Une étoile du football français s’en est allée. Michel Hidalgo est décédé le 26 mars dernier à l’âge de 87 ans. Symbole d’un jeu offensif, l’ancien sélectionneur des Bleus laisse derrière lui un héritage considérable à l’équipe de France. Dossier.
Il y a des noms qui marquent les esprits. Dans le milieu du football, celui de Michel Hidalgo (1933-2020) en fait partie. Pour ses pairs, l’ancien joueur et sélectionneur des Bleus de 1976 à 1984 est une légende du football tricolore. Pour preuve, en France, il détient actuellement le record de longévité à ce poste. Après l’annonce de son décès le 26 mars, Au Stade souhaite lui rendre hommage en revenant sur son impact auprès de la sélection française.
Relever l’équipe de France en proposant du beau jeu
En acceptant de prendre la tête de l’équipe de France en 1976, le défi est complexe pour Michel Hidalgo. Les Bleus traversent effectivement une période de disette depuis leur troisième place à la Coupe du monde 1958 en Suède. L’ambition du nouveau sélectionneur est donc claire: insuffler un nouvel élan à la sélection nationale. Pour cela et bien, qu’il le nie, Michel Hidalgo apporte un style de jeu unique. Celui-ci se concrétise le 18 novembre 1981 lors de la victoire de la France face aux Pays-Bas (2-0) pour la qualification au Mondial-1982. Pour être plus offensif, le sélectionneur français aligne trois numéros 10: Genghini, Giresse et Platini. « On choisit son jeu en fonction des joueurs que l’on a et de ce que l’on aime, avait-il déclaré en 2004 à France Football pour justifier son choix. Avec un Platini et un Giresse, notre jeu était court, vif, plein de vivacité d’esprit. Et cela me convenait car c’est ce jeu que j’aime et que j’ai pratiqué durant ma carrière. À Reims avec Albert Batteux […] puis à Monaco avec Lucien Leduc. »
Michel Platini ne manque pas d’éloges pour décrire ce style de jeu. En 2016, dans le livre Le carré magique: quand le jeu était à nous de Patrick Lemoine, il déclare: « Aligner trois numéros 10 pour affronter les Hollandais avec la qualif en jeu, c’était vraiment gonflé. Pour moi, ç’a été l’idée du siècle […] ». En rappelant que les Bleus étaient surnommés à cette époque « Les brésiliens de l’Europe », le journal Libération va plus loin. Le 29 mars 2020, le quotidien affirme en effet que Michel Hidalgo a ainsi « décomplexé le foot tricolore à l’international ».
Un palmarès élogieux
Le style de jeu ne suffit néanmoins pas à expliquer la longévité d’un sélectionneur à la tête d’une équipe nationale. Son rôle est de remporter des titres. Sur ce plan là, Michel Hidalgo n’avait pas non plus à rougir. Malgré l’élimination au premier tour de la France au Mondial argentin de 1978, son palmarès est élogieux. Aux commandes des Bleus durant 3 014 jours, il a remporté selon Chroniques Bleues, 41 des 75 matchs disputés et a concédé 16 matchs nuls. En 1982, à Séville, le sélectionneur a mené l’équipe de France jusqu’en demi-finale de Coupe du monde face à l’Allemagne (RFA). Un choc violent avec le gardien allemand, Harald Schumarer, le prive néanmoins de son défenseur Patrick Battiston à la 57e minute. Les deux équipes étant à égalité (3-3), le match se termine aux tirs aux buts. La France s’incline 4 à 5.
Cette défaite a néanmoins forgé le mental des joueurs français. « L’équipe de 1984 s’est construite là-dessus », déclara Alain Giresse à France Football. Cette année là, les Bleus triomphent à l’Euro organisé en France. Pour la première fois de leur histoire, ils se hissent ainsi sur la plus haute marche du podium européen. Michel Hidalgo entre alors définitivement dans l’histoire du football français.
L’influence de Michel Hidalgo sur Aimé Jacquet et Didier Deschamps
Malgré tout, les années en tant que sélectionneur des Bleus n’ont pas toujours été roses pour Michel Hidalgo. Avant son match référence face aux Pays-Bas en 1981, la presse n’était pas tendre avec lui. D’après Libération, les journalistes de l’époque contestaient son choix de faire évoluer Giresse et Platini ensemble. En construisant son équipe à son image, Michel Hidalgo leur a pourtant prouvé le contraire. D’ailleurs, il convient de noter qu’il demeure certains parallèles entre Aimé Jacquet et Didier Deschamps. En effet, avant la victoire des Bleus au Mondial 1998, Aimé Jacquet était lui aussi critiqué pour « son obsession du système Deschamps-Djorkaeff-Zidane-Petit ». De même, avant le match de la France face à l’Ukraine (3-0) du 19 novembre 2013, Didier Deschamps était raillé. En imposant leur propre tactique de jeu, les deux sélectionneurs ont pourtant chacun remporté une Coupe du monde.
Ces justifications passent aussi par la volonté de créer un collectif solide. Pour France Football, Michel Hidalgo avait ainsi déclaré aimer « sonder » les avis de ses joueurs et notamment ceux de Platini, Giresse, Bossis et Trésor mais aussi avoir « instauré un management participatif » pour que chacun puisse partager ses idées. S’il est difficile de montrer l’impact qu’aurait pu avoir la notion du collectif de Michel Hidalgo sur ses successeurs, il est toutefois bon de mentionner qu’Aimé Jacquet et Didier Deschamps ont toujours justifier leur composition de leur équipe sur le bien-vivre ensemble.
En conclusion, si Michel Hidalgo n’a disputé en tant que joueur qu’une seule mi-temps en équipe de France lors d’un match en Italie le 5 mai 1962 (2-1), il s’est néanmoins imposé en tant que sélectionneur des Bleus. Ses tactiques de jeu, son esprit du collectif et son palmarès avec une première victoire des français à l’Euro en 1984 le prouvent. Sans enlever de mérite à ses prédécesseurs, Michel Hidalgo est celui qui restera premier à bien des égards.
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