Ce jeudi, le groupe public espagnol TVE, diffuseur historique de la Supercoupe d’Espagne, a décidé de ne pas participer à l’appel d’offres de la prochaine édition qui se déroulera en Arabie saoudite. Certaines chaînes privées ont pris la même initiative.
Un nouveau format polémique
En avril dernier, la Fédération espagnole, réunie en assemblée extraordinaire, avait voté et validé la refonte profonde de la Supercoupe d’Espagne. En effet, la compétition se déroulait jusqu’alors en un seul et unique match, chaque fin juin, où le vainqueur du championnat espagnol et le lauréat de la Coupe du Roi étaient opposés. Avec cette réforme, le format sera tout autre: désormais disputée en plein cœur du mois de janvier – en 2020 du 8 au 12 janvier inclus -, la Supercoupe d’Espagne opposera les deux premières équipes du championnat ainsi que les deux finalistes de la Coupe du Roi. Ainsi située à la toute fin de la trêve hivernale, avec un format plutôt lourd, les suiveurs du foot espagnol n’étaient pas des plus satisfaits. Qui plus est; la délocalisation en Arabie saoudite de la prochaine édition n’a que renforcé ce sentiment, tout en faisant écho à un foot business si méprisé.
L’Arabie saoudite, un choix décrié
Si la Supercoupe d’Espagne s’est, à l’instar du Trophée des Champions français, toujours déroulée ces dernières années hors des frontières espagnoles – au stade Ibn-Batouta de Tanger (Maroc) en 2018 par exemple -, le choix de l’Arabie saoudite a créé la polémique. En effet, à l’image du Qatar ou encore des Émirats arabes unis, la pétromonarchie d’Arabie saoudite réalise chaque année de nouveaux investissements colossaux dans le domaine sportif à travers le monde dans le cadre de ce que Nabil Ennasri, chercheur spécialiste du Moyen-Orient, nomme la « diplomatie sportive« .
Cependant, la décision de voir s’affronter le Barça, l’Atlético de Madrid, le Real Madrid et Valence en terres saoudiennes n’a pas fait consensus. Pire, cette délocalisation a suscité la controverse; permettant de réaliser un plaidoyer pour le respect des droits humains, la télévision du service public espagnol TVE a ainsi annoncé, ce jeudi, qu’elle ne participerait pas à l’appel d’offres visant à l’attribution de la retransmission télévisée de la compétition. « Nous pensons que nous ne devons pas lutter pour une Supercoupe qui va se jouer dans un endroit où les droits de l’homme ne sont pas respectés », a ainsi indiqué un porte-parole du groupe télévisuel à nos confrères de l’AFP. Il est vrai que, souligné chaque année par l’ONG Amnesty International, tant d’un point de vue du respect des droits de l’homme (meurtre de Jamal Khashoggi, militants pacifiques arrêtés et détenus arbitrairement, torture et violences sexuelles en prison…) que du respect de la condition féminine (femmes enchaînées à leur « tuteur », le féminisme associé à un extrémisme…), le royaume du Roi Salmane s’avère des plus réfractaires par rapport aux droits humains, ce qu’a donc choisi de condamner le groupe TVE. Et force est de constater que cette annonce, tant inattendue que fracassante, semble avoir fait des émules; en ce sens, le média digital El Español nous a appris ce vendredi que les chaînes privées Mediaset et Altresmedia avaient pris la même décision.
Crédits photo à la Une: يافا