Trois mois seulement après le couronnement de l’Inter Milan en Serie A, la crise économique est venue chasser les ambitions du club lombard fraîchement reconstruit sportivement. L’Inter va-t-elle connaître une nouvelle période sombre après une brève éclaircie ? Dossier.
Depuis 2016, le groupe Suning, une multinationale chinoise spécialisée dans le commerce de produits électroniques, est propriétaire majoritaire (68%) des actions de l’Inter Milan. Si ce changement de propriétaire a amorcé un renouveau au sein du club, lui permettant de retrouver l’élite italienne et européenne grâce à un recrutement intelligent et une attractivité retrouvée, l’Inter est désormais en passe de replonger dans la crise. En effet, le groupe Suning a vu son activité commerciale être largement entravée durant la crise du Covid-19, avec un chiffre d’affaires en berne.
La vente des stars pour limiter la casse
Pour faire face à cette crise économique, les dirigeants de l’Inter Milan sont contraints de tout faire pour renflouer les caisses du club afin d’éponger la dette accumulée. Et cela passe inévitablement par la vente de joueurs. Les stars de l’équipe, comme Romelu Lukaku, Achraf Hakimi et Lautaro Martinez, principaux artisans du Scudetto et d’une excellente campagne européenne la saison passée, ont rapidement suscité l’intérêt des grosses écuries européennes en début de mercato. En ce sens, les dirigeants intéristes ne se sont pas fait prier pour entamer des négociations.
A ce jour, seuls Lukaku et Hakimi ont été cédés mais ont rapporté à eux deux près de 165 millions d’euros, hors bonus. Lautaro Martinez, dans un temps annoncé en partance pour Tottenham en remplacement d’Harry Kane, demeure toujours sous contrat avec l’Inter Milan malgré les nombreuses rumeurs – il se dit même qu’il pourrait prolonger.
Si ces ventes sont impératives pour la stabilité économique du club, les supporters n’entendent pas se montrer compatissants et encore moins complaisants avec leur président Steven Zhang, qu’ils tiennent pour responsable de la situation. En effet, depuis l’annonce de la vente d’Hakimi au PSG puis de Lukaku à Chelsea, les tifosi s’indignent face à l’incapacité du club à remplacer leurs stars et sont de plus en plus nombreux à demander un changement de propriétaire.
Une éclaircie: l’héritage laissé par Conte
Plus ou moins consciente de l’urgence de la situation fin 2019, l’Inter avait alors privilégié une optique de succès à court terme dans le but de ramener le club dans l’élite italienne et européenne. Dans cette perspective, le club avait porté son dévolu sur Antonio Conte. Entraîneur de renommée européenne, d’autant plus depuis son succès en Premier League avec Chelsea, Conte est réputé pour être un coach téméraire et investi dans sa tâche. Ses précédentes expériences en Italie et outre-Manche avaient d’ailleurs été marquées par la brièveté et des méthodes d’une intensité sans pareille.
Bien aidé par la direction sportive intériste en adéquation avec l’idée de gagner au plus vite, Conte a pu se reposer sur des vétérans aguerris à l’image d’Ashley Young ou Arturo Vidal, ainsi que de jeunes talents en la personne d’Achraf Hakiki ou Lautaro Martinez. Si les méthodes d’Antonio Conte ont permis de développer de très jeunes talents, elles sont telles qu’elles permettent aux plus solides mentalement et physiquement d’atteindre en très peu de temps d’excellents rendements. De cette manière, Lautaro Martinez s’est imposé, malgré son jeune âge, comme un des meilleurs attaquants du championnat sous Antonio Conte. Ainsi, malgré la vente des stars et la situation économique difficile, l’Inter compte encore parmi ses rangs des champions en titre ayant connu la rudesse d’un entraîneur comme Conte et quelques graines de stars. L’avenir sportif ne paraît donc pas si terne.
A l’horizon, de nouvelles années de transition à endurer
Si l’Inter Milan n’a pu se permettre de prolonger l’aventure avec Antonio Conte, faute d’un salaire trop conséquent, cette nouvelle n’en est pas forcément une mauvaise. Conte est coutumier des séjours de courte durée en tant qu’entraîneur pour la simple et bonne raison que ses méthodes sont inenvisageables sur le long terme. En effet, les joueurs de l’Inter sortent de deux saisons extrêmement intenses, couronnées par un titre en championnat et il y a fort à parier qu’avec le même effectif, l’Inter n’aurait jamais pu réitérer l’exploit.
C’est pourquoi un changement de dynamique, incarné par la nomination de Simone Inzaghi, semble obligatoire pour un effectif amputé et meurtri par l’intensité des deux exercices précédents. Avec le recrutement d’Edin Dzeko, Denzel Dumfries et Hakan Calhanoglu, l’Inter a réalisé un mercato passable sans toutefois remplacer les stars fraîchement parties. L’arrivée de Simone Inzaghi confirme ainsi le constat d’une révision à la baisse des ambitions du club.
Si l’entraîneur a réalisé un excellent travail du côté de la Lazio Rome pendant cinq saisons, il ne possède cependant aucune expérience en Ligue des champions et n’a jamais connu le podium de la Serie A. Ainsi, il semble plus probable que l’Inter ne vise plus le podium du championnat plutôt que le titre et fasse une croix sur les compétitions européennes. Si une catastrophe sportive n’est pas à craindre, l’Inter Milan ne devrait pas retrouver l’élite européenne et italienne durablement de sitôt.