Racheté pour environ 100 millions d’euros par le géant britannique Ineos, le club azuréen s’est très tardivement renforcé. À travers ses achats, une stratégie se dessine. Et si l’OGC Nice changeait de dimension ?
Un effectif trop juste pour jouer le Top-5
Habitué à la première partie de tableau, le groupe de Patrick Vieira s’est mué en muraille défensive quasi-imprenable. 2e défense du dernier exercice, les Aiglons n’ont pas brillé offensivement. Fidèle à son 4-3-3, l’entraîneur niçois s’est parfaitement adapté à la (faible) profondeur de son effectif. Sans réel buteur de métier, Nice finit 8e de Ligue 1. Au vu des difficultés criantes dans le jeu, la saison dernière reste positive au plan comptable. C’est dans ce contexte délicat que s’ouvre une période de transferts qui restera dans l’histoire du club. Au-delà de l’aspect purement sportif, l’organigramme interne implose. Le président Fournier quitte ses fonctions en janvier, remplacé par le très inexpérimenté Gauthier Ganaye. Le fond sino-américain, actionnaire majoritaire du club, ne renflouait plus les caisses. Les rumeurs de rachat du club deviennent de plus en plus détaillées. Une entreprise se détache: Ineos, le groupe pétrochimique britannique, présidé par l’excentrique Jim Ratcliffe, est prêt à racheter entièrement le club azuréen. Ralentie par les démarches administratives auprès de la ligue, l’opération se conclut le 26 août dernier. Le mercato du club peut enfin commencer. Patrick Vieira pourra compter dès ce week-end sur quatre recrues phares, symboles du renouveau niçois.
Les choses vont très vite dans le football, l’OGC Nice peut en témoigner. La qualification européenne en fin de saison devient un objectif récurrent. Pour autant, les modifications opérées en fin de mercato restent des paris risqués. La défense niçoise est la seule véritable garantie de Vieira. L’OGC Nice procédera cette année à sa mutation afin de hausser son niveau de jeu, mais sera une équipe à suivre tout au long de la saison.
Serein comme Patrick Vieira
Le club peut s’appuyer sur la sérénité d’un entraîneur pourtant peu rompu à l’exercice. L’arrivée de l’ex-milieu de terrain des Bleus, l’été dernier, était risquée. Le football moderne sacralise le culte du résultat, une dynamique négative peut être fatale à n’importe quel technicien. Le champion du monde a fait plus que résister, il a imprimé sa patte en quelques mois. Entraîneur au pragmatisme débordant, Patrick Vieira aime s’appuyer sur une base forte pour appliquer une tactique basée sur un jeu de possession rapide, porté par des latéraux offensifs. Ce n’est pas une surprise si le latéral droit algérien, Youssef Attal, a été la révélation niçoise. Cette saison, le technicien français pourra densifier son équipe type en rénovant sa ligne d’attaque. Les arrivées de Kasper Dolberg (Ajax), Adam Ounas (Naples) et Alexandre Claude-Maurice (FC Lorient), viennent à point nommé. Portés par le très expérimenté capitaine Dante, les trois attaquants pourront se concentrer sur le but adverse. Les très bonnes prestations successives de Wylan Cyprien au milieu de terrain laissent entrevoir de l’espoir contre les grosses écuries de notre championnat. L’Allianz Riviera est prête à exploser le soir de matchs. Hatem Ben Arfa et Mario Balotelli ont déjà marqué les esprits, les supporters attendent leurs nouveaux héros. Patrick Vieira est un élément indispensable dans la bonne tenue du nouveau projet mis en place, son calme débordant ne pourra que faire progresser un effectif chamboulé qui se devra de hausser rapidement son niveau de jeu.
Plus proche de Lyon que de Lille
Ineos n’est pas à son premier coup d’essai dans le football européen. Repreneur de l’équipe cycliste Sky, le géant britannique a jeté son dévolu sur un club suisse en novembre 2017: le Lausanne Sports. Le groupe avait affiché de grandes ambitions à son arrivée. Moins de deux ans plus tard, la stratégie interne est totalement brouillée. L’équipe suisse, bâtie pour jouer les premiers rôles, se retrouve engluée en deuxième division. Ce qui est vu comme un naufrage sportif en Suisse ne doit pas conditionner la mise en place du nouveau projet niçois. Les ambitions sont claires: s’inscrire durablement dans le Top-5. Bob Ratcliffe, président d’Ineos Football, promet des investissements planifiés, basés sur le classement en fin de saison. La logique globale n’est pas inédite: former les grands joueurs de demain. Les 5 recrues tardives ont moins de 23 ans. Parmi elles, Stanley N’Soki (Paris Saint-Germain) débarque en défense pour 12,5 millions d’euros et formera avec Alexandre Claude-Maurice, acheté pour 13 millions d’euros, une paire française au potentiel énorme. Le gros coup niçois reste l’attaquant danois Kasper Dolberg qui débarque contre 20,5 millions d’euros. Le transfert le plus cher du club vient pour se relancer après une saison plus que mitigée. Néanmoins, son apport sur le front de l’attaque pourra en surprendre plus d’un.
Des recrues relativement jeunes, à fort potentiel, appuient l’idée d’une stratégie portée sur le trading. Il n’en n’est rien selon Julien Fournier (président du football), interrogé dans L’Équipe: « Si je devais citer un modèle, ce serait plus Lyon dans sa capacité à développer des jeunes joueurs, qu’ils aient été recrutés ou issus de leur académie ». Le retour sur investissement se ferait donc sur le long terme, la revente n’est pas la priorité. Difficile de distinguer la part de vérité et de communication. Les potentielles offres fructueuses rendront plus claire la stratégie d’Ineos. Le projet niçois est séduisant. Leur nouvelle politique est portée par l’arrivée de joueurs à polir. Les résultats sportifs seront conditionnés par la clarté de la stratégie économique. Dès lors, l’OGC Nice pourra rivaliser avec n’importe quelle équipe française.
Crédits photo à la Une: Mirasol