C’est le choc de la semaine. Ce soir, le FC Barcelone reçoit le Real Madrid. Les deux adversaires s’affrontent effectivement au Camp Nou pour le match aller de la demi-finale en Coupe du Roi. À cette occasion, Au Stade s’est donc intéressé à l’intérêt suscité par une telle rencontre. Décryptage.
Vendredi dernier, le tirage au sort a parlé. Le FC Barcelone hérite du Real Madrid en demi-finale de Coupe du Roi. Avec le match en Liga prévu le 2 mars prochain, les deux clubs vont donc s’affronter à trois reprises en moins d’un mois. Cette nouvelle ravit les amateurs du ballon rond. Pour preuve, chaque année, plus de cinq cent millions de personnes visionnent cette rencontre. Le Clásico est même l’événement footballistique qui suscite le plus d’intérêt après la finale de la coupe du monde de la FIFA. Pour comprendre cet engouement, un rappel historique s’impose.
Les clubs les plus titrés d’Espagne
Vainqueur de l’UEFA Champions League la saison passée pour la troisième fois d’affilée, le Real Madrid possède désormais treize trophées. C’est cinq de plus que le FC Barcelone. De la même façon en championnat espagnol, les Merengues devancent les Blaugranas de huit coupes avec 33 Ligas remportées. Cependant, en Coupe du Roi, avec trente titres, le Barça dépasse son rival qui n’en comptabilise que dix-neuf. Le club catalan a même remporté les quatre dernières éditions. Avec un tel palmarès, on comprend aisément que ces deux équipes sont considérées comme deux géants d’Europe. Ce propos est aussi valable à l’échelle mondiale. Le Real Madrid et le FC Barcelone se partagent effectivement un total de dix mondial des clubs (sept pour les Merengues et trois pour les Blaugranas). La rencontre entre ces deux clubs est donc un duel au sommet où chacune des deux équipes veut sortir victorieuse.
Une rivalité tant électrique que historique
Durant un Clásico, l’atmosphère est électrique. La « finale des bouteilles » remportée par le FC Barcelone (0-1) en 1968 l’illustre parfaitement. Ce soir-là, un penalty non accordé aux Madrilènes provoque la colère des supporters durant la finale de l’ancienne Coupe du Généralissime à Madrid. Pour manifester leur mécontentement, ils jettent alors des bouteilles en verre en direction de l’arbitre et des joueurs catalans. Depuis ce match, de tels objets sont désormais interdits dans les stades. Réduire l’atmosphère bouillonnante du Clásico à une simple rivalité footballistique est cependant une erreur. Au-delà de l’aspect purement sportif, ce match illustre aussi la tension politique espagnole. Ce conflit est ancien puisqu’il se manifeste durant la dictature du général Franco de 1936 à 1975. Par le biais du club madrilène, le dictateur est accusé d’utiliser le sport pour asseoir son autorité et étendre son influence à l’étranger. C’est l’avis de Jordi Vilajoana i Rovira, politicien catalan. La réalité est toutefois plus controversée. Avant de s’intéresser au Real Madrid, le général Franco aurait effectivement jeté dans un premier temps son dévolu sur l’Atlético Madrid. Quoi qu’il en soit, les catalans rendent le dictateur responsable du décès du président du club, Josep Sunyol. Il est effectivement fusillé par les franquistes le 6 août 1936 ce qui augmente sans doute la rivalité entre les deux clubs.
Mais, pour les Blaugranas, cette adversité naît principalement le 13 juin 1943 durant la demi-finale de Coupe du Généralissime. Le club madrilène pulvérise le FC Barcelone (11-1). Cette large victoire interroge. À la mi-temps, des menaces auraient effectivement été prononcées à l’encontre des joueurs catalans par des militaires dans les vestiaires. Vingt-sept ans plus tard, en 1970, l’accord d’un penalty contestable en faveur du Real Madrid renforce cette rivalité. Thibaud Leplat, auteur du livre Clásico : la guerre des mondes, interprète en effet la contestation de la décision arbitrale comme « la naissance de la nation catalane en termes de football ». Paco Aguilar, journaliste pour Mundo deportivo, partage cet avis. Pour lui, la première demande d’un statut autonome de la Catalogne naît justement après ce match. Dans un contexte actuel marqué par la volonté d’indépendance de la région espagnole, le Clásico reflète donc un conflit qui ne laisse personne indifférent.
Des joueurs de légende
Pour les adeptes du football, le Clásico est une affiche de rêve. Dans les deux camps, les joueurs jouissent généralement d’une renommée internationale. La liste de ces derniers est longue. Du côté du FC Barcelone, des footballeurs tels que Cruyff (1973-1978), Kubala (1950-1961), Rómario (1993-1995) ou Ronaldinho (2003-2008) le prouvent. Fait rarissime, en 2005, ce dernier a reçu à sa sortie l’ovation des supporters madrilènes après avoir inscrit un doublé à Madrid. Du côté du club de la capitale, les joueurs sont tout aussi talentueux. On peut citer le cas de Raúl (1994-2010), Di Stéfano (1953-1964), Puskás (1956-1966) ou encore Zidane (2001-2006). Dans le reportage Histoire des Clásicos, le français avoue même avoir toujours voulu jouer au football pour vivre de tels matchs.
Plus récemment, la présence de Lionel Messi (FC Barcelone) et Cristiano Ronaldo (Real Madrid) a suscité l’admiration. Quintuples ballon d’or, leur réputation n’est effectivement plus à faire. D’après l’UEFA, l’attaquant madrilène a inscrit 18 buts durant ces rencontres. Avec 26 buts à son palmarès, Lionel Messi le devance. Il est même le meilleur buteur de l’histoire du Clásico. La présence de ces deux joueurs sur un même terrain enchantait donc les amateurs de football. Malgré le transfert l’été dernier de Cristiano Ronaldo à la Juventus Turin, l’attrait pour le Clásico demeure cependant intact. Un tel match ne se limite effectivement pas à l’impact médiatique des joueurs qui le font exister.
En conclusion, la qualité des joueurs, le palmarès de chacun des deux clubs et leur rivalité historique font du Clásico un match hors norme. Par conséquent, que l’on soit pro-Barça ou pro-Real, la volonté de briller à l’échelle mondiale rassemble les supporters du monde entier. En effet, si au cours des décennies les protagonistes changent, la rivalité quant à elle persiste.
Crédits photo à la Une: Teakjun