Récemment convoqué pour la première fois avec l’équipe de France A, le jeune Gunner poursuit son apprentissage du très haut niveau. Désormais titulaire indiscutable à Arsenal, Guendouzi peut rêver en grand.
Un début de carrière atypique
Mattéo Guendouzi fait désormais partie de ces jeunes joueurs européens au potentiel incroyable. Sa prestation, quasi-parfaite, contre Tottenham (match nul 2-2) a convaincu Didier Deschamps de l’inclure dans une liste des 23, décimée par les blessures de plusieurs cadres. Mine de rien, le jeune Français fait son trou dans le gotha footballistique européen. Sa marge de progression le place parmi les meilleurs milieux de terrain de Premier League. Difficile de croire qu’il y a quelque temps, le joueur traînait son blues en Ligue 2. Originaire de Poissy (78), Guendouzi fait ses gammes chez les jeunes du Paris Saint-Germain avant de s’envoler vers Lorient en 2014 pour s’aguerrir. Le milieu de terrain connaît ses premières minutes dans l’élite le 15 octobre 2016 face au FC Nantes et ne tarde pas à se faire remarquer.
Malgré un temps de jeu croissant en fin de saison, le joueur ne peut éviter la descente de son club. Son exercice 2017-2018 est bien moins flamboyant: déchet technique, fougue injustifiée et indiscipline tactique ressortent de ses 21 matchs joués avec les Merlus. Beaucoup trop sensible à la pression, l’avenir du joueur s’assombrissait. Dragué par la sélection marocaine, alors entraînée par Hervé Renard, Guendouzi ne pense qu’aux Bleus. Élément de rotation au sein des équipes de jeunes de l’équipe de France, son aura prend rapidement une nouvelle ampleur lorsqu’Arsenal se positionne pour le recruter durant l’été 2018. Une aubaine pour un jeune joueur dont la carrière n’avançait quasiment plus. 8 millions d’euros plus tard, l’ex-Lorientais a fait la connaissance d’un autre football, d’une autre philosophie jeu qui fait la part belle aux joueurs atypiques. Mattéo Guendouzi étonne par sa technique et son sang-froid. Sa carrière est désormais bien lancée.
Pour l’amour du maillot
Le jeune milieu de terrain est un poison sur le terrain. Pressing constant, tirage de maillot, Guendouzi est aussi vicieux qu’un joueur habitué au très haut niveau. Une attitude sûrement due à une pratique sportive un peu atypique: le karaté. Interrogé par So Foot, le joueur déclare haïr la défaite: « Je déteste perdre, c’est ça qui a pu causer de petits problèmes, à l’entraînement au PSG en jeunes, à Lorient, ou à Arsenal. Ça vient peut-être du karaté, que l’on pratique beaucoup dans ma famille. Le karaté, c’est un combat, si tu le perds, c’est que la personne en face de toi est meilleure que toi. Et j’ai horreur de me dire que la personne en face de moi est meilleure que moi. ». Le portrait est tiré. Le joueur est surprotégé par sa famille, une force dans le milieu footballistique. Sa passion débordante lui a été inculquée et explique sa dépense d’énergie étonnante sur le terrain. On ne naît pas compétiteur, on le devient.
Mattéo Guendouzi est, depuis ses premières conduites de balle, obnubilé par la gagne. Son ancien coéquipier au Paris Saint-Germain, Sabri Haddadou l’explique pour nos confrères de Stadito: « Mattéo, c’est quelqu’un qui depuis tout jeune a une grande détermination. À 10 ans environ, il avait déjà la gagne en lui, mais il était aussi très mature. On aurait dit qu’il était plus âgé que nous et qu’il avait environ 16 ans. Honnêtement, ça se voyait que c’était un talent pur. ». Le Français a toujours brûlé les étapes par sa force mentale très au-dessus de la moyenne. Une personnalité qui peut s’avérer déroutante pour un observateur. Capable de séduire ses propres supporters le soir d’une victoire historique (4-2) face à Tottenham le 2 décembre 2018 en célébrant depuis sa voiture avec les supporters, Guendouzi peut aussi sortir de ses gongs. Son « chambrage » le week-end dernier, face à Watford à 2-1 (score final à 2-2) lors de son remplacement a éclipsé sa prestation sur le terrain. Pour l’amour du maillot, Guendouzi donnera tout à chaque instant.
De multiples axes d’amélioration
À l’aise dans un 4-2-3-1, voire un 4-3-3 plus défensif, le jeune joueur français ne peut être cantonné au rôle de sentinelle, poste que N’Golo Kanté (Chelsea) ou Idrissa Gueye (Paris Saint-Germain) maîtrisent parfaitement. Guendouzi aime porter le ballon en éliminant par la passe. Doté d’une bonne accélération, le Gunner élimine souvent aisément le premier rideau défensif d’une équipe avant de transmettre le ballon. Sa qualité de passe est remarquable et permet aux joueurs offensifs de se retrouver en situation intéressante. À l’instar d’Adrien Rabiot (Juventus), le natif de Poissy sait accélérer le jeu. Beaucoup de qualités pour un si jeune joueur même si ses axes d’amélioration sont multiples. C’est Sylvain Ripoll, sélectionneur de l’équipe de France Espoirs et ancien entraîneur du FC Lorient, qui en parle le mieux dans une interview pour Ouest-France: « Il peut s’améliorer dans la maîtrise du rythme d’un match, même s’il a progressé dans ce domaine, ou dans son ratio de buts inscrits. Il doit apprendre à être plus décisif dans les trente derniers mètres. Mais il est encore jeune ». Ses statistiques personnelles laissent de marbre pour un joueur au si gros abattage. En 53 matchs joués avec Arsenal, Guendouzi s’est montré décisif seulement quatre fois (un but et trois passes décisives). Oui, le jeune Français se distingue par l’avant-dernière passe, celle qui ouvre des brèches, mais doit prendre plus d’initiatives. S’il ne veut pas rester cet éternel joueur de l’ombre, Guendouzi doit prendre le jeu à son compte et s’inspirer des prestations de Paul Pogba, pour ne citer que lui.
Son avenir en équipe de France est-il bouché par des joueurs au profil similaire ? Pour l’instant oui, tant que Kanté, Matuidi et Pogba maintiennent leur niveau de jeu. Son heure viendra assez rapidement, à lui d’adapter son jeu pour se rendre indispensable aux yeux du sélectionneur. Le talent brut de Mattéo Guendouzi n’est pas dû au hasard. Joueur à la carrière déjà atypique, le jeune Français se positionne comme un potentiel milieu de terrain de classe mondiale.
Crédits photo à la Une: Chensiyuan