Le sport rassemble, le sport fait vibrer, le sport procure des émotions. Les fonctions du sport sont depuis longtemps communément admises. Néanmoins, face à son succès indéniable et face aux fortes sommes d’argent y circulant, le sport est peu à peu devenu une poule aux œufs d’or pour des parieurs malveillants recourant au trucage de matchs et de rencontres sportives. Face aux nombreux précédents, et aux affaires encore récemment sorties dans le monde du tennis, la plaie semble plus ouverte que jamais.
Des réseaux très développés
Face à l’appât du gain, de véritables réseaux de malversations liés aux paris sportifs se sont développés. Nombre de sportifs professionnels sont approchés par de véritables escrocs qui leur proposent de juteuses compensations financières. En échange, le ou les sportifs concernés doivent tout simplement faire gagner son pari à l’escroc les ayant approché. Un système de gains faciles à mettre en place spécialement dans les sports individuels. Ainsi, le tennis est-il le sport le plus fréquemment cité ces quelques dernières années dans des affaires de ce type. Cette forme de corruption touche principalement les joueurs les plus mal classés, disputant des tournois de deuxième ou troisième divisions (tournois Challengers et Futurs). Des joueurs qui ont du mal à toucher les deux bouts en poursuivant une carrière dans le tennis du fait des différences colossales de prize-money (gains dus aux performances) perçu par rapport à des joueurs implantés durablement dans le top 100.
Mick Lescure (25 ans, 487e mondial) est récemment passé aux aveux dans le cadre du dernier scandale sorti au grand jour. Le 40e joueur français a fait état d’un large réseau de corrupteurs, très bien organisé, gagnant leur vie en soudoyant des joueurs dans le cadre de « match-fixing« . Le principe est très simple : « je pouvais me faire de l’argent dans le cadre de paris sur le tennis en perdant des matchs en fixant un score à l’occasion d’un set » expliquait récemment Mick Lescure au Service Central des Courses et des Jeux, des propos rapportés par le journal L’Équipe. Le jeune joueur, dont la carrière est désormais brisée indique également que les « récompenses » pour le joueur se chiffraient généralement en milliers d’euros. Mick Lescure a avoué que ses gains totaux avoisinaient les 30 000 euros pour un nombre de matchs concernés compris entre 20 et 30. Une somme non négligeable à ce niveau. Les déclarations du Français mettent aussi au jour l’organisation peu scrupuleuse des corrupteurs et surtout son ampleur internationale. Selon les dires de ce même joueur, le « match-fixing » serait une pratique très courante dans le monde du tennis pour des joueurs classés sous la cinquantième place mondiale et des tournois ATP seraient même concernés. Difficile d’imaginer d’ailleurs que de tels réseaux n’existent pas dans d »autres disciplines.
De nombreux précédents
Ainsi, de nombreux sports ont été les cibles de réseaux d’escrocs de grande ampleur. Comment ne pas imaginer que la fraude liée aux paris sportifs ne touche pas le monde du football, sport marqué par l’indécence des sommes d’argent y circulant ? Outre les malversations orchestrées par des dirigeants peu scrupuleux entourant des matchs devenus symboliques, tels que le Valenciennes-Marseille de 1993 ou le match Caen-Nîmes en 2014, un réseau de corruption massive avait été mis à la lumière du jour en 2013 par l’Office européen anti-criminel d’Europol. Le réseau criminel en question aurait truqué plus de 380 matchs de haut standing (Ligue des champions, matchs internationaux de qualification pour les grandes compétitions) en engraissant nombre d’arbitres, de dirigeants ou de joueurs. Les mises sur les matchs en question se chiffraient en millions et cette affaire auraient également impliqué diverses organisations criminelles afin de blanchir l’argent empoché.
Néanmoins, certains sportifs décident d’eux-mêmes de miser sur des matchs auxquels ils participent même parfois. Une autre forme de fraude. Récemment, le scandale impliquant les frères Luka et Nikola Karabatic et d’autres joueurs du club de handball de Montpellier avait choqué l’opinion publique. Ces deux joueurs, très appréciés en France pour leur contribution au palmarès gargantuesque de l’équipe nationale, ont ainsi été condamnés à deux mois de prison avec sursis début 2017 pour escroquerie ou complicité d’escroquerie dans le cadre de mises importantes sur le score à la mi-temps d’un banal match de championnat opposant leur équipe de Montpellier à celle de Cesson-Rennes.
Comment lutter contre ce fléau ?
Il semble bien plus facile de cerner le problème que d’y apporter de véritables solutions. Nombre de particuliers utilisent les paris sportifs par simple loisir ou dans le but d’essayer de gagner un peu d’argent grâce au sport. Les réseaux de trucage restent bien sûr moins nombreux. Néanmoins, ces pratiques, une fois découvertes, tendent à altérer l’intérêt que l’on peut porter pour certaines rencontres sportives. Ces dernières doivent rester des spectacles dont l’issue est aléatoire et dont la dramaturgie s’écrirait au fil de nombreux rebondissements. Pour remédier au problème du trucage, ainsi pourrait-on surveiller certains mouvements d’argent et notamment se méfier des très grosses mises en cherchant à en comprendre la provenance. Alors que des campagnes de sensibilisation ont été menées fin 2018 par l’Union Nationale des Footballeurs Professionnels (UNFP) dans nombres de clubs français auprès des joueurs professionnels et ceux en passe de le devenir pour rappeler les risques encourus si ces derniers venaient à parier illégalement dans le football, il pourrait également être envisageable de renforcer les éléments de dissuasion tels que des amendes, des peines de prison ou la radiation à vie du monde du sport. Car il y a urgence.
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