Canal+ a décidé de se retirer de la liste des diffuseurs de la Ligue 1 Uber Eats. Une décision totalement lâche, qui affecte directement l’attractivité du championnat de France, à travers les droits TV. Le vote de la LFP s’est montré innovant. En revanche, celui de Canal+ ne dégage que du conservatisme. Édito.
A première vue, c’était prévisible. Cette fois c’est officiel. Le conseil d’administration de la LFP a rendu son verdict, vendredi dernier, pour l’acquisition des droits TV de la Ligue 1 pour la période 2021-2024. Une décision qui a élu Amazon, grand gagnant du conseil. Le groupe américain possèdera 80% des matchs de Ligue 1 pour chaque journée de championnat.
Cependant, au lieu de se contenter des 20% restants, qui comprennent notamment les deux plus belles affiches de chaque journée, Canal+ a agi dans la lâcheté, alors même que le groupe avait obtenu ce qu’il voulait en termes de droits de diffusion. En se retirant ainsi de la liste des diffuseurs officiels, le groupe de Maxime Saada continue donc son entreprise de démolition de l’attractivité du championnat de France.
La vérité ? Canal+ a peur d’Amazon
Canal+ souhaitait initialement un partage des droits TV de la Ligue 1 au prisme du schéma suivant: 80% des matchs diffusés par BeIN SPORT, les 20% restants pour lui, avec, en prime, les deux plus belles affiches de chaque journée (dont le match du dimanche 21h). Pour cette solution, la LFP aurait engrangé 590 millions d’euros chaque saison. A la place, l’institution parisienne a opté pour le même schéma demandé par Canal+, mais en remplaçant BeIN SPORT par Amazon. Une solution bien plus lucrative, estimée à 630 millions d’euros chaque saison. Déçu par cette décision, Canal+ a donc voulu plonger la Ligue 1 dans un chaos certain en retirant finalement son offre initiale, souhaitant absolument travailler avec BeIN SPORT (groupe avec lequel il entretient de bonnes relations) plutôt qu’avec le géant Amazon, voué à le détrôner sur le long terme car plus puissant que lui en tous points.
La Ligue 1 furieuse contre Canal+, à juste titre
Alors oui, on la critique souvent. On la critique essentiellement, sur le jeu produit ou la qualité des matchs. On se plaint que l’herbe est toujours plus verte ailleurs, que les droits TV sont toujours plus lucratifs à l’étranger. Alors ne serait-il pas (enfin) venu le temps de se focaliser sur l’amélioration de l’attractivité de la Ligue 1 ?
Les droits TV, principale ressource économique des clubs de Ligue 1 (crédits: Imago).
Selon Foot Mercato, certains dirigeants de clubs de L1 s’en seraient justement pris, anonymement, à Canal+: « Canal ne s’est pas comporté comme un partenaire ces dernières semaines, on avait toujours le sentiment de faire la charité. Canal+ a passé son temps à nous dénigrer, à dire que le produit n’était pas bon. » Et ce n’est pas tout.
Le retour de bâton
Un « produit pas bon« , voilà le peu de considération que Canal+ offre à la Ligue 1. Pourtant, si le groupe français trouve le « produit pas bon« , pourquoi réclamer sans cesse des nouveaux appels d’offres pour le diffuser ? Tout simplement pour l’acquérir pour moins cher et engranger plus de bénéfices. Et face à ce manque de respect, il convient d’être pragmatique, à l’instar d’un dirigeant de club de L1 resté anonyme: « Même si on ne peut rien exclure, et notamment que Canal s’entende avec Amazon pour l’affiche du dimanche soir, Canal+ et Saada payent aujourd’hui leur attitude, le fait de nous avoir laissés mariner des semaines après le retrait de Mediapro, de nous avoir mis au bord du gouffre. »
