En mai 2019 aura lieu en Finlande le championnat d’Europe de foot-fauteuil. À cinq mois de la compétition, Au Stade s’est donc intéressé à ce sport. Dossier.
« Le football se joue avec la tête, les pieds ne sont que des outils ». Les propos du footballeur italien Andrea Pirlo ont sans doute un écho particulier en foot-fauteuil. Inventé en 1989, cette discipline sportive réunit les adeptes du ballon rond utilisant quotidiennement un fauteuil électrique et/ou n’ayant pas la possibilité de pratiquer un autre sport collectif. En foot-fauteuil, les pieds s’avèrent donc inutiles. Le pare-choc du fauteuil les remplace. D’après Le Point, la France comptabilisait en 2018 environ 900 licenciés répartis en soixante-dix équipes. Pourtant, cette alternative au football traditionnel reste méconnue auprès du grand public. La rédaction d’ Au Stade a donc décidé de mettre en lumière cette discipline sportive.
Un règlement adapté
Si le foot-fauteuil s’inspire du football, il possède toutefois son propre règlement. Le foot-fauteuil se joue généralement sur un terrain de basketball à l’intérieur des gymnases. En comparaison avec le football, la surface du terrain est donc réduite. Elle ne doit pas excéder 30 mètres de long sur 18 mètres de large. De ce fait, les joueurs sont moins nombreux. En effet, chaque équipe en foot-fauteuil ne se compose que de quatre joueurs dont un gardien. Bien qu’il soit plus volumineux (33 centimètres de diamètre), le ballon ne doit cependant pas s’élever à plus de cinquante centimètres du sol. La vitesse est également réglementée. Elle est de 10 kilomètres/heure en marche avant afin de limiter les chocs. La vitesse est toutefois doublée en marche arrière pour effectuer des dégagements rapides et efficaces.
En termes de différences de jeu avec le football, le foot-fauteuil n’autorise que le un contre un. Deux défenseurs ne peuvent donc pas contrer un attaquant. Les trois joueurs de champ d’une même équipe ne peuvent également pas défendre dans leur surface de réparation. Malgré ces différences, l’essence du jeu est toutefois préservée. Ainsi, tout comme au football, l’équipe vainqueur en fin de rencontre est celle qui a inscrit le plus de buts.
Une volonté de développer le foot-fauteuil en France
Le foot-fauteuil est en plein essor. Pour preuve, ce sport possède depuis 2007 sa propre coupe du monde. Mais au-delà de l’aspect purement sportif, le foot-fauteuil véhicule un nouveau regard sur le handicap. Pour Handicap International, il s’agit même d’un « formidable outils de réadaptation et d’insertion sociale ». Avec environ 9,6 millions de personnes handicapées (données de l’INSEE en 2007), la France s’y intéresse. En proposant en 2005 aux pays pratiquant le foot-fauteuil de se réunir à Paris pour réfléchir à l’harmonisation du règlement sportif, la France a contribué à créer la fédération dédiée à ce sport. C’est la FIPFA (Fédération Internationale de Powerchair Football Association) dont le siège est à Paris à la Fédération Française Handisport (FFH). Le choix de ce lieu n’est pas anodin. Le rôle de la FFH, décrit dans son site internet, est effectivement « d’organiser, de promouvoir et de développer les activités physiques et sportives de compétition ou de loisirs pour les personnes en situation de handicap ».
La création de la FIPFA en France obéit à une politique nationale volontariste prônant l’intégration des individus handicapés. La loi 2005-102 du 11 février 2005 l’illustre parfaitement. Elle milite effectivement pour « l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées ». Le texte demande ainsi la mise aux normes de l’ensemble des logements, transports et services publics pour être accessibles aux handicapés. Cette loi a sans aucun doute bénéficié au foot-fauteuil en exigeant la mise aux normes des infrastructures sportives françaises.
Des obstacles à surmonter
Tout n’est pas idyllique dans le foot-fauteuil. Si l’accès des personnes handicapées aux infrastructures sportives s’est amélioré depuis 2005, les clubs de foot-fauteuil ne se sont pas pour autant généralisés à l’ensemble des gymnases français. Il faut dire que les équipements sont coûteux. D’après Handicap.fr, le prix moyen d’un fauteuil est d’environ 8000 euros. Mais, même lorsqu’un club de foot-fauteuil est présent, les horaires ne sont pas nécessairement adaptés pour les personnes handicapées. C’est en tout cas ce que déplore Emmanuelle, créatrice du site et de la page Facebook Handi à vie. Interrogée par Au Stade, elle nous confie que les horaires tardifs (20 heures- 22 heures) de son club l’empêchent de s’inscrire aux séances de foot-fauteuil. À cette heure-ci, la jeune femme n’a effectivement plus d’auxiliaire de vie pour l’accompagner. Ce n’est pourtant pas l’envie de pratiquer ce sport qui lui manque.
Par ailleurs, le foot-fauteuil manque de médiatisation. Pour preuve, peu de médias français se sont intéressés à la coupe du monde de foot-fauteuil en 2017. Pourtant, nos athlètes tricolores ont remporté la finale face aux États-Unis en Floride (2-4). Pour susciter de l’intérêt auprès du public, la Fédération Française Handisport permet désormais de suivre en direct les matchs nationaux sur sa chaîne Youtube intitulée FootFauteuil France TV. Emmanuelle, quant à elle, continue inlassablement à véhiculer une image positive de l’handicap en France via son site internet.
En conclusion, le foot-fauteuil permet aux personnes en situation de handicap d’assouvir leur passion pour le ballon rond. La politique française volontariste pour permettre l’intégration des personnes handicapées accélère sans doute le développement de ce sport en France. Cependant, des freins persistent. Le prix des équipements et le manque de médiatisation sont les exemples les plus criants. Pour être apprécié à sa juste valeur, le foot-fauteuil doit donc encore malheureusement fournir de nombreux efforts.
Crédits photo à la Une: Claude PERON