 joueurs issus de la métropole et seulement trois Corses. C’est assez répugnant de devoir ainsi séparer les ressortissants de la métropole et les Corses, mais c’est pourtant le seul moyen de montrer à quel point le football corse ne peut se passer du football français. Il le lui rend mal en retour. Ce nationalisme exacerbé séparant les peuples ne peut servir aucune cause. Au contraire il les détruit. Le monde de la politique n’a d’ailleurs pas tarder à récupérer les incidents, les élus corses parlant avec originalité de « complot » comme si, finalement, attaquer un bus à coups de fumigènes et de pierres, provoquer le report d’un match, envahir la pelouse, proférer des insultes racistes et pas seulement « Français de merde » mais aussi « sales nègres » et « sales arabes« , étaient des actes tout à fait convenables et que le problème se situait dans les sanctions, si l’on peut parler de sanctions.
La Ligue de Football Professionnel a été dépassée par les événements. Elle a reporté le match de seulement deux jours, faisant traverser la France aux havrais trois fois en 48 heures, le reportant dans le même stade où les incidents se sont produits, n’incitant pas à la sérénité du côté normand. Si Coutadeur a écopé de sept matches de suspension, Faïz Selemani et Ghislain Gimbert, très impliqués dans la bagarre générale (le premier frappant Mateta), ont bénéficié d’une impunité honteuse. Au final, c’est Jean-Philippe Mateta qui a été suspendu, lui qui n’a pas le droit de chambrer les supporters corses quand bien même ces derniers croient chambrer en l’insultant de « sale nègre« . Si la victoire de l’AC Ajaccio sur le terrain est incontestable, elle ne s’est pas déroulée dans des conditions dignes d’une rencontre de football.
Toulouse victorieux, justice rendue
Que dire de l’agression subie en tribune par le Président du club havrais, Vincent Volpe, et de la députée de Seine-Maritime, Agnès Firmin-Le Bodo… Le match complet s’est déroulé en dehors de tout cadre réglementaire, la loi n’était qu’un souvenir lointain pendant plus de 120 minutes. Heureusement que la LFP a délocalisé le match aller entre Ajaccio et Toulouse à défaut d’attribuer les bonnes sanctions. L’impunité corse se retrouvait même dans cette demande absurde de reporter le barrage aller alors que les ajacciens étaient pleinement responsables du report du deuxième play-off. On peut pousser un ouf de soulagement de voir Toulouse rester en Ligue 1. A défaut de voir le football s’imposer, on décèle quand même une petite victoire de la justice.
Certains diront que les Corses n’ont pas le monopole de la violence footballistique. Certes, mais les plus gros incidents se déroulent étrangement souvent en Corse. Peut-être qu’une remise en cause serait bénéfique mais il est vrai que le Français n’aime pas les Corses, que la moindre sanction qu’il leur inflige est motivée par un racisme acerbe envers cette île. Ce que beaucoup de supporters ne comprennent pas dans le football, c’est que les joueurs ont le droit de chambrer et pas seulement les supporters. Il est assez horripilant d’entendre une phrase telle: « le joueur a été idiot de chambrer« . Ce ne sont pas aux joueurs de s’agenouiller devant la toute-puissance « supportériale« . Un article de Laurent Joffrin publié sur le site de Libération résume parfaitement ce qu’il se passe en Corse lorsque des supporters sortent de leur bouche des « Français de merde« : « Les Corses ont raison parce qu’ils sont corses et les Français sont à jeter aux orties parce qu’ils sont français. La civilisation progresse… » Tant que les Corses ne mettront pas en avant leurs propres actes et les critiqueront, ils se contenteront de laisser surgir leur relent identitaire à vomir, propre à chaque nationalisme nauséabond.
Crédits photo à la Une: Gael13011