Séduisant troisième du championnat italien, le club romain est en embuscade pour rafler le titre national après 20 ans de disette. À l’heure du derby romain qui s’annonce brûlant, la Lazio Rome aura l’occasion de définitivement prendre le contrôle de la capitale italienne.
Dix victoires consécutives
La Juventus de Turin ne brandira pas aussi facilement le Scudetto cette saison. L’arrivée d’Antonio Conte sur le banc de l’Inter fait du club milanais l’outsider numéro 1 à la course au titre. Derrière ce duel qui s’annonce alléchant, une équipe : la Lazio de Rome. Auréolée de dix victoires consécutives, la formation entraînée par Simone Inzaghi n’est pas en reste. Avec 45 points au compteur après 19 journées, le club romain reste en embuscade, à seulement 6 points des Bianconeri, qui ont un match en plus. Cette formidable spirale a fait passer la Lazio dans une nouvelle dimension, trop souvent dans l’ombre envahissante du club de la Louve. Jeu séduisant, effectif garni et homogène, les Bleus et Blancs se révèlent enfin cette saison. L’équipe italienne peine à faire l’unanimité dans son championnat, au point que les trophées glanés ces dernières années seraient presque dérisoires. Inutile de rappeler que la Lazio est vainqueur sortante de la Coupe et de la Supercoupe d’Italie. La dernière finale a vu la bande à Inzaghi terrasser la Juve 3 buts à 1 en Arabie Saoudite. Un vrai manque de reconnaissance qui semble s’estomper au vu des performances du club romain. Le derby de dimanche est symbolique pour plusieurs raisons. Une victoire permettra à la Lazio de dépasser l’Inter et surtout de reléguer le club ennemi à 10 points avec un match de retard. Un tel écart marquera l’avènement d’un nouveau roi à Rome. Institution à l’histoire mouvementée, la Lazio est proche d’une prouesse incroyable.
Simone, dans l’ombre de Pipo
Le renouveau de la Lazio Rome ne se résume pas à un seul homme. Pour autant, les prouesses de l’entraîneur actuel, Simone Inzaghi, permettent aux joueurs romains de rêver de Ligue des Champions. À 43 ans, le petit-frère du légendaire Pipo Inzaghi, débarque à Rome en 2016 avec pour mission de redresser un club qui végète en Série A. Le pragmatisme du jeune technicien italien lui vaut d’être maintenu par la direction depuis 2016. Son effectif s’est renforcé d’année en année, la fidélité de ses joueurs impacte le rendement de l’équipe. Le club a évolué en même temps que les résultats. Les récentes victoires en Coupe démontrent une progression globale du football pratiqué. Simone Inzaghi sait inculquer la gagne à ses joueurs et négocier au mieux les rencontres contre des concurrents directs. La preuve : leur insolente réussite contre la Juventus. Première équipe à battre les joueurs de Maurizio Sarri, la Lazio performe lors des grands matchs, une donnée non-négligeable dans la course au titre.
Ce cercle vertueux s’appuie sur un plan tactique maîtrisé à la perfection par les joueurs romains. Très souvent organisée en 3-5-2, l’équipe profite de ses latéraux offensifs pour servir au mieux les deux attaquants de pointe. Au milieu de terrain, Luis Alberto ou Sergej Milinkovic-Savic sont des leaders techniques indiscutables. Que dire de la saison réalisée par Ciro Immobile, l’âme de cette équipe. Auteur de 23 buts en 19 matchs de championnat cette saison, l’attaquant italien est en feu. Grand artisan de l’excellente forme de son équipe, Il Capitano s’est dernièrement illustré en inscrivant un triplé contre la Sampdoria. Des prestations exceptionnelles qui hissent la Lazio vers les sommets. Simone Inzaghi profite d’un effectif assez riche pour tenir dans la longueur et embêter le plus longtemps possible les cadors du championnat italien. Assez pour enfin surpasser l’AS Roma dans les cœurs des habitants de la capitale ? La Lazio revient de loin, mais devra encore soigner son image pour apparaître comme une alternative crédible.
Des ultras trop gênants
Sportivement parlant, l’équipe de Simone Inzaghi surfe sur ses victoires successives. Pourtant dans les tribunes, l’ambiance est bien moins chaleureuse. Rédhibitoire pour un club qui se veut devenir porte-étendard de la capitale italienne ? Malgré des sanctions prises en interne, les dérives restent encore importantes lors des rencontres. Le 24 avril 2019, des supporters romains ont brandi une banderole où l’on pouvait lire « Honneur à Mussolini », suivi d’insultes racistes envers les joueurs sur la pelouse. Des comportements qui ont tendance à se répéter au Stade Olympique de Rome. Malgré la publication successive de communiqués, le club n’est pas encore sain. La très grande majorité des supporters de la Lazio poussent leur équipe pendant 90 minutes. Seule une frange de ceux-ci accapare l’attention par leurs actes délictueux. Parmi eux, le groupe « Irriducibili », principal groupe ultra du club. Hors-la-loi dans les stades, certains spectateurs usent de la violence lors des déplacements. En Europa League, la confrontation face à Rennes lors de la phase de poule suscitait des craintes. La cause ? Des affrontements entre supporters rivaux. La grandeur d’un club ne se mesure pas que sur le terrain. Le football dépasse d’ailleurs le cadre sportif. Les Laziales en sont parfaitement conscients. Malgré leur parcours incroyable, la saison du rival romain est loin d’être accablante. Solide quatrième, la Louve est un outsider crédible à la victoire en Europa League. Sa récente demi-finale de C1, perdue face à Liverpool, la place comme club majeur de la capitale. Le derby de dimanche s’annonce donc explosif. Derrière la rencontre sportive, c’est peut-être la promesse d’un changement d’air à Rome. Qui deviendra le nouveau roi dans la capitale ? Réponse ce week-end.
La Lazio Rome réalise ainsi une saison pleine qui la replace dans la course au titre. En cas de triomphe en fin de saison, Rome se découvrira, peut-être, un nouveau conquérant en ville.
Crédits photo à la Une: I, Andrew