Principal artisan de la très bonne saison rennaise, le coach français séduit énormément depuis sa prise de fonction en décembre 2018. La nouvelle figure du football français peut-elle incarner un renouveau vital du rôle de l’entraîneur dans notre pays ? Éléments de réponse.
Impact immédiat
Qui aurait-pu parier sur Julien Stéphan il y a encore un an ? Le tout jeune entraîneur rennais (39 ans) s’est retrouvé propulsé contre son gré sur les bancs de notre Ligue 1. Succédant à Sabri Lamouchi, Stéphan ne devait qu’assurer l’intérim. Son impact a été immédiat. Jamais Rennes n’a été aussi scruté que depuis sa prise de fonction officielle. Héroïque en Ligue Europa et victorieux de la Coupe de France au nez et à la barbe du Paris Saint-Germain, le club breton enfile son costume de club phare. Cette renaissance est due au coaching de Julien Stéphan, un homme méconnu, mais dont la science tactique se révèle être très pointue. Le fils de l’adjoint de Didier Deschamps en Équipe de France récidive cette saison en pointant à la troisième place du classement. Une performance hautement appréciée par la direction et son président, Olivier Létang. Les plus audacieux parlent déjà de qualification historique en Ligue des champions.
Du côté de la Bretagne, on temporise. Julien Stéphan a fait passer un cap à une équipe jamais réellement bien placée. Le Stade rennais est un club sain, aux infrastructures modernes et aux ambitions élevées. Aujourd’hui, le championnat de France doit compter sur un nouveau prétendant pour la qualification européenne en fin de saison. Au-delà des résultats positifs, Stéphan s’est distingué par la qualité de jeu proposée, du moins la saison dernière. Prestations collectives abouties, identité de jeu retrouvée, autant de vertus qui se perdent en Ligue 1. L’entraîneur breton initie un petit bouleversement en France de par son âge et sa notable combativité. Il semble représenter une alternative au manque d’ambition criant des coachs français, froids et figés sur leurs plans de jeu. Tactiquement, Julien Stéphan fait preuve de polyvalence, une qualité indéniable dans le football européen.
La méthode Stéphan
L’entraîneur rennais sait se remettre en question lorsque les résultats déçoivent. Proche de l’éviction en début de saison, sa légitimité a très rapidement repris le dessus par sa polyvalence. Julien Stéphan sait jouer avec les forces du moment. Son 4-4-2 à plat, bien que classique en apparence, s’appuie sur une assise défensive solide, symbolisée par la paire expérimentée Da Silva-Morel. Bien qu’en délicatesse offensivement, le Stade rennais sait marquer au meilleur des moments. Un sang-froid dans les moments-clés inculqué par le coach français. Leur dernier match est symptomatique. Sur la pelouse de Nîmes, Rennes s’est imposé sur la plus petite des marges (0 – 1), au terme d’un match insipide et pauvre techniquement. Pourtant cette saison, Rennes performe à défaut d’être séduisant dans le jeu.
La raison ? La méthode Stéphan. Cette saison, l’ambition du club breton est de finir dans le top 5 et se qualifier pour une troisième campagne européenne d’affilée. L’objectif est clair : prendre de l’avance sur ses principaux poursuivants (Lille, Lyon et Monaco). Julien Stéphan l’a compris, il faut engranger un maximum de points. Sa stratégie s’avère payante pour l’instant, au point de faire de lui un des meilleurs techniciens français du moment. Sa cote de popularité grimpe en flèche, son nom résonne au-delà de nos frontières. Capable d’évoluer dans des formations différentes, Stéphan sait gérer des egos. La gestion des cas Grenier ou Ben Arfa, le repositionnement de Benjamin Bourigeaud ou encore l’éclosion du jeune Eduardo Camavinga sont à mettre au crédit du technicien breton. La valeur marchande de son équipe bondit, les plus grands clubs s’intéressent aux prestations du Stade rennais.
Un avenir hors de France
Lorsqu’il évoque son fils, Guy Stéphan loue ses qualités humaines : « Julien travaille beaucoup parce qu’il est passionné. Après sept années consacrées au Stade rennais, il connaît parfaitement les rouages du club dans lequel il évolue. Il aime que ses joueurs prennent du plaisir dans un système bien défini. Il affectionne tout particulièrement le jeu collectif ». Cela lui permettra-t-il de rêver plus grand ? L’avenir de Stéphan ne s’écrira pas éternellement au Stade rennais. Les perspectives d’évolution sont grandes hors de France. L’entraîneur breton a le mérite de redonner ses lettres de noblesse au coaching français, trop souvent caricaturé. Frileux, sans idées nouvelles et inapte au changement, le technicien français a du mal à s’exporter. Les expériences de Claude Puel ou Rémi Garde tournent rapidement au vinaigre.
Le destin de Stéphan pourrait-il être différent ? Sans aucun doute. Le coach du Stade rennais manque encore d’expérience et d’épaisseur, mais peut légitimement revendiquer une place dans un club huppé d’Europe. Sa marge de progression reste encore floue, mais son ambition est affichée. Il sait faire jouer une équipe avec les moyens dont il dispose. Il ne doit cependant pas brûler les étapes et s’inscrire dans la durée avec Rennes. Premier entraîneur à remporter un trophée avec le club breton depuis 1971, Stéphan a d’ores et déjà marqué l’histoire de son équipe. Peut-il récidiver ? Difficile à dire, mais une présence continue dans les hauteurs du classement ne feront que consolider son statut de technicien de talent. Pour l’instant, aucune offre officielle de la part de clubs étrangers n’est à l’étude, mais cela ne devrait tarder. À Julien Stéphan de faire les bons choix. La Ligue 1 lui permettra de s’aguerrir et de marquer le championnat de son empreinte. L’avenir lui appartient. Julien Stéphan apporte un vent de fraîcheur sur le championnat de France. Son style fera certainement de lui l’un des entraîneurs qui compteront dans le futur.
Crédits photo à la Une: Capture d’écran YouTube – L’Equipe