Le 8 novembre dernier, l’émission hebdomadaire Envoyé Spécial sur France 2 divulguait des informations concernant le montant des primes d’éthique accordées aux joueurs du Paris Saint-Germain. Depuis la diffusion du magazine d’information, cette annonce fait grand bruit. Pour en comprendre la raison, Au Stade s’est penché sur cette affaire.
Les supporters occupent une place importante dans la vie des clubs de football. Outre leur présence dans les stades et les bénéfices économiques que cela engendre, ils apportent soutien et encouragements aux acteurs présents sur le terrain. Leur surnom de « douzième homme » est donc loin d’être usurpé. Pour les remercier, les joueurs ont l’habitude de les applaudir à chaque rencontre. Cette communion presque idyllique entre spectateurs et footballeurs est pourtant mise à mal depuis les révélations d’Envoyé Spécial. En insistant sur la rémunération des joueurs du PSG pour ce type de geste dans le cadre de la prime d’éthique, le magazine creuse un fossé entre les footballeurs de la capitale française et leurs supporters. Loin de vouloir polémiquer, nous allons plutôt essayer d’en apprendre davantage sur les conditions de la prime d’éthique. Ces informations nous permettront ainsi de mieux comprendre son objectif.
La prime d’éthique, un synonyme d’image exemplaire pour le PSG calculé à partir du salaire du joueur
2011 est une année importante dans l’histoire du Paris Saint-Germain. C’est effectivement en 2011 que l’émir qatari Tamim ben Hamad Al Thani devient propriétaire du club à travers le fonds d’investissement Qatar Sports Investments (QSI). L’objectif de l’émir est clair. Il souhaite faire du PSG un club européen prestigieux ainsi qu’une marque mondialement reconnue. Pour y parvenir, le PSG doit jouir d’une image irréprochable. La création d’une prime d’éthique instaurée cette même année prend alors tout son sens. Il s’agit d’une rémunération accordée aux joueurs parisiens pour les inciter à adopter une attitude exemplaire.
Cependant, tous les joueurs du PSG ne perçoivent pas un montant identique. En effet, selon Envoyé Spécial, la prime d’éthique de Neymar s’élèverait à 375 000 euros par mois tandis que celle de Thiago Silva n’excéderait pas 33 000 euros. À première vue, cet écart intrigue. Néanmoins, il est uniquement le reflet de la différence salariale entre les footballeurs parisiens. En effet, la prime d’éthique est proportionnelle au salaire des joueurs. Il est cependant difficile d’avoir précisément accès à son pourcentage. En effet, selon les médias, les informations varient. D’après LCI, ce montant atteindrait une hauteur de 12% du salaire. Pour Eurosport, elle n’excéderait en revanche pas 5%. Quoi qu’il en soit, une chose est certaine : mieux un joueur est payé, plus le montant de sa prime d’éthique est élevé.
Les conditions de la prime d’éthique
Pour percevoir la prime d’éthique, les joueurs du PSG doivent respecter plusieurs obligations. Saluer et remercier les supporters en fait partie. Cependant, le défenseur Thomas Meunier rappelle sur Twitter que cette obligation est loin d’être la seule. Didier Quillot le confirme. Invité dans l’émission Breaking Sport sur RMC, la déclaration du directeur général de la LFP est claire. La prime d’éthique comporte onze points. À tout moment, le joueur doit ainsi avoir un comportement exemplaire, remercier les supporters avant et après chaque rencontre mais aussi être ponctuel et assidu aux entraînements. Le joueur s’engage également à respecter le calendrier international et ne jamais publier des vidéos en ligne durant ces activités avec le club. Par ailleurs, il doit honorer ses obligations avec l’équipementier et ne jamais participer à un pari sportif. Le footballeur s’engage aussi à respecter les règles fiscales françaises. La propagande politique et religieuse sont interdites. Il en est de même pour la critique des choix tactiques du club et de l’institution sportive dans son ensemble.
La prime d’éthique, une rémunération financière généralisée à d’autres clubs
Ces derniers jours, l’attention médiatique concernant la prime d’éthique se focalise essentiellement sur le PSG. Cependant, le club parisien n’est pas le seul à y avoir recours. D’après le journal L’Équipe, l’Olympique Lyonnais l’utilise depuis 2014. Les joueurs de Clermont Ferrand y sont également familiers. En effet, selon le média local Cyberbougnat, ils perçoivent depuis 2013 une prime d’éthique correspondant à 2% de leur salaire brut mensuel. Par ailleurs, la prime d’éthique ne se limite pas exclusivement aux clubs de football français. En rugby, des clubs comme le Racing 92 ou Toulon prévoient effectivement une prime d’éthique dans le contrat des joueurs.
En France, la prime d’éthique est légale car elle s’inscrit dans la continuité du droit français. Effectivement, l’article L1331-2 du Code du travail explique que les sanctions pécuniaires et amendes sont interdites à l’encontre d’un salarié. Or la prime d’éthique est considérée comme un complément de salaire. Par conséquent, la supprimer n’est pas illégale dès lors que le comportement d’un joueur porte préjudice à l’image de son club. En revanche, à l’étranger, la loi est différente. D’après LCI, une telle prime en Espagne ou en Italie est impossible. Dans ces pays, le droit du travail permet effectivement aux clubs d’appliquer directement des retenues sur le salaire d’un sportif si son comportement déplaît. La création d’une prime d’éthique n’est alors pas nécessaire.
Pour conclure, la prime d’éthique est un complément de revenu encadrant le comportement d’un joueur pour ne pas porter préjudice à son club. Elle n’est pas spécifique au PSG puisque d’autres clubs sportifs français l’utilisent également. Si la Charte du football prévoit déjà d’encadrer l’attitude du sportif, la prime d’éthique apporte cependant un aspect financier indéniable aux valeurs promues dans ce sport. Mais, que l’on y soit favorable ou non, il serait toutefois réducteur d’assimiler la prime d’éthique à une simple prime d’applaudissements.
Crédits photo à la Une: C.GAVELLE / PSG